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Les Problèmes de la France en 2022

7 novembre 2021

J’ai décidé de me livrer à un petit exercice de style en cette fin d’année 2021.

En 2022, nous allons avoir des élections présidentielles qui seront sans doute les plus importantes de notre histoire. Sauf si l’actualité financière et politique internationale l’exige, je vais chaque semaine faire une espèce de petite fiche de quatre pages au maximum sur un problème particulier que le nouveau président devra traiter. Mon but est assez simple : informer chacun des citoyens qui voudra bien me lire des enjeux des prochaines élections, tant je pense qu’un citoyen bien informé vote plus intelligemment s’il s’est donné la peine de chercher l’information dont il a besoin, et je veux lui faciliter le travail.

J’ai déjà écrit récemment deux de ces papiers, l’un sur les taux négatifs et les conséquences que ces taux négatifs auront sur les paiements des retraites-et donc sur le niveau de vie des anciens qui ne peut que baisser,  le deuxième sur la croissance inarrêtable du poids de l’Etat Français dans notre économie qui plombe irrémédiablement notre compétitivité et donc nous appauvrit tous

Cette fois-ci, et pour la nième fois dans ces chroniques, je vais parler du drame qu’est l’Euro et je vais rappeler le coût que cette monnaie imbécile a fait peser sur le secteur productif français.

L’euro comme destructeur de l’Europe

Que le lecteur veuille bien regarder le graphique suivant.

De1975 à 2000, les indices de la production industrielle français et allemand ont exactement la même croissance, passant de 70 à 100, soit environ 2. 5% par an.

A partir de 2002-2003, tout change. La production industrielle allemande continue à croitre de façon imperturbable tandis que la production industrielle française non seulement ne croit plus mais se met à baisser. Le même phénomène est visible pour l’Italie et l’Espagne.

Quelque chose a dû changer entre les deux pays mais quoi ? L’explication est fournie par la ligne noire , qui se lit sur l’ échelle de droite et qui représente le cours de change du Franc français par rapport au DM allemand.

De 1975 à 2000, le DM double en valeur par rapport au FF, passant d 1.7 FF/DM à 3.4FF/DM mais, à partir de 1998, le Franc disparait et nous avons une monnaie commune avec l’Allemagne, l’Euro. L’inconvénient est que pour des raisons historiques et sociales que je n’ai pas à juger, la France, depuis toujours, a 70 % de plus d’employés du secteur public que l’Allemagne. Le cout du siège social « Etat Français » est donc d’environ 10 points de PIB plus élevé que le cout du siège social « Etat Allemand ». De 1975 à 2000, la solution était simple : le franc français dévaluait par rapport au DM et tout était pour le mieux dans le meilleur des mondes. Dans le fond, on compensait le trop grand nombre de fonctionnaires français en les payant en monnaie de singe, tandis que les entrepreneurs français s’alignaient sur les prix en DM pour leurs produits et donc protégeaient leurs marges.

Arrive l’Euro, les fonctionnaires français sont payés en DM et non plus en Francs, et donc les coûts de notre état obèse sont maintenant payés par le secteur productif français, dont les marges s’écroulent. Il faut donc disparaitre ou fermer les usines en France, pour les ouvrir en Allemagne ou en Roumanie.

La conclusion est donc simple, toute simple

  • On peut avoir 70 % de fonctionnaires de plus que l’Allemagne.

Ou…

  • On peut avoir un taux de change fixe avec l’Allemagne.

Mais…

  • On ne peut pas avoir les deux à la fois.

Une fois de plus , le « en même temps » de notre cher (oh combien !) Président est une impossibilité logique et donc une idiotie. Et les décisions idiotes amènent toujours à des résultats désastreux que je vais décrire maintenant.

Premier effet, les deficits budgétaires explosent de plus en plus à chaque récession.

