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Inflation : le débat fait rage…

17 mai 2021

Le lecteur, même le moins attentif aux choses de l’économie, a sans doute remarqué que l’inflation revenait à la mode chez les journalistes et les commentateurs de l’économie et que donc le nombre d’articles portant sur le sujet est en train d’exploser.

Et comme d’habitude, ce petit monde se scinde en deux.

  • D’un côté, les pessimistes qui attendent la fin du monde depuis des lustres et qui nous annoncent l’hyperinflation « à la » République de Weimar.
  • De l’autre, ceux qui sont persuadés que les hausses de prix actuelles sont « temporaires » et que tout va rentrer dans l’ordre une fois que les goulots d’étranglements actuels, dus au Covid, seront résorbés.

Et ces deux groupes s’étripent à qui mieux mieux sous les yeux ébaubis des spectateurs en se lançant force chiffres et statistiques à la figure,
lesquels ne font que renforcer la sidération générale.

Et je me retrouve une fois de plus en face du problème : Tout le monde me pose la même question, inflation, ou pas ?

Je ne vais pas me défiler. A la question du moment, l’inflation va-t-elle repartir fortement ou non, je vais apporter une réponse claire et sans ambiguïté : Je n’en ai pas la moindre idée et qui plus est, je m’en fous complètement puisque la question est idiote.

Et pourquoi la question est-elle idiote ? parce que toujours et partout une hausse généralisée des prix a été le résultat d’un processus qui avait commencé souvent depuis plusieurs années  et c’est simplement quand les conséquences de ce processus deviennent visibles sur le niveau général des prix que les commentateurs et les journalistes se mettent à courir en rond comme des poulets sans tète en criant « inflation, inflation », ce qui ajoute à  la panique mais pas à la qualité de la réflexion…

Et donc, une fois encore, je vais procéder devant les lecteurs à une analyse de la façon dont je regarde un problème économique et dans le cas présent, il s’agit d’une hausse des prix généralisée, c’est-à-dire pour un économiste, d’une baisse de la valeur de la monnaie.

Je commence toujours par les grands anciens quand je cherche à comprendre quelque chose, et en ce qui concerne la monnaie, le plus grand a sans doute été Milton Friedman (quoique Cantillon…) qui affirmait que l’inflation toujours et partout avait été le résultat d’une création de monnaie excédentaire. Mais Friedman était tres subtil : il disait simplement : toutes les périodes inflationnistes ont été précédées par une hausse anormale de la masse monétaire, ce qui est vrai.

Mais il n’a jamais dit que toutes les hausses anormales de la masse monétaire amenaient à l’inflation. Il y a eu de nombreux cas où une hausse de la masse monétaire tout à fait excessive n’a entrainé aucune accélération dans le niveau général des prix.

Et donc, pour qu’il y ait une hausse générale des prix, il FAUT qu’il y ait eu une hausse anormale de la masse monétaire quelque temps auparavant, mais cela ne SUFFIT pas. La condition est donc « nécessaire » mais « non suffisante » comme l’on disait en mathématiques dans ma jeunesse.

A la première question : Avons-nous eu une hausse extraordinaire des masses monétaires depuis quelques années, la réponse est un OUI sonore partout dans le monde, sauf en Asie.

La condition nécessaire est donc remplie mais cela ne veut pas dire qu’inflation il y aura et qu’elle sera la même partout.

Dans un deuxième temps, il faut regarder à qui cet argent est allé, et pourquoi ?

Et c’est là que je retrouve un autre grand spécialiste de la chose monétaire, français celui-là, Jacques Rueff quand il énonce cette vérité éternelle : « L’inflation c’est de subventionner des dépenses qui ne rapportent rien avec de l’argent qui n’existe pas ».

En termes simples, ce que veut dire Rueff, c’est que si la monnaie créée ex nihilo par la banque centrale va dans des investissements désastreux, alors la poussée inflationniste sera plus forte que si l’argent avaient été dans de bons investissements.

Et enfin, troisième condition, il faut qu’il y ait un vecteur commun à toutes les entreprises et à tous les ménages pour transmettre le virus inflationniste, et dans le passé il s’est agi soit des salaires quand ils étaient indexés, soit du prix de l’énergie.

Et nous savons tous que depuis 2020, l’argent « magique » a été principalement utilisé dans des transferts sociaux certes, mais surtout dans des éoliennes et autres panneaux solaires qui ne répondent en rien aux besoins énergétiques des pays.

Et donc, à mon sens et dans ce cycle, le coût de l’énergie devrait être le vecteur inflationniste global, et c’est donc ce coût qu’il faut surveiller comme du lait sur le feu.

