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Désarroi et fanfaronnade dans la  fracosphère du Grand-Est

Par Nicole Esterolle

 

Vous trouverez ci-joint copie d’un article de Madame Lequeux du Monde, au sujet du FRAC tricéphale Grand-Est , et qui en dit long sur l’irréversible état de  déliquescence de ces Fonds Régionaux.

Il faut dire que la région a été fortement marquée par la mythique Béatrice Josse,  « directrice historique du FRAC-Metz », qui a été la première a acheter une œuvre immatérielle de Tino Sehgal (pour lutter contre les dérives capitalistes du marché) ; la première a avoir mis du parfum gingembre et fleur d’oranger pour les peintures des murs de son FRAC ; la première à avoir installé ces petits macarons (voir image) sur le dallage de sa cour intérieure de FRAC ; la première à entrainer le visiteur  « à travers un parcours de sensations intérieures par le biais d’ondes et de vibrations rétiniennes et auditives « ; la première à avoir organisé un rodéo nocturne dans la ville (pour je ne sais plus quelles obscures raisons) ; la première à avoir rempli la cour du FRAC avec des bulles de savon ; la première à n’avoir acheté que des œuvres de femmes pour rétablir la parité ; la première à avoir fait faire  une impression numérique sur une bâche de 15 mètres sur trente ; la première à exposer la performeuse israélienne qui  a fait du hula-hoop en fil de fer barbelé toute nue sur la plage ; la première à avoir exposé les délicieuses friandise verbales de l’artiste émergent Eric Pougeau, telles que celle-ci : « Les enfants, nous allons vous sodomiser et vous crucifier. Vous êtes notre chair et notre sang. A plus tard Papa et Maman. » ;  la première avoir invité l’artiste internationale Teresa Margolles pour balancer, sur un homme nu, de l’eau qui avait servi à laver des corps dans une morgue de Mexico ; la première à avoir fait tant de choses subversives et « stupéfiantes »  au sens léasalaméen du terme…( je vous place en annexe un petit florilège des « lâchers de mots »  de Madame Josse)

Lourd héritage donc pour les trois nouvelles directrices,  qui doivent se grouper en trinôme »,  puisque les trois régions n’en font plus qu’une, pour affronter l’adversité environnante et l’indifférence coupable des divers publics.

Mais qu’à cela ne tienne, Etienne, la ferveur reste apparemment intacte pour faire rayonner  l’art contemporain « jusque dans les recoins les plus reculés du territoire ». On va même fêter ça avec un chef étoilé, un chanteur lyrique, un danseur connu , un compagnon d’Emmaüs …appelés en renfort.

On va même se faire de l’autocritique en récupérant le procès en centralisme jacobin fait aux FRAC…On va contester le « fonctionnement hiérarchique propre à  la transmission des savoirs dans l’ Education Nationale» …et reconnaître bientôt sans doute, dans la foulée, que 80% des œuvres de FRAC ne vaudront plus un kopek dans 20 ans, comme l’a pronostiqué l’ex-directeur de la Foire de Bâle…et reconnaître aussi , comme l’a fait l’ex -délégué aux Arts Plastiques, Olivier Kaeppelin , qu’ « on a eu tout faux ! «

 

Nos trois dames sont donc en recherche désespérée d’une identité, d’une énergie nouvelle et d’un modèle inédit de propulsion mentale pour leur vieux véhicule rafistolé à trois pattes. Elles veulent « assurer toujours la médiation auprès des auditeurs les plus novices » et «  faire entendre la voix des minorités sociales dans toutes leurs acceptions »…C’est donc du lourd dans l’archétypal bien – pensant, dans  l’élément de langage incantatoire et sociétalo-questionnatoire de rigueur.

On fanfaronne et on optimise à fond  en prenant à témoin les lecteurs du Monde ( pour qui cependant et selon elles   les FRAC , c’est késako ?),…On s’excite joyeusement autour d’un camion – musée tout coloré, pour mieux  cacher un gros désarroi de fond et une immense angoisse existentielle.

C’est plus tragique que comique .

Mais bon, la catastrophe artistique des FRAC n’ est qu’un minuscule aspect de

la catastrophe climatique globale que nous ont mis en oeuvre tous les abrutis , d’espèce artistique ou autres , de la terre

Voici quelques-uns des fameux « lâchers de mots »  de Madame Josse qui vont structurer la pensée tricéphale du FRAC Grand – Est :

-« J’aime repousser les limites de ce qu’est une collection d’art contemporain ».

– « L’art est pour moi quelque chose qui se pense avant d’être quelque chose qui se voit ».

– « Le paradoxe est instrument de clarté… Inventer des points de vue inversés, célébrer l’invisibilité, revendiquer la disparition ».

« J’ai conçu ce FRAC comme une plate-forme multidisciplinaire où des sujets sont abordés d’une perspective féministe et postcoloniale, et dont la collection est largement dévouée à l’invisible et  aux artistes féminines ».

– « J’ai aussi une vision un peu féministe de l’art, privilégiant le regard des artistes femmes par rapport à des situations politiques. Les hommes ont tendance à ériger des choses… L’érection… » 

-« Je tente bien modestement de déjouer les stéréotypes du masculin, phallique et démonstratif qu’on associe avec la «nécessaire» visibilité d’une collection. »

– « Il y a plein de femmes nues dans l’histoire de l’art. Mais quasiment pas d’hommes. Je voulais une bite dans la collection » (mots lâchés après l’achat d’une photo de Sophie Calle intitulée Le Divorce (1994) où on la voit, derrière son mari, lui tenir le sexe pendant que celui-ci urine).

-« le Frac en est venu tout naturellement à collectionner des propositions d’œuvres, le plus souvent immatérielles, plutôt que leur réalisation tangible ».

-« Pour fêter ses 10 ans d’indiscipline, le longitude 49° Nord-latitude 6° Est – Frac Lorraine vous invite, incite, invective à toutes les découvertes et expériences aux limites des disciplines et des genres. Face à l’urgence de repanser le monde, Gianni Pettena vient recouvrir les façades de milliers de franges en un geste éminemment emphatique et donne ainsi à voir le bruissement du vent et à écouter l’architecture onduler.

Un dixième anniversaire sous les augures de tous les possibles ; des rendez-vous décalés et trans-formés. »

« J’ai acquis une œuvre immatérielle de Tino Sehgal par goût de la performance autant que par nécessité, car cela m’amuse de souligner que le capitalisme est capable d’acheter tout et n’importe quoi ! »

-« Certaines artistes sont doublement invisibles : un, parce qu’elles sont femmes, deux, parce que leur travail est immatériel ».

-« J’essaie d’acheter des choses qui en principe ne rentrent pas dans les collections publiques traditionnelles. J’essaye de collectionner des idées plus que des objets »

-« C’est à partir de 2004 que j’ai donné un coup d’accélérateur à cette politique d’acquisition d’œuvres protocolaires et performatives. En particulier en proposant de commander à des artistes des interventions «permanentes invisibles».