
L’Édito de Roland Lombardi, directeur de la rédaction du Diplomate média
Fantasmes numériques, République résiliente et vieilles leçons de l’Histoire
Ces derniers jours, une vidéo générée par l’IA a brièvement enflammé les réseaux sociaux (plus de 12 millions de vues !). Une fausse journaliste, au ton grave et faussement solennel, annonçait la chute d’Emmanuel Macron et l’instauration d’un pouvoir militaire à Paris. Bien entendu, rien de réel. Un montage numérique fabriqué depuis l’étranger par un adolescent en quête de notoriété, rapidement démonté… mais suffisamment crédible pour semer le doute, au point que certains chefs d’État africains ont cru nécessaire d’appeler l’Élysée pour vérifier si la France n’avait pas, discrètement, basculé dans la nuit. Ne cherchez plus la vidéo, elle a été supprimée sous la demande expresse de Paris…
L’épisode prête à sourire, mais il est révélateur. Il ne dit rien d’un coup d’État imminent, mais beaucoup de notre époque et de notre pays : une société inquiète et à cran, un espace informationnel en pleine révolution, et une défiance profonde envers les institutions. Dans ce contexte, la question mérite d’être posée sérieusement : derrière le fantasme numérique, un coup d’État en France est-il seulement envisageable aujourd’hui ?
La Ve République : Une mécanique forgée contre les ruptures
Vieille terre de révolutions, de guerres civiles et de coups de force, la France a rarement été un État fragile. Elle ne l’a jamais été vraiment en fait. La Ve République est née d’une crise grave, en 1958, et elle a été conçue précisément pour éviter ce que les régimes précédents n’avaient pas su empêcher : l’impuissance, l’instabilité et les aventures.
Exécutif fort, présidentialisme assumé, centralisation du commandement militaire, contrôle civil étroit des forces armées : tout, dans l’architecture institutionnelle française, vise à verrouiller le système. Par le passé déjà, La République française, même sous ses formes et constitutions précédentes, était considérée comme, pour reprendre une formule souvent attribuée à Charles Maurras, « un régime qui gouverne mal mais qui se défend très bien », aussi bien contre les révolutions que contre les coups d’État. Elle l’a prouvé face à la Commune, face aux Ligues, à La Cagoule, puis sous la Ve, face aux putschistes d’Alger, face à l’OAS, face à Mai 68, et plus récemment face aux Gilets jaunes ou aux crises sociales à répétition.
Cela ne veut pas dire qu’elle est aimée. Mais, c’est certain, elle est résistante.
Une République rompue aux coups de force
On l’a dit, la France n’ignore pas les coups d’État. Elle en a même une certaine expérience.
Certains ont réussi. Bonaparte en 1799, chef-d’œuvre de cynisme politique. Napoléon III en 1851, légitimé ensuite par le suffrage universel. De Gaulle en 1958, dont le retour au pouvoir, sous la pression de l’armée d’Algérie et du chaos institutionnel, a conduit certains comme François Mitterrand à parler d’un « coup d’État permanent ».
D’autres ont échoué, et ils sont plus nombreux. Boulanger, qui n’osa jamais franchir le pas. Le 6 février 1934, grande peur mais petit résultat. La Cagoule, conspiration sans peuple. Le putsch des généraux de 1961, mené par des officiers d’élite aguerris pourtant à la guerre révolutionnaire par l’Indochine et l’Algérie. L’OAS enfin, capable d’attentats spectaculaires, mais incapable de renverser l’État et de supprimer de Gaulle (5 attentats clairement établis, et jusqu’à 7 tentatives si l’on inclut les projets opérationnels avancés).
Pourquoi ces échecs ? Souvent la providence mais surtout aussi parce que ces hommes étaient d’excellents soldats, pas des révolutionnaires. Ils n’étaient pas prêts à aller jusqu’au bout de la logique de la violence politique totale (hormis sur la personne de De Gaulle), celle que Lénine assumait froidement. Or, l’Histoire est cruelle : les demi-mesures n’y survivent pas et comme le rappelait Mao : « La révolution n’est pas un dîner de gala » !
Jean-Jacques Susini, numéro deux et dernier chef de l’OAS, jeune idéologue d’extrême-droite de l’organisation à l’époque mais grand admirateur de Lénine, l’avait compris et se sentait souvent bien seul face à des militaires héroïques et compétents mais résolument attachés à un code de l’honneur qui n’avait aucunement sa place dans ce genre de combat.
Franco aussi, à qui l’on prête un jour cette phrase terrible : « Si j’avais eu une OAS, il n’y aurait jamais eu de guerre civile en Espagne. »
Et Serrano Súñer, beau-frère du Caudillo, fut encore plus brutal en recevant Susini à Madrid en 1961, après l’échec du putsch d’Alger : « Vous ne réussirez pas, parce que vous ne fusillez pas assez. »
Tout est dit. Le reste n’est que littérature.
