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La Crise énergétique : Suite mais certainement pas fin

24 janvier 2022

Les lecteurs de l’IDL le savent s’ils ont lu mes derniers papiers : nous sommes sans doute en train de rentrer dans une nouvelle crise énergétique , ce qui est rarement une bonne nouvelle pour les marchés financiers.

Et celle-là, à mon avis , elle va faire mal, non seulement parce que les prix vont monter, mais en plus certaines personnes n’auront tout simplement plus accès à l’énergie, comme on le voit à Beyrouth en ce moment. En effet, les génies qui nous gouvernent ont décidé de dépenser notre argent dans des investissements non rentables, au lieu de laisser faire les sociétés dont c’était le métier. Et donc, le peu d’énergie fossile disponible va être non seulement hors de prix mais insuffisant Et donc vous allez avoir des ruptures de livraisons, que vous payiez ou pas.

Je vais donc consacrer le papier de cette semaine à l’imminence d’une crise énergétique pour passer ensuite au fait que c’est rarement une bonne nouvelle pour vos portefeuilles.

Commençons par la crise énergétique qui va nous tomber dessus.

Le lecteur attentif et assidu aura remarqué que je dis depuis toujours que « l’économie, c’est de l’énergie transformée » et c’est ce que je vais essayer de montrer une fois de plus dans le graphique ci-dessous.

 

Le graphique du haut représente le ratio entre la valeur du capital de production utilisée aux USA pour fournir des biens et des services à la population, telle qu’estimée par l’indice boursier SP500 et le prix d’un baril de pétrole.

Grosso modo, il s’agit du ratio entre la valeur de tous les outils disponibles aux USA et le prix de l’énergie qui est nécessaire pour les faire tourner.  La valeur de votre voiture sur le prix de l’essence…

Ce ratio a une tendance haussière bien définie d’environ 1.3 % par an (ligne bleue en haut), ce qui empêche de faire des comparaisons historiques aisément.

Pour me permettre de comparer 1920 à 1950, à 1980 ou à 2010, il me faut donc enlever cette tendance haussière de façon à ne plus m’intéresser qu’aux variations cycliques. C’est ce que je fais dans le graphique du bas, où la ligne bleue devient la ligne horizontale à 100 et où donc ne restent plus que les variations cycliques autour de la tendance à long-terme. Si la ligne noire (graphique du bas) monte, cela veut dire que la transformation de l’énergie en produits et services se fait de façon rentable, la valeur des outils montant plus vite que la valeur de l’énergie utilisée. Et du coup nous sommes dans un marché haussier pour les « outils » c’est-à-dire pour les marchés financiers.

Depuis quelques jours, ce n’est plus le cas sur les deux dernières années, durant lesquelles le pétrole est monté plus vite que la valeur des outils. Quand les actions font moins bien que le pétrole sur deux ans, cela marque souvent le début d’un marché baissier.

Sauve qui peut donc, et ce d’autant plus que les cours des actions par rapport à l’énergie sont à des niveaux de bulles comme en 1907 (juste avant le krach), 1930 (krach à nouveau), 1972 (re krach), 2000 ( krach internet).

Depuis fin 2020, nous sommes à nouveau en territoire de « bulles financières » et nous en sortirons comme d’habitude par un krach. Pourquoi changer une équipe qui gagne ? En fait nous sommes peut-être déjà rentrés dans ce nouveau krach tant l’indice Nasdaq, star des 10 dernières années à une sale gueule. Certains indices tel le Russell 2000 « croissance dynamique » sont déjà en baisse de 27 % sur leurs plus hauts atteints il y a quelques mois…Pour les fadas de statistiques , dans les deux ans qui ont suivi les plus hauts historiques atteints par les actions quand l’énergie était très bon marché (1907, 1930, 1972, 2000, 2007 etc..), les marchés ont baissé de 40 % ou plus sur leurs plus hauts, à chaque fois.  A mon avis,  les plus hauts ont été atteints il y a quelques mois et le marché baissier a commencé et bien commencé …

Que faire ? Pour le lecteur discipliné d’IDL, pas grand-chose ! il est positionné pour…

Il doit avoir 50 % de son portefeuille en obligations chinoises et en or et 50 % du reste dans les Air Liquide de ce monde, qui vont baisser, mais voilà qui lui donnera l’occasion d’en racheter plus quand elles seront en solde,  avec le produit de la vente des obligations chinoises ou de l’or , qui auront bien monté…quoique rien ne presse.

Pour le lecteur qui aurait été un peu moins discipliné et qui se serait laissé aller à quelques fantaisies spéculatives, le moment est venu de faire une revue de détail de ce qu’il a vraiment.

