L’odeur de la peur monte désormais jusqu’aux ors de l’Élysée. Elle est âcre, tenace, et imprègne chaque déclaration publique d’un régime en phase terminale. Emmanuel Macron, cet accident de l’histoire, ce produit marketing périmé qui ne doit sa survie qu’à la complicité active d’un système médiatique sous perfusion, annonce vouloir ouvrir un « débat » sur la mise sous contrôle des réseaux sociaux.
L’intitulé seul est une tartufferie, une de plus dans un règne qui aura érigé le mensonge d’État et l’inversion accusatoire en modes de gouvernance.
Il ne s’agit pas de débattre. Il s’agit de légiférer. Il ne s’agit pas de protéger le citoyen. Il s’agit de museler l’opposant. Il ne s’agit pas de sauvegarder la démocratie. Il s’agit de sauver le soldat Macron et la caste qu’il représente.
Soyons clairs, pour couper court aux procès d’intention que les chiens de garde du système ne manqueront pas de nous intenter. Oui, les réseaux sociaux sont devenus, en partie, un cloaque numérique. Oui, l’anonymat sert de paravent aux lâches, aux psychopathes et aux opérations d’influence étrangères. Oui, les algorithmes, conçus par des ingénieurs californiens déconnectés de toute morale civique, favorisent la prime à l’outrance, enferment l’individu dans des bulles de confirmation stériles et récompensent les comportements relevant de la « triade sombre » – narcissisme, machiavélisme, psychopathie.
Ces constats sont lucides. Ils sont partagés par nombre de « gens sérieux », comme on dit dans les dîners en ville – ces gens qui confondent la modération de ton avec la pertinence du propos, et qui sont secrètement ravis de voir la plèbe numérique remise à sa place. Mais lorsque Emmanuel Macron s’empare de ce sujet, la lucidité devient supercherie. Car l’intention qui anime le Monarque n’a rien à voir avec la quête d’un espace public apaisé. Elle est purement, simplement, viscéralement politicienne et liberticide.
Le timing de la fébrilité
Il faut s’interroger sur le calendrier. Pourquoi maintenant ? Pourquoi cette soudaine urgence à réguler l’Internet, alors que le pays s’effondre sous le poids d’une dette abyssale, d’une insécurité endémique et d’une désindustrialisation chronique ? La réponse tient en un mot : la peur.
Emmanuel Macron est un président aux abois. Son camp politique est un champ de ruines. Sa légitimité est inexistante. Il fait l’objet d’un rejet massif, viscéral, presque épidermique, de la part d’une majorité écrasante de Français. Ce rejet, longtemps occulté par des médias complaisants, explose désormais au grand jour sur X, Telegram, Facebook et TikTok.
Les échéances électorales approchent, et les sondages sont catastrophiques. La perspective d’une dissolution, agitée comme une menace fantoche, pourrait se transformer en suicide politique collectif pour la Macronie. Dans ce contexte de panique fin de règne, contrôler l’information devient une obsession vitale. Puisqu’il est impossible de convaincre les Français du bien-fondé d’une politique désastreuse, il faut les empêcher de prendre connaissance des arguments contraires. Puisqu’il est impossible de restaurer une image personnelle durablement ternie par l’arrogance et le mépris de classe, il faut censurer ceux qui la critiquent.
Ce « débat » n’est rien d’autre qu’une opération de survie politique. C’est l’instrumentalisation éhontée des moyens de l’État à des fins personnelles. Sous couvert d’« intérêt général » – ce concept fourre-tout qui justifie toutes les dérives autoritaires –, Macron prépare le terrain pour une censure politique massive, destinée à truquer le jeu électoral et à éviter une déroute annoncée.
L’hypocrisie des Croisés de la vertu numérique
Il est fascinant d’observer la soudaine poussée de vertu chez ceux qui, hier encore, voyaient dans les réseaux sociaux l’outil miracle de la démocratie directe. Rappelons-nous 2017. Rappelons-nous comment la « start-up nation » macroniste a utilisé, avec une efficacité redoutable et des moyens financiers colossaux, la viralité de ces plateformes pour construire son storytelling. À cette époque, les algorithmes étaient formidables, ils étaient le signe de la modernité en marche.
Qu’est-ce qui a changé ? Ce n’est pas la nature des réseaux sociaux. C’est la nature du discours qui y circule. Le vent a tourné. Le storytelling s’est fracassé sur le mur du réel.
Ce que Macron et son oligarchie ne supportent plus, ce n’est pas la haine en ligne. C’est la haine dont ils sont l’objet. Ce n’est pas la désinformation. C’est l’information qui échappe à leur contrôle.
Les réseaux sociaux sont le cauchemar de la Macronie car ils sont le dernier espace où la parole officielle est constamment mise en échec. Ils sont le lieu où le « pays réel » vient contredire le « pays légal ». Lorsque le Ministre de l’Intérieur se félicite d’une baisse de la délinquance, ce sont des milliers de vidéos, de témoignages, de faits bruts qui viennent instantanément démontrer le mensonge d’État.