L’armée française : Légaliste, neutralisée, surveillée
Aujourd’hui, l’armée française est professionnelle, légaliste, et profondément dépolitisée. Depuis 1961, toute tentation putschiste a été non seulement réprimée, mais culturellement éradiquée.
Un détail souvent oublié est pourtant essentiel : les officiers ne restent en principe pas plus de deux ans dans un même régiment, une affectation ou sur un même territoire. Cette règle ancienne vise précisément à éviter qu’ils ne s’enracinent localement, qu’ils ne fassent corps avec une population qui pourrait potentiellement s’énerver… Une armée qui s’installe est une armée qui peut, un jour, se retourner. L’État français le sait depuis longtemps.
Ajoutez à cela une surveillance étroite par les services de renseignement, et l’idée d’un complot militaire organisé relève plus du fantasme que de l’analyse sérieuse. Franchir le Rubicon, oui… mais pour aller pêcher à la ligne, comme disait l’autre. La formule résume assez bien l’état d’esprit ambiant.
La gendarmerie nationale : Une véritable garde prétorienne ?
Dans toute analyse sérieuse de la stabilité étatique française, la gendarmerie nationale est trop souvent sous-estimée. C’est une erreur majeure.
Avec un effectif total de 98 155 personnels militaires (officiers, sous-officiers et volontaires) et civils (fonctionnaires et ouvriers d’État), cette véritable force militaire (la mieux armée et la mieux payées) à missions de police, est déployée sur l’ensemble du territoire, notamment dans la France rurale et périurbaine. La gendarmerie constitue ainsi une véritable garde prétorienne républicaine, quasiment unique dans le monde démocratique.
Elle assure la continuité de l’État là où la police n’est pas toujours présente, sécurise les institutions, maîtrise l’ordre public sans militarisation ouverte, et verrouille le territoire contre toute tentative de soulèvement localisé. Aucun coup de force sérieux ne pourrait l’ignorer. Et aucun ne pourrait la neutraliser sans basculer dans une violence extrême, politiquement suicidaire.
À partir du putsch des généraux et la création de l’OAS en 1961 évoqué plus haut, et face à une armée et une police, de plus en plus noyautées, à Alger comme en métropole, par des sympathisants de l’Algérie française révoltés par sa « trahison » et l’abandon de départements français, de Gaulle, en fin stratège, va s’appuyer, pour préserver une République sur le point de vaciller, sur sa propre et personnelle garde prétorienne, SAC et barbouzes gaullistes, mais aussi…sur la gendarmerie ! Bien lui en a pris !
Pas étonnant aussi, que par un décret du 5 janvier 1983 (sous Mitterrand), le Groupe de sécurité de la présidence de la République (GSPR), issu de la gendarmerie, fut créé. Il a vocation à assurer la protection du chef de l’État et de sa famille, tant dans l’exercice de ses fonctions officielles que dans le cadre privé. Si son format et sa composition ont varié d’un chef de l’État à l’autre, l’unité, est toutefois aujourd’hui mixte, se compose de 78 personnels, à parité gendarmerie-police : 39 militaires provenant tous du GIGN et 39 fonctionnaires issus du Service de la protection de la police (SDLP), placé sous un commandement tournant.
Les 39 gendarmes qui assurent la sécurité du Président de la République (P.R.), sont presque tous issus du GIGN, là encore la plus ancienne des forces spéciales françaises de l’époque moderne et l’une des meilleures du monde.
Au moment de l’affaire Benalla, Emmanuel Macron, avait déclaré : « qu’ils viennent me chercher ! ». Des Gilets jaunes s’en étaient souvenus et, avant l’acte IV du mouvement et la manifestation du samedi 8 décembre 2018, avaient assuré vouloir marcher sur le palais présidentiel. Si le président français était bien resté sur place, un hélicoptère était prêt à l’exfiltrer pour l’emmener loin de l’agitation parisienne si la journée tournait mal. Et l’Élysée s’était mis en mode château fort et qui assurait sa défense ? Principalement la gendarmerie avec cinq cents gardes républicains, la centaine de policiers et gendarmes du GSPR mais aussi le GIGN qui avaient été mobilisés. Autour, un no man’s land avait été sécurité comprenant la Concorde, l’Élysée ou l’Assemblée nationale, sans compter les 8000 membres des forces de l’ordre postés à Paris, et pour les sites les plus sensibles et stratégiques, les gardes mobiles et les blindés de la gendarmerie…
La France est indéniablement traversée par une crise profonde. Colère sociale, défiance politique, tensions identitaires. Le mouvement actuel des agriculteurs en est une illustration supplémentaire : blocages, exaspération, sentiment d’abandon. Mais là encore, il s’agit de protestation, pas d’insurrection.