Première recommandation : vendre toutes les saloperies qui ne vivent que de subventions et parmi celles-ci, vendre en particulier tout ce qui touche aux énergies soi-disant renouvelables qui ne prospèrent que grâce au capitalisme de connivence. Et je suis bien sûr que le banquier de service qui conseille le malheureux lecteur « non discipliné » a dû lui coller des fonds ESG bourrés de toutes ces saloperies. Nul doute que ce portefeuille ne soit déjà en lourde perte. Si c’est le cas, ce dont je ne doute guère, il faut absolument s’en débarrasser le plus vite possible en se souvenant que vous pouvez encore perdre 100 % de ce qui vous reste et que ce que vous avez déjà perdu n’a aucune importance,

C’est ce que montre le graphique suivant.

  1. Déjà, les valeurs « vertes » ont baissé de plus de 30 % sur leurs plus hauts atteints il y a un an et, à mon avis, comme les subventions vont s’arrêter, les cours n’ont pas fini de baisser. Ce dont je suis certain en effet, c’est que les subventions aux miroirs magiques et aux moulins à vent vont s’arrêter net tant les États vont voir leurs déficits budgétaires exploser sous le double effet d’une inflation qui accélérera de plus belle et de recettes qui vont vraiment baisser.

Deuxième recommandation : sortir de tout ce que vous avez acheté parce qu’il y avait un avantage fiscal (assurances vie, immobilier farfelu etc.. ). Les avantages que vous offrent des États en faillite n’ont aucune valeur économique.

Ce qui veut dire qu’il ne faut avoir d’obligation ni dans la zone euro ni dans la zone dollar. Je ne saurai être plus clair et chacun doit se souvenir par exemple que la monnaie allemande a disparu complètement à deux reprises au cours du dernier siècle, et rien ne prouve que cette incapacité allemande à gérer sa monnaie soit une chose du passé.

Troisième recommandation : Nos États sont en train de devenir légalement prédateurs, comme on le voit avec le Covid. Si votre état décide qu’il va falloir vous spolier de votre épargne pour prévenir de je ne sais quelle maladie le reste de la planète, il le fera.

Il vaut donc mieux avoir ses actifs dans la City , a Singapour ou en Suisse plutôt que dans des banques de la zone Euro qui devront être nationalisées dès que l’Euro disparaitra. Je ne vois pas très bien en effet comment l’Euro pourra résister à une nouvelle récession en Europe du Sud et en Europe du Nord en même temps.

Conclusion

L’accès à une énergie abondante et bon marché conditionne le maintien des Etats Unis dans son rôle de puissance dominante.

La crise qui commence sera -peut-être – celle ou les USA perdront non seulement ce privilège mais aussi la capacité de forcer les autres pays à payer pour leur énergie dans la monnaie américaine (disparition du privilège impérial). Ce sont là les deux piliers de la superpuissance américaine depuis 1945. Si ces privilèges étaient perdus, cette crise énergétique se doublerait d’une crise géopolitique d’une ampleur inégalée. Et avec Biden au pouvoir, le pire est à craindre et savoir qu’il est atteint de gâtisme sénile ne rassure pas.

En cas de crise géopolitique, je ne sais pas qui va l’emporter en fin de parcours, mais je sais que la Russie est plutôt bien placée à l’heure où j’écris ces lignes puisque l’Europe à un moment ou à un autre devra choisir entre l’énergie russe et la protection militaire US.

Et c’est bien pour forcer l’Europe à faire ce choix le plus vite possible que les USA essaient de déclencher un conflit en Ukraine…

Et du coup, j’ai bien envie de m’acheter des emprunts russes qui me donnent du 9. 5 % par an après une baisse très sèche sur les deux dernières années. Ce n’est pas souvent que le marché obligataire russe exprimé en dollar baisse de 35 % pendant que le prix du baril quadruple pendant la même période.

Or c’est ce qui s’est passé sur les deux dernières années.

Va pour des emprunts Russes donc, même si cela n’a pas porté bonheur à mon arrière-grand-père. Ce faisant, je fais le pari que monsieur Poutine va tout faire pour que rien ne se passe tant il sait que le temps travaille pour lui.  Et il sait aussi qu’il n’a que onze mois à attendre avant que les électeurs américains ne reviennent à des meilleurs sentiments.

PS Sur les élections françaises

Les candidats ne devraient parler que de la crise énergétique et de la récession que la hausse des prix de l’énergie va déclencher en Europe. Personne n’en parle, mais ils semblent tous avoir une opinion très tranchée sur ce qu’il aurait fallu faire il y a quarante ans pour que nous ne soyons pas là où nous sommes aujourd’hui.

Tout va bien donc.