Publié le

DISSOLUTION DE L’ASSEMBLÉE : NOTRE DETTE ET NOS BANQUES ATTAQUÉES

par Philippe Béchade 10 juin 2024

S’agirait-il d’un scénario cousu de fil blanc ?

Un coup de tonnerre, ces élections européennes, avec un score fleuve de l’extrême droite en France, une seconde place en Allemagne ou aux Pays-Bas ?

La réalité est que la coalition socio-démocrate – mais surtout euro-fédéraliste et viscéralement anti-russe – qui soutient Ursula Von der Leyen est encore largement majoritaire au Parlement européen, malgré la vingtaine de sièges perdus par « Renew/Renaissance », qui a pris une raclée électorale en France (cette formation n’obtiendra qu’une quinzaine de sièges dans notre pays ; leurs alliés s’en sortent mieux en Allemagne et en Italie).

La présidente de la Commission européenne (candidate du PPE) a célébré sa victoire : « Ce soir, c’est confirmé : notre groupe politique est le plus fort. Nous avons gagné les élections européennes. »

Sur le papier, c’est incontestable : le PPE dispose d’une confortable avance de 400 sièges sur 720. Les droites « extrêmes » – passablement désunies, puisque l’AFD bascule dans les « non-inscrits » – auront du mal à atteindre ne serait-ce que 10% des sièges à Bruxelles (60 sièges pour le RN + « la Lega »).

La gauche « très à gauche » se retrouve laminée, les Verts sont en léger recul.

Conclusion : l’eurofédéralisme bénéficie toujours d’un boulevard.

Donc :

  • le rôle de la BCE ne sera en aucun cas remis en cause ;
  • pas plus que l’euro ;
  • ni les politiques libérales menées depuis 20 ans ;
  • ni les accords de libre-échange qui ruinent nos agriculteurs ;
  • ni la marche forcée vers la décarbonation (très inflationniste) ;
  • ni l’ouverture des frontières aux migrants ;
  • ni l’alignement sur les intérêts américains ;
  • et peut-être le plus important, le soutien sans faille et illimité à l’Ukraine va pouvoir être poursuivi sans la moindre opposition.

De quoi relativiser le « péril des extrêmes », qui menacent de « faire mourir l’Europe ».

Une peur instrumentalisée (sans grand succès) par Renew, et qui est factuellement très exagérée.

Mais Ursula Von der Leyen a promis d’être en première ligne pour la construction d’un « rempart contre les extrêmes », alors que le principal péril pour nos économies et nos populations, c’est que le conflit russo-ukrainien dégénère en un conflit généralisé OTAN-Russie sur le sol européen, entraînant des destructions massives et des milliers de victimes au-delà des frontières ukrainiennes.

Le basculement vers une « économie de guerre » et l’envoi de « troupes au sol » en Ukraine évoqués à plusieurs reprises par Emmanuel Macron pourraient devenir une réalité.

Car il n’y aura aucun Parlement français pour s’y opposer… puisqu’il va être dissous.

Le Président va de facto bénéficier des pleins pouvoirs pendant un mois (jusqu’en second tour des législatives). Il va se présenter comme garant des « engagements de la France » (en Ukraine et ailleurs) et de la « cohésion nationale ». Il peut à sa guise convoquer des « conseils de défense », prendre des « mesures d’exception » (état d’urgence, sanitaire, social, économique, etc.) limitant les libertés publiques… sans aucun contre-pouvoir.

Et on voit mal le Conseil Constitutionnel retoquer ses décrets, même les plus lunaires. L’institution présidée par Laurent Fabius n’est nullement affectée par la dissolution : c’est elle qui avait validé les confinements, le « pass vaccinal » et « l’apartheid sanitaire ».

Avec le recul, nous savons que le « vaccin » ARN n’empêchait pas la transmission (ce que nos autorités ne pouvaient ignorer). La semaine dernière, le patron de la santé aux Etats Unis – Anthony Fauci – a avoué devant le Congrès US que les mesures de confinement et de distanciation sociales, recommandées par lui-même et ses relais dans le monde entier, ne reposaient sur aucun fondement scientifique ni preuve d’efficacité. Tout a été inventé pour forcer à la « vaccination » (ce que l’ex-patron de la CDC américaine reconnaît également).

Pour en revenir à la France, la large victoire du Rassemblement National se solde déjà par des manifestations spontanées – à l’appel de la gauche bien-pensante – dans Paris et plusieurs grandes villes « contre le fascisme » et « la fin de l’Etat de droit en France ».

Ce qui ne manque pas de sel, puisque le Conseil Constitutionnel, les « conseils de défense », les médias aux ordres, les 49.3 à répétition, la doctrine policière ultra-répressive Castaner/Lallemant, la porosité des frontières entre l’exécutif et la justice ont enterré les fondements de notre démocratie depuis l’automne 2018 (pour les symptômes les plus fragrants), sans que les « oppositions » ne lancent d’appels à une mobilisation massive des « forces vives de la nation »… comme depuis ce dimanche 9 juin.

Mais en tant qu’épargnants, ce qui pourrait nous préoccuper, c’est que la dette française, largement épargnée depuis la dégradation de sa note par Standard & Poor’s le 31 mai, se retrouve « attaquée » (l’écart entre nos OAT et les Bund allemands grimpe soudain de 5 points), tandis que le CAC 40 (-2% dès l’ouverture ce 10 juin, avec un gap de rupture sous le support des 7 900 points, dans le sillage des valeurs bancaires) décrocherait face aux autres indices européens, avec des relents de scénario à la « mai 81 ».

Ce ne sera probablement pas aussi violent, mais quel meilleur moyen de « faire peur » aux électeurs dits « modérés » que de constater que le risque d’une majorité « Rassemblement National » + quelques alliés de circonstance pourraient engendrer des difficultés de refinancement de notre dette, et donc un risque de faillite du pays ?

Cela n’est pas arrivé en Italie avec l’élection de Giorgia Meloni mais avec la France, c’est différent : la trajectoire de nos finances est la plus préoccupante d’Europe et Emmanuel Macron se pose comme leader en matière d’euro-fédéralisme et de soutien à l’Ukraine.

Une situation où il apparaîtrait comme le « sauveur » face aux attaques de la « finance internationale » et le garant de nos engagements « contre les ambitions de Poutine » pourrait le faire passer en quatre semaines de grand perdant des législatives européennes à grand gagnant en termes de politique intérieure, et de héros au regard des marchés… et de ses homologues européens.

De quoi donner un bon coup de pouce à ses projets pour l’après mai 2027, lui pour qui la France constitue une petite province européenne, peuplée d’une majorité de « gens qui ne sont rien », de « gaulois réfractaires » et d’un fort pourcentage de concitoyens qu’il « a envie d’emmer**¨… jusqu’au bout.