Les Gilets jaunes hier, les agriculteurs aujourd’hui, les émeutes urbaines de 2005 ou de 2023 : tout cela exprime un rejet, une colère, parfois une rage. Mais pas un projet de prise de pouvoir. La rue proteste. Elle ne gouverne pas.
Et pourtant, l’histoire nous apprend que parfois des choses impensables et impossibles finissent par se réaliser à la surprise et à la stupeur générale. Encore faut-il des conditions extrêmes.
Un coup de force aujourd’hui ? Politiquement suicidaire
Même contre Emmanuel Macron, sans doute l’un des présidents les plus impopulaires et les plus détestés de la Ve République, un coup de force violent serait contre-productif.
Malgré une crise économique qui s’aggrave de jour en jour, les Français sont encore de bons consommateurs, aux caddies pleins et aux commandes Amazon bien livrées. A l’instant T, ils ne sont seulement inquiets et préoccupés que par leurs derniers achats de Noël et espèrent plus que tout qu’il n’y ait pas de grèves dans les transports ou des barrages de paysans pour les fêtes de fin d’année ! Une société individualiste, consumériste, une société aseptisée, de confort, d’indignation numérique et de lâcheté tranquille. Pas une société encore prête à l’aventure révolutionnaire.
Les plus en colère, certes une majorité aujourd’hui, observent encore une discipline toute démocratique. Ils attendent passifs et résignés les élections et une alternative heureuse en 2027 et c’est très bien. Sauf qu’à mon humble avis, face à une opposition profondément divisée et apathique, qui ne semble toujours ni désireuse ni capable d’assumer les lourdes responsabilités du pouvoir, le risque est de voir, en 2027, les scénarios de 2017 et de 2022 se reproduire, avec les mêmes désillusions, la même déception et le même désappointement. Beaucoup risque alors de déchanter, encore une fois.
Par ailleurs, un coup d’État sérieux supposerait une forte incarnation, des officiers stratèges, dotés d’un véritable sens politique, prêts à assumer une violence révolutionnaire et extrême, à sacrifier carrière, honneur et avenir personnel voire leur vie en cas d’échec. Or, rien de tel n’existe aujourd’hui.
À la rigueur, il faudrait une crise d’une autre ampleur : des Gilets jaunes puissance dix, une population réellement désespérée, des attentats de masse type 7 octobre (scénario plus que probable et vrai sujet des renseignements comme l’a récemment rappelé fort justement Thibault de Montbrial), des émeutes des cités comme en 2005 ou 2023, mais cette fois sanglantes, armées, hors de contrôle – sans même que les caïds du narcotrafic n’y parviennent à mettre fin pour préserver leur business, comme ce fut le cas en 2023 ou encore l’apparition de groupes terroristes, à gauche comme à droite, du style Brigades rouges ou OAS…
Nous en sommes loin. Pour le moment…
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Le vrai danger : L’usure lente, pas le putsch
Le risque pour la France n’est pas un coup d’État militaire classique. Il est plus discret, plus banal, plus sournois : l’usure. Gouverner par l’exception, affaiblir et ignorer le Parlement, durcir et censurer sans convaincre, gérer sans projet, survivre sans vision.
Les États modernes ne tombent plus sous les chenilles des chars, mais sous le poids de la lassitude et de la défiance.
Comme je l’écrivais déjà dans une tribune en 2019, intitulée « La guerre de France aura-t-elle lieu ? », : « la situation actuelle me fait malheureusement penser à la France prérévolutionnaire, lorsque les petits courtisans du Roi creusaient chaque jour un peu plus le fossé qui les séparait du peuple… Selon l’adage, « le poisson pourrit toujours par la tête » ! Or, depuis Gustave Le Bon ou l’expérience de Milgram dans les années 1960, nous savons que le degré d’obéissance d’un individu ou d’une société devant une autorité, dépend de la légitimité de cette dernière. L’histoire des révolutions le prouve et tout bon manager le sait pertinemment : lorsqu’il n’y a plus de confiance et de respect envers cette même autorité, la cohésion du groupe ou d’une nation ne fonctionne plus et les choses peuvent alors tourner très mal… »
Ainsi, on l’a vu, ce n’est pas la force brute qui manque à l’État français, mais la légitimité perçue. Tant que celle-ci tient, le régime se défend. Lorsqu’elle s’effondre, même les systèmes les mieux verrouillés deviennent vulnérables.
