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L’Empereur Xi et les nuages s’accumulant autour de l’Inde

27 février 2018

par Philippe Fabry

Il y a un mois, j’ai tenté de faire un point sur la situation entre la Chine et l’Inde, qui apparaît de plus en plus tendue au fil des mois.

Il m’apparaît nécessaire de faire aujourd’hui un récpitulatif de l’actualité récente, en quelques mots.

La première chose qui doit être notée, c’est qu’en un mois l’Inde vient de perdre deux alliés stratégiques au profit de la Chine : le Népal, précieux Etat-tampon de l’Himalaya, à la suite des élections législatives de novembre-décembre 2017 qui ont porté au gouvernement, en place depuis la mi-février, un parti marxiste-léniniste et surtout pro-chinois ; les Maldives, ensuite, théâtre dans les semaines passées d’un coup d’Etat sans que l’Inde n’ose intervenir, et où il semble que les Chinois sont déjà en train d’installer une base de sous-marins. Cela signifie qu’hormis le minuscule Bhoutan (lequel commence d’ailleurs à avoir des doutes sur la pertinence de son positionnement), l’Inde n’a plus guère d’amis sur ses frontières, mais seulement des alliés, à des degrés divers, de la Chine. L’encerclement du sous-continent est donc désormais complet.

La Chine, outre les installations qu’elles a multipliées sur le plateau du Doklam, prend également soin de renforcer considérablement sa capacité aérienne dans la région, en arguant d’une menace indienne, ce qui est tout de même culotté.

C’est dans ce contexte que nous avons appris, ces derniers jours et, doit-on le préciser, sans grande surprise, que le Comité central du Parti Communiste Chinois a décidé de lever l’interdiction constitutionnelle en vigueur depuis Deng Xiaoping d’exercer plus de deux mandats présidentiels. En d’autres termes, Xi Jinping est désormais dirigeant de la Chine à vie. Cela a évidemment un effet immédiat de renforcement de son pouvoir personnel, puisque désormais les ambitieux chercheront à lui plaire, plus qu’à attendre la fin de son mandat pour lui succéder. La concentration du pouvoir va donc s’accentuer, comme vraisemblablement celle de Poutine après l’élection du mois prochain.

Cela signifie que, désormais, la Chine a un dirigeant central aussi puissant que la Russie, à ceci près que le potentiel industriel et humain des deux pays est très différent. Et la concentration totale du pouvoir va rendre cette masse chinoise géostratégiquement instable, puisque désormais bien plus soumise au plan, et à la volonté d’un seul homme.

Tout ceci associé aux préparatifs chinois autour de l’Inde n’augure rien de bon pour cette dernière.