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Une immense découverte de l’IDL 

 

Après le complexe d’Œdipe et le complexe d’Électre, découvrez le complexe d’Agnan

J’imagine que tous les lecteurs de l’IDL ont dû lire les « aventures du Petit Nicolas », de Sempé et Goscinny. Dans ce chef-d’œuvre immortel, le petit Nicolas va en classe pour y retrouver tous ses copains, Eudes, Clotaire, Alceste, Joachim, Geoffroy, unis par une détestation commune de l’ignoble Agnan, le chouchou de la maîtresse, qui non seulement connaît toutes les réponses, mais aussi s’empresse de dénoncer à la maîtresse celui qui n’a pas fait ses devoirs ou qui a oublié son cartable à la maison.

Nous avons tous eu Agnan dans notre classe, celui sur lequel on ne pouvait pas taper parce qu’il avait des lunettes et qu’en plus, il nous aurait dénoncé immédiatement. C’est Agnan qui rappelle à la maîtresse qu’elle avait promis de faire une interrogation écrite en sciences naturelles, c’est Agnan qui dit à la maîtresse ou Alceste a caché son sandwich, c’est Agnan qui ne sait pas qui joue dans l’équipe de France de football.

Bref, Agnan est le seul enfant qui n’aura jamais de génie parce qu’il est né vieux. Car les Agnan de ce monde ont une caractéristique commune : Ils savent tout et ne comprennent rien, et surtout pas qu’ils ne comprennent rien. Comme il n’aimait rien tant que les premiers de la classe, il y a bien longtemps, un super-Agnan, alias Michel Debré créa une école spéciale pour eux, l’école nationale des Agnans, ou ENA, ou ils peuvent se livrer à leur jeu préféré qui est de faire des croche-pieds et des coups tordus au gars qui est juste devant au classement pour le faire chuter de façon à passer devant lui.

Les tout meilleurs dans le lancement du couteau dans le dos à l’ENA sont sélectionnés dans un corps spécial appelé « Inspection générale des Finances » et c’est là que se retrouvent les meilleurs Agnan de chaque génération. Bien entendu, c’est dans ce vivier que les partis politiques ont été pécher les dirigeants de très grande qualité qui ont géré notre pays depuis un grand moment, avec le succès que chacun peut constater.

À tout seigneur tout honneur, commençons par Giscard, le libéral avancé dont le règne a été marqué par la plus forte hausse en 7 ans qu’ait connu le poids de l’État dans l’économie, ce dont la France ne s’est jamais remise.

Continuons par Juppé, dont Chirac disait qu’il « était le meilleur d’entre nous », ce qui compte tenu de la qualité fort moyenne du groupe qui entourait Chirac n’était pas très difficile.

Venons-en à Hollande, simple conseiller d’État parce qu’il avait laissé sa place à monsieur Sapin, son copain, sans doute parce que lui Hollande était complètement fâché avec les chiffres (ce que son quinquennat a amplement montré) alors que monsieur Sapin, lui, maîtrisait parfaitement la règle de trois.

Mais le plus remarquable d’entre eux a sans doute été monsieur Trichet qui non seulement a foutu la France en l’air, ce qui n’est pas à la portée de n’importe qui, mais qui a réussi aussi à détruire l’Europe en en mettant en faillite la moitié dans laquelle il faisait bon vivre, c’est-à-dire les pays du Sud.

Juste en dessous dans la classification officielle des élèves sortis de l’école nationale des Agnan, on trouve les conseillers d’État dont certains ont aussi exercé leurs talents remarquables dans la gestion de notre pays. Citons Fabius, Hollande, Balladur et quelques autres et la seule chose que l’on peut dire à leur décharge c’est qu’ils n’ont pas fait plus mal que ceux qui étaient sortis devant eux.

Certains inspecteurs des finances plus ambitieux que les autres et que l’idée de prendre des risques excitait au plus haut point (monsieur Perruchon saisi par la débauche en quelque sorte) passèrent dans le privé et en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire acculèrent à la faillite qui une grande banque qui le fleuron du capitalisme français, leader mondial dans la vente des eaux. Après ces exploits, et loin de se retrouver au chômage comme une grande partie des salariés des entreprises dans lesquelles ils avaient exercé leurs talents, ils retournent en général tout simplement dans leur corps d’origine en attendant une nouvelle nomination à un poste de prestige dans le secteur privé ou dans la haute administration, ce qui arrive toujours.

Bref, le drame de la France depuis 1974 est que tous ceux qui l’ont géré ont été des Agnan ou se sont entourés d’Agnan et que ces gens-là par construction mentale ne peuvent pas gérer notre pays et il me faut maintenant expliquer pourquoi.

