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Blitzkrieg contre l’état de Droit

15 juin 2020

« Sachent donc ceux qui l’ignorent, sachent les ennemis de Dieu et du genre humain, quelque nom qu’ils prennent, qu’entre le fort et le faible, entre le riche et le pauvre, entre le maître et le serviteur, c’est la liberté qui opprime et la loi qui affranchit. » Lacordaire.

Les racines mêmes de notre civilisation sont en train d’être arrachées par des gens qui sont objectivement ses ennemis, ce qui risque de nous amener à la fin de ce qu’il est convenu d’appeler l’état de Droit, et ce n’est pas une bonne nouvelle, telle est l’idée que je vais essayer de développer aujourd’hui.

L’état de Droit n’a rien à voir avec l’Etat, mais tout à voir avec son opposé, « l’état de Nature », où règne la loi du plus fort et où le pouvoir est dévolu à celui qui a la plus grosse massue.

Dans son grand livre, « le choc des civilisations et la refonte de l’ordre mondial », Huntington scindait le monde en neuf civilisations, chacune d’entre elles trouvant son origine dans une religion. L’une d’entre elles est, bien sûr, la civilisation occidentale fondée sur le Christianisme et dont la caractéristique principale est qu’elle est fondée sur le Droit, qui est l’outil qui nous protège contre celui qui a le monopole de la violence légale, c’est-à-dire l’Etat.  Il est généralement admis de décrire ces sociétés comme bénéficiant d’un état de Droit. Vivre dans un état de Droit, cela veut simplement dire que l’Etat lui-même et son personnel sont soumis au droit et non pas que l’Etat fait le droit.

Et c’est la solution que notre civilisation a choisie il y a bien longtemps, sous l’influence du fondateur de sa religion dominante, le Christ. Si on lit les Evangiles, on se rend compte de deux choses très rapidement :

  1. Dieu ne sait compter que jusqu’à UN. Il veut avoir avec chacun d’entre nous une relation personnelle.
  2. Ce qui implique que nous ayons notre libre arbitre et que nous soyons personnellement responsables de chacune de nos actions devant lui et seulement devant lui.

René Girard a compris que cette primauté de l’individu sur le groupe, les textes sacrés, la tradition, le pouvoir politique, la coutume était LA caractéristique essentielle de notre façon de penser commune (Voir : j’ai vu Satan tomber comme l’éclair ). Toutes les autres civilisations sont fondées sur la dominance du groupe sur l’individu et sur l’importance de toujours faire ce qui est nécessaire à la survie du groupe.

La nôtre est la seule qui affirme la prééminence de l’individu : ‘ »Tous les hommes naissent libres et égaux en droit », voilà le cœur de notre civilisation. Et c’est ce que disait déjà Saint Paul dans sa célèbre lettre aux Galates : Il n’y a plus ni juif ni grec, il n’y a plus ni esclave ni homme libre, il n’y a plus l’homme et la femme, car tous vous ne faites plus qu’un

Redescendons sur terre : cette réalité a grandement influencé la façon dont nous, les héritiers de Saint Paul, avons organisé les Institutions à qui nous avons donné le monopole de la violence légal, c’est-à-dire l’Etat.

Notre solution a été d’essayer de contrôler les tendances naturelles aux abus de pouvoir, aux meurtres, à la corruption, au népotisme… de ceux qui en ont pris le contrôle de la force, par le Droit et la Loi, qui sont supérieurs et antérieurs à l’Etat, ce qui en soit est déjà une différence extraordinaire avec les autres civilisations.

La légitimité de ceux qui sont au pouvoir trouve sa source dans chaque individu qui, se réunissant en Peuple, la délègue librement par des élections fréquentes, contradictoires et régulières à des élus dont les pouvoirs sont définis dans la Constitution. Et pour qu’une démocratie fonctionne, il faut que les perdants lors des élections acceptent leur défaite et félicitent les vainqueurs. Et donc, aux yeux de la Loi et du Droit, dans notre civilisation, il ne peut y avoir que des individus, car la Loi doit être la même pour tous, et ce n’est pas pour rien que les statues de la Justice sont toujours masquées.