A mon avis, il va inéluctablement monter, non pas parce que l’énergie est plus rare comme le croient les Malthusiens mais parce que certains gouvernements ont décidé de taxer les formes d’énergie les plus performantes au profit de celles qui le sont moins, ce qui va faire monter le prix de l’énergie.

Pourquoi ?

  1. D’abord, personne ne supporte d’être vilipendé nuit et jour au motif qu’il serait en train de détruire la planète, et les producteurs d’énergie « ancienne » ont donc décidé d’arrêter de chercher ou de produire des nouvelles ressources « fossiles » (Pouah, quelle horreur) et nucléaires (double Pouah). Il suffit pour s’en convaincre de regarder le budget d’exploration d’Exxon ou de Shell qui ont baissé de moitié dans les 10 dernières années ou les programmes de construction de centrales nucléaires par rapport aux programmes de destruction des vieilles centrales et la vérité apparait comme aveuglante.
  2. Ensuite les énergies vertes sont par nature intermittentes et requièrent d’être doublées par des centrale à gaz, ce qui double la dépense en capital mais pas la capacité et fait monter le prix de l’énergie. Et du coup, les fabricants de centrales thermiques au gaz sont très favorables aux énergies vertes, ce qui n’étonnera que les naïfs.
  3. Enfin, pour qu’une énergie soit efficiente, il faut que la production soit « faite au centre du réseau », pour être dispersée ensuite, à la périphérie. Dans le cas des énergies vertes, nous avons le schéma inverse, ce qui en fait un système peu efficient et de ce fait très couteux.

Et donc le prix de l’énergie va être tiré vers le haut en raison de ces nouvelles technologies plutôt que vers le bas, comme cela était l’usage dans le passé.

Et donc il me parait probable que si l’on additionne :

  1. Le passage vers le tout électrique.
  2. La fin des investissements dans les énergies classiques (charbon, pétrole, nucléaire).
  3. La remarquable inefficacité des technologies vertes qui n’existent que grâce aux subventions.

Et donc, l’on peut être à peu près certain que le prix de l’énergie sera le vecteur qui nous fera passer d’une forte création monétaire à une hausse généralisée de tous les prix.

Et l’embêtant va être qu’une hausse du prix de l’énergie est équivalente à une hausse des impôts qui amène à chaque fois à une baisse de la rentabilité des entreprises et donc des marchés des actions.

C’est ce que montre le graphique suivant.

 

Quand la ligne noire baisse, cela veut dire que le prix du pétrole monte plus vite que l’activité économique nominale et donc que les marges des sociétés consommatrices de pétrole baissent, ce qui va faire chuter la bourse (ligne rouge baissant).

Certes, nous n’en sommes qu’au début du processus, mais une longue expérience m’a apprise que les mouvements vers le bas peuvent être extrêmement brutaux.

Et la meilleure façon de se protéger n’est certes pas de mettre une éolienne dans son jardin, ou des panneaux solaires sur son toit mais d’acheter les grandes sociétés productrices d’énergie qui savent produire de l’énergie de façon rentable, verte ou pas verte.

Et curieusement, ces vieilles gloires depuis le début de cette année se sont mises à faire mieux que les nouvelles stars de la nouvelle économie verte, comme le montre notre deuxième graphique.  Le marché saurait il quelque chose que les hommes politiques ne sauraient pas ?

 

 

Conclusion.

Il y a une Loi de la Science Politique qui ne connait que peu d’exceptions : Les résultats d’une action politique sont souvent inverses aux promesses faites à l’origine. Le blocage des loyers amène à une pénurie de logements, une augmentation du salaire minimum à une hausse du chômage, l’éducation pour tous à une hyper sélectivité par l’argent pour que les enfants des élites se retrouvent bien entre eux etc…

Les « oints du Seigneur » et autres « hommes de Davos » ont identifié et le problème (le réchauffement atmosphérique créé par le CO2) et la solution au problème, l’énergie décarbonée (non sans en exclure la seule efficace, l’énergie nucléaire.)

Il me parait donc probable que nous sommes à la veille d’un mini âge glaciaire et que nous allons manquer d’énergie fossile très bientôt.

Si j’étais facétieux et farceur, je recommanderais bien au lecteur de l’IDL de se bourrer de valeurs pétrolières dans des pays surs comme la Russie ou le Kazakhstan, mais je suis sérieux et à mon avis, avoir une proportion anormalement élevée dans son portefeuille (>20%) des bonnes vieilles valeurs pétrolières cotées chez nous, devrait aider le dit- lecteur à surnager dans le Tsunami énergétique qui risque d’arriver un de ces jours.