Le traumatisme originel, celui dont le pouvoir ne s’est jamais remis, ce fut les Gilets Jaunes. Ce mouvement, né spontanément sur Facebook, en dehors de tout cadre syndical ou politique traditionnel, a révélé l’existence d’une France périphérique, invisible, méprisée, qui soudain prenait la parole et organisait sa colère. Le pouvoir n’a jamais pardonné cette intrusion. La répression fut féroce : physique d’abord (les mutilations resteront une tache indélébile sur ce régime), judiciaire ensuite, et maintenant, numérique.
Le Ministère de la Vérité 2.0
Le projet est clair : instaurer un Ministère de la Vérité numérique. Le prétexte est tout trouvé : la lutte contre la « désinformation » et le « discours de haine ». Mais qui définit ce qu’est la désinformation ? Qui trace la frontière entre la critique virulente et le discours de haine ?
La réponse est terrifiante : le pouvoir lui-même, à travers des agences administratives opaques (comme l’ARCOM), des commissions Théodule peuplées d’obligés du régime, et une armée de « fact-checkers » autoproclamés. Ces derniers, financés par les médias dominants et souvent par l’État lui-même, agissent comme les nouveaux commissaires politiques, distribuant les brevets de respectabilité et excommuniant les hérétiques.
Lorsque le pouvoir s’arroge le droit de dire le Vrai et le Juste, la démocratie meurt. Nous y sommes. Nous l’avons vu lors de la crise sanitaire, où toute critique de la gestion gouvernementale était assimilée à du complotisme et bannie des plateformes. Ce que Macron veut, c’est pérenniser cet état d’exception informationnel.
L’Anonymat, bouclier des libertés
Au cœur de ce projet liberticide se trouve l’attaque contre le pseudonymat. On nous explique, la main sur le cœur, que c’est l’anonymat qui permet les dérives. Que si chacun devait s’exprimer à visage découvert, le débat serait plus apaisé. Quelle farce sinistre !
Dans une société où l’ostracisation professionnelle et sociale pour délit d’opinion est devenue la norme, l’anonymat n’est pas le masque de la lâcheté, c’est le bouclier de la liberté. C’est la garantie pour le lanceur d’alerte, pour le fonctionnaire écœuré par les dérives de son administration, pour le salarié craignant les foudres de sa direction, de pouvoir s’exprimer sans risquer sa survie matérielle.
Supprimer l’anonymat, c’est livrer les derniers résistants à la vindicte du pouvoir. C’est permettre l’identification systématique de toute voix critique. Le but ultime est clair : l’instauration d’une identité numérique obligatoire, prélude inévitable au crédit social à la chinoise. L’effet immédiat ne sera pas la fin de la haine, mais le début de l’autocensure généralisée. La peur du gendarme numérique refroidira les ardeurs des plus critiques, laissant le champ libre à la propagande d’État.
La tentation totalitaire d’un régime moribond
Ce projet révèle la nature profondément technocratique et anti-démocratique du macronisme. Pour cette élite mondialisée, financiarisée, le peuple est un problème. Une masse informe, irrationnelle, dangereuse, qu’il faut « éduquer », « guider » et, si nécessaire, réprimer.
Ce que Macron veut tuer, c’est la possibilité même d’une contestation organisée en dehors des structures qu’il contrôle. Il veut désarmer les citoyens avant qu’ils ne prennent la Bastille élyséenne.

Face à cette offensive liberticide d’une ampleur inédite, la passivité serait une faute morale. Le « débat » promis par Macron n’est qu’un écran de fumée destiné à donner une apparence de concertation à une décision déjà prise. L’objectif est clair : instaurer une censure d’État pour protéger un régime aux abois.
Il faut refuser ce piège. Il faut dénoncer sans relâche la manipulation qui consiste à utiliser des problèmes réels pour imposer des solutions totalitaires. Il faut rappeler que la liberté d’expression n’est pas un luxe que l’on peut moduler en fonction des circonstances politiques, mais le socle même de toute société démocratique.
Le projet de Macron n’est pas une tentative de civilisation du numérique. C’est une déclaration de guerre à la liberté d’expression. C’est l’aveu d’un pouvoir qui, ne pouvant plus gouverner par l’adhésion, choisit de gouverner par la peur et la contrainte. C’est le réflexe pathétique d’un tyranneau qui, sentant le sol se dérober sous ses pieds, tente de bâillonner ceux qui crient sa chute.
Le roi est nu, et il veut nous interdire de le dire. C’est précisément parce qu’il est nu qu’il faut le crier plus fort que jamais. L’heure n’est plus au débat. Elle est à la résistance. Contre la censure qui vient, et contre un pouvoir qui n’a plus d’autre projet que sa propre survie.