La responsabilité ne peut donc être qu’individuelle. La Justice, de même, ne peut juger que des individus et jamais des groupes car il ne peut pas y avoir dans nos sociétés de responsabilité collective

Il peut y avoir des circonstances atténuantes à un crime ou à un délit, mais ces circonstances atténuantes doivent être examinées au cas par cas, et nul ne peut ni ne doit passer une Loi disant que comme les Auvergnats vivent dans un pays difficile, des exemptions spéciales leur seront accordées chaque fois qu’ils se révolteront et casseront tout autour d’eux.

Nos principes de fonctionnement sont donc :

  1. Chacun (sauf le dément) est responsable de ses actes.
  2. Chacun est innocent jusqu’à ce qu’il soit prouvé coupable par un jugement prononcé par une Cour indépendante – et non pas par la presse ou par la rue.
  3. La Justice est la même pour tous, y compris et surtout pour ceux qui exercent des fonctions régaliennes.
  4. Nul n’est censé ignorer la Loi.

Que ces principes ne soient pas toujours respectés, j’en suis bien conscient, mais ce n’est pas parce qu’une voiture a des ratés de temps en temps que vous la mettez à la casse. La perfection n’est pas de ce monde. Si quelque chose ne marche pas dans la Justice ou la Police, votre devoir de citoyen est de faire pression sur les élus, ou sur ces institutions elles-mêmes, de façon à ce que les choses s’améliorent.

Or à quoi assistons-nous depuis des lustres et qui semble s’accélérer brusquement ? A une tentative délibérée de rétablir la notion de responsabilité collective, ce qui permettra tous les génocides. Si je suis blanc, juif, noir ou musulman, je ne peux agir que comme tous les autres blancs, juifs, noirs ou musulmans…

En voici un exemple : Quand l’ancien Vice-Président américain, Jo Biden, déclare récemment à un journaliste noir qui l’interviewait : « Si vous ne votez pas pour moi à la prochaine élection présidentielle, c’est que vous n’êtes pas noir », et cela en prenant l’accent des Noirs du Sud des USA, il commet une série de crimes contre l’esprit même des institutions, et chacun sait que les crimes contre l’esprit sont les pires.

  • Il caractérise les préférences politiques supposées d’un homme par sa couleur de sa peau et donc il lui enlève sa liberté de vote, faute de quoi il ne sera plus admis dans son entourage et sera banni.
  • Il s’approprie les voix d’un groupe d’individus en fonction de leur couleur en déniant de ce fait leur libre arbitre à chacun d’entre eux.
  • Il implique que l’autre parti est raciste et n’aime pas les noirs, ce qui est honteux. Quand l’on sait que Lincoln était Républicain, que le Parti Démocrate a été créé par Jefferson, grand propriétaire en Virginie et donc possesseur d’esclaves, pour défendre les esclavagistes, et quand l’on connait l’histoire du Parti Démocrate dans le Sud, créateur du KKK, soutien massif de la ségrégation et des Lois Jim Crow abolissant les droits civiques des noirs après la défaite du Sud après la Guerre de sécession, on a honte pour lui.

En termes simples : Jo Biden veut ramener chaque homme noir à ce que lui, Jo Biden voudrait que chaque homme noir pense. Ce qui est une monstruosité à la fois morale et politique. Mais oublions Jo Biden qui a dépassé son seuil d’incompétence depuis des lustres, et qui est sans doute l’un des hommes politiques les plus corrompus aux USA, ce qui n’est pas peu dire, et venons-en à ce qui se passe un peu partout dans le monde à l’occasion du meurtre d’un homme noir par un policier blanc à Minneapolis.