Le principe de base des Agnan est qu’ils sont dans un jeu à somme nulle, puisque si l’un d’entre eux aide un de ses copains étudiant avec lui à l’ENA, celui-ci risque de passer devant lui et il se retrouvera administrateur civil a la Sécurité sociale, ce qui n’est pas aussi grisant que d’être à l’Inspection. Et donc la devise à l’ENA est : ce n’est pas tout de réussir, encore faut-il que les autres échouent. Et pour être certain qu’ils vont échouer, le plus simple est de semer un peu partout des chausse-trappes en espérant que celui qui est juste devant vous ne verra rien et se retrouvera au fond du trou.

Mais c’est quand ils sortent de l’école que les ennuis commencent, pour nous bien sûr et pas pour eux, puisqu’ils continuent à appliquer les principes qui leur ont si bien servi jusque-là.

Comme je n’ai cessé de l’écrire, ce dont souffre la France c’est une hypertrophie de son État.

Et donc tout être rationnel sait ce qu’il faut faire

  • Baisser les impôts
  • Réduire le nombre des fonctionnaires
  • Sortir l’État de là où il n’a pas à être
  • Le ramener aux endroits dont il n’aurait jamais dû sortir
  • Rendre les fonctionnaires inéligibles. Ils peuvent certes se présenter comme tout citoyen, mais devraient donner immédiatement leur démission de la fonction publique s’ils cherchent à se faire élire, pour ne jamais y retourner.
  • Interdire le cumul des retraites qui seraient payées par nos impôts…
  • Etc.

Mais pas nos Agnan et pour une raison très simple : faire cela c’est transférer du POUVOIR à Alceste, Nicolas, Eudes, Joachim ou Geoffroy qu’Agnan déteste par-dessus tout depuis sa plus petite enfance et qui en plus ont enfilé de très jolis gilets jaunes ce week-end.

Et pour Agnan, transférer du pouvoir à l’intérieur de la caste d’un service à un autre, c’est déjà extraordinairement difficile, mais cela devient complètement impossible quand il faut le transférer à ceux qu’il faut bien appeler des abrutis qui ont fait souffrir Agnan pendant toute son enfance.

  • Ils étaient tous copains entre eux, lui était tout seul.
  • Quand ils passaient devant les filles, elles pouffaient et rougissaient. Quand lui passait devant les filles, elles ne le remarquaient même pas.
  • Quand on tirait au sort les équipes pour jouer au ballon prisonnier, Eudes était toujours choisi en premier et lui toujours en dernier.
  • Personne ne l’invitait aux goûters d’anniversaire.
  • Le prof de Gym ne réussissait jamais à se souvenir de son nom

L’idée de transférer des ressources, du pouvoir, à ces beaufs qui lui ont fait une enfance misérable est totalement insupportable.

  • Déjà, le fait qu’Alceste ait monté une chaîne de charcuteries dans le monde entier, cotée en bourse et qu’il gagne cent fois plus que lui le met hors de lui.
  • Mais en plus, il doit assumer qu’Eudes a été champion de France de saut à la perche et que Nicolas a épousé la plus jolie fille du quartier, qu’il a quatre enfants et qu’il a l’air bêtement heureux en travaillant dans l’affaire financière de Geoffroy.

Soyons aussi clair que l’on puisse l’être : reformer la France, ce n’est rien d’autre qu’enlever leur monopole du pouvoir aux Agnan qui nous gouvernent depuis 1974 et la réalité est que dans le fond d’eux même, ils nous haïssent et que la seule satisfaction qu’ils aient dans la vie c’est bien entendu de continuer à gâcher la vie de ceux qui sans eux auraient une vie très agréable. Et donc d’attendre des Agnan qu’ils reforment notre pays, c’est ne rien connaître à leur mentalité. Ils savent que si leur pouvoir venait à diminuer ne serait-ce qu’un peu, immédiatement il disparaîtrait et ici la comparaison avec Gorbatchev s’impose.

Le pouvoir a été capturé par une technostructure. Une techno structure ne se reforme pas, elle disparaît. Il n’y aura donc pas de réforme possible tant qu’Agnan sera au pouvoir.

La réforme consistera donc à virer cette technostructure. Il va falloir sortir Agnan de la politique et le ramener dans l’administration dont il n’aurait jamais dû sortir.

Vaste programme, qui pourrait peut-être commencer à se mettre en place au moment des élections européennes.

Mais pour cela il faudrait que les Français cessent enfin de voter utile pour voter intelligent.