En attendant, ces jours-ci, malgré les rumeurs de sanctions visant sept gendarmes ayant posé leur bouclier face aux agriculteurs, refusant d’intervenir lors de la mobilisation contre l’abattage d’un troupeau à cause de la dermatose nodulaire contagieuse – aussitôt démenties et qualifiées de fake news par le ministre de l’Intérieur – et le malaise bien réel exprimé dans les rangs, comme l’aurait confié récemment un capitaine de gendarmerie mobile au JDD (« On est tous dégoûtés ! On a le sentiment d’affronter une partie de nous-mêmes, des gens qui pourraient être des amis ou des cousins »), nous sommes encore très loin d’une sédition générale et d’une rupture franche de l’appareil d’État…
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La fameuse vidéo IA n’est donc qu’un symptôme. Le fantasme du coup d’État rassure presque, parce qu’il est simple, brutal, spectaculaire. La réalité est plus lente et plus cruelle.
Oui, un coup d’État est théoriquement possible. Comme tout accident historique.
Mais pour l’heure, il est hautement improbable.
De même, la grande révolution conservatrice et des territoires périphériques, appuyée par la révolution numérique et informationnelle des nouveaux médias alternatifs, contre les castes dirigeantes et mondialistes, chiens de garde paniqués et minoritaires d’un Système à bout de souffle, traverse l’Occident. Elle est en train de réussir avec Trump aux États-Unis, pays phare de ce même Occident. Dans certains pays européens aussi. En France, il ne lui manque qu’une vraie incarnation.
Or une révolution, même la plus furieuse, sans incarnation n’est qu’une émeute ou des troubles prolongés ; l’Histoire ne suit jamais les foules, elle suit les hommes.
Bref, si la République française vacille un jour, ce ne sera pas dans un fracas de bottes, mais peut-être dans un long soupir collectif. Comme souvent, les régimes ne meurent pas assassinés : ils se laissent mourir.
Et c’est précisément pour cela que les faux putschs numériques fascinent davantage que les vrais rapports de force.

Roland Lombardi est docteur en Histoire, géopolitologue, spécialiste du Moyen-Orient et des questions de sécurité et de défense. Fondateur et directeur de la publication du Diplomate.
Il est chargé de cours au DEMO – Département des Études du Moyen-Orient – d’Aix Marseille Université et enseigne la géopolitique à Excelia Business School de La Rochelle.
Il est régulièrement sollicité par les médias du monde arabe. Il est également chroniqueur international pour Al Ain. Il est l’auteur de nombreux articles académiques de référence notamment : « Israël et la nouvelle donne géopolitique au Moyen-Orient : quelles nouvelles menaces et quelles perspectives ? » in Enjeux géostratégiques au Moyen-Orient, Études Internationales, HEI – Université de Laval (Canada), VOLUME XLVII, Nos 2-3, Avril 2017, « Crise du Qatar : et si les véritables raisons étaient ailleurs ? », Les Cahiers de l’Orient, vol. 128, no. 4, 2017, « L’Égypte de Sissi : recul ou reconquête régionale ? » (p.158), in La Méditerranée stratégique – Laboratoire de la mondialisation, Revue de la Défense Nationale, Été 2019, n°822 sous la direction de Pascal Ausseur et Pierre Razoux, « Ambitions égyptiennes et israéliennes en Méditerranée orientale », Revue Conflits, N° 31, janvier-février 2021 et « Les errances de la politique de la France en Libye », Confluences Méditerranée, vol. 118, no. 3, 2021, pp. 89-104. Il est l’auteur d’Israël au secours de l’Algérie française, l’État hébreu et la guerre d’Algérie : 1954-1962 (Éditions Prolégomènes, 2009, réédité en 2015, 146 p.). Co-auteur de La guerre d’Algérie revisitée. Nouvelles générations, nouveaux regards. Sous la direction d’Aïssa Kadri, Moula Bouaziz et Tramor Quemeneur, aux éditions Karthala, Février 2015, Gaz naturel, la nouvelle donne, Frédéric Encel (dir.), Paris, PUF, Février 2016, Grands reporters, au cœur des conflits, avec Emmanuel Razavi, Bold, 2021 et La géopolitique au défi de l’islamisme, Éric Denécé et Alexandre Del Valle (dir.), Ellipses, Février 2022. Il a dirigé, pour la revue Orients Stratégiques, l’ouvrage collectif : Le Golfe persique, Nœud gordien d’une zone en conflictualité permanente, aux éditions L’Harmattan, janvier 2020.
Ses derniers ouvrages : Les Trente Honteuses, la fin de l’influence française dans le monde arabo-musulman (VA Éditions, Janvier 2020) – Préface d’Alain Chouet, ancien chef du service de renseignement et de sécurité de la DGSE, Poutine d’Arabie (VA Éditions, 2020), Sommes-nous arrivés à la fin de l’histoire ? (VA Éditions, 2021), Abdel Fattah al-Sissi, le Bonaparte égyptien ? (VA Éditions, 2023).
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