Tout un chacun a été épouvanté par cet assassinat et déjà les coupables sont en prison et vont être jugés, ce qui est bien. Mais, les manifestations couvrent quelque chose de plus profond qu’il me faut expliquer ici. Depuis les années soixante, un corpus philosophique est sorti de France (Sartre, Derrida, Foucault, etc…) selon lequel l’Histoire s’explique par le combat perpétuel entre les oppresseurs et les opprimés.  Pour ces gens, le système de gouvernement et de justice que j’ai décrit plus haut a été monté de toutes pièces par les oppresseurs pour maintenir les opprimés sous leur contrôle. Et comme le mâle blanc est toujours un oppresseur et les opprimés toujours des femmes ou des gens de couleur, voilà qui nous amène au militantisme féministe et au racialisme actuels.  Et la conclusion de nos philosophes est que les opprimés ont raison de ne pas reconnaitre les institutions de la République puisqu’elles sont criminelles dans leur essence.

J’en veux pour preuve les raisons que les tenants de cette thèse donnent pour expliquer les troubles actuels :

  • La victime, étant noire, était automatiquement innocente.
  • Le meurtrier, étant à la fois blanc et policier, était automatiquement et doublement coupable. Comme le disait Sartre, un noir qui tue un blanc en Afrique libère deux personnes : lui-même et la victime qui cesse d’être un bourreau. Que voilà une fantastique justification des génocides à venir.

Ce qui veut dire que notre possibilité de choisir individuellement entre le bien et le mal, et donc notre libre arbitre, ne sont que des illusions et que le policier – ou le juge – ne sont que des robots agissant pour maintenir les privilèges de la classe des oppresseurs. Si je suis un homme blanc, je suis donc automatiquement coupable et je ne peux même pas m’en rendre compte, et si je suis noir, musulman ou femme, je suis automatiquement innocent puisque mes actions ne sont que le résultat de mon oppression par mon maitre blanc. Qui plus est, cette réalité a valeur de dogme et ne peut pas être discutée, et quiconque s’y essaie tombe sous les coups de ceux qui défendent le politiquement correct, puisque, d’après eux, dans le système actuel, seule la classe dominante peut exercer sa liberté de parole. Défendre le principe de la Liberté d’expression, c’est en fait admettre que l’on fait partie des dominants. Il est donc nécessaire d’empêcher les hommes blancs de s’exprimer par la censure, l’exclusion, et si nécessaire l’exécution. Et bien entendu, enseigner aux enfants et aux étudiants ce qu’ont dit Moise, Jésus, Platon, Camus, est très dangereux puisque ce sont tous des hommes blancs. Inutile d’expliquer que cette théorie est d’origine marxiste et que l’Histoire a tragiquement montré qu’elle était fausse et meurtrière, et c’est sans doute pour ne pas parler des résultats du marxisme que l’on a cessé d’enseigner l’Histoire dans nos écoles. Ce que nous voyons exploser aux USA, en France, en Grande-Bretagne et partout dans le monde est donc la manifestation d’une pensée profondément totalitaire. Et cette thèse aberrante a été mise dans la tête de nos enfants par ceux que nous avions chargé de les éduquer. Et, bien entendu, ces idées sont parties de France. Comme le disait un Pape, « une idée fausse ne devient dangereuse qu’une fois qu’elle est passée en France » Et, bien entendu encore, ces calembredaines ne sont que le résultat de la déchristianisation de nos sociétés. Comme le disait Chesterton, « Quand les gens cesseront de croire en Dieu, ce n’est pas qu’ils ne croiront plus à rien, c’est qu’ils croiront n’importe quoi ». Le XXe siècle a cruellement montré la réalité de cette prophétie et je crains que le XXIe siècle ne s’annonce guère mieux. Il s’agit-là d’un phénomène tres grave et qu’il serait fou de minimiser. Ce qui veut dire, cher lecteur, que nous avons du pain sur la planche, surtout quand j’entends le ministre de l’Intérieur dire « entre l’émotion et des considérations juridiques, je choisirai toujours l’émotion ». Il est grave pour un pays d’avoir à ce poste un partisan du lynchage. Le choix qui se profile  pour nous va être donc ou de se battre pour rester dans un état de Droit, ou de retourner à l’état de Nature où les plus faibles et les esprits libres seront massacrés.

Mon choix est fait, mais la lutte va être longue et difficile.