Comme je l’ai indiqué précédemment, les entreprises françaises sont beaucoup moins rentables que les entreprises allemandes et ont donc moins de fonds propres. En cas de ralentissement, elles sont donc plus vulnérables, et comme leur manque de fonds propres perdure, le tissu industriel et commercial français ne cesse de se fragiliser. Ce qui fait que chaque ralentissement est plus douloureux que le précèdent. C’est ce que montre le graphique ci-dessus, qui retrace l’évolution du déficit budgétaire primaire français. (Le déficit primaire est le déficit avant la charge de la dette). Nous passons de 2 %, en 1983 (merci Delors), à 4 % en 1992 (merci Trichet), à 6 % en 2009 (merci Sarkozy) tandis que la crise du covid nous a amené à quasiment 9 % (merci Macron). Il est à craindre que la prochaine crise ne nous amène à 15 % et donc a une situation vraiment ingérable.

Deuxième effet, les besoins de financement augmentent de façon exponentielle.

Comme solution à tous nos problèmes et en suivant en cela les conseils avisés de monsieur Marchais et des communistes, chaque fois qu’il y a une récession, le gouvernement français stimule la « consommation populaire » en créant ex nihilo du « pouvoir d’achat pour les plus modestes ». Ce qui, dans le temps, faisait la fortune de l’Allemagne et enrichit aujourd’hui la Chine, ce dont ces pays ne cessent de nous remercier ,comme les triomphes de notre diplomatie en font foi, mais qui creusent du coup non seulement nos deficits budgétaires mais aussi nos deficits extérieurs puisque les fonctionnaires nouvellement embauchés travaillent rarement pour l’exportation. Et du coup nos besoins de financement explosent.

Je ne sais pas si le lecteur se rend bien compte de ce que veut dire un besoin de financement de pratiquement 14 % du PIB …

Dans ma carrière, quand ces besoins dépassaient 10 % du PIB, d’habitude les spécialistes du FMI commençaient à réserver leurs billets d’avion tant il était nécessaire de mettre ce pays sous tutelle le plus rapidement possible.

Et le troisième effet, c’est bien entendu l’explosion de notre endettement.

La dette est à 115 % du PIB. Si les taux d’intérêts reviennent, mettons à 2 %, le service de la dette montera à terme à 2.3 % du PIB (1.15*2%) , et le secteur privé de notre économie n’a pas cru à ce rythme depuis longtemps. Ce qui veut dire que les travailleurs français, simplement pour que le pays ne fasse pas faillite, devront voir leur niveau de vie baisser continuellement puisque toute la richesse créée ira à ceux qui ont prêté leur épargne au Trésor français auparavant. Travailler plus pour gagner moins, voila ce qui nous attend.

En termes techniques, la France est en train de rentrer dans ce que Keynes appelait une trappe à dette, période pendant laquelle la croissance économique est insuffisante pour servir ne serait-ce que les intérêts de la dette et donc pendant laquelle le pays s’appauvrit inéluctablement.

Conclusion : Il vaut mieux la fin dans l’horreur qu’une horreur sans fin.

L’Euro est un désastre et il n’y a pas de possibilité pour notre pays de s’en sortir tant que nous y resterons. Et à ce point du raisonnement , je voudrais faire remarquer une fois de plus qu’il ne peut y avoir de souveraineté pour un pays s’il n’est pas maître de sa monnaie. Certes, voilà une chose difficile à expliquer aux français tant elle leur avait été mal expliqué lors de la dernière élection par une candidate qui n’avait pas vraiment travaillé son sujet, mais après tout, peut-être serons-nous sauvés par la cour constitutionnelle allemande puisque la Bundesbank n’a pas le droit, d’après la Constitution allemande de garantir la dette d’un pays étranger, ce qu’elle vient de faire en garantissant conjointement les 800 milliards empruntés par la Commission pour « rebâtir » les économies européennes après le covid.

La Cour allemande a le choix entre se coucher une fois de plus et de perdre ainsi toute crédibilité, ou de rappeler la primauté du droit sur les politiques et rétablir l’Europe des nations et des peuples, au détriment de l’Europe des technocrates et des juges, que personne n’a élu. Et donc, si par miracle, la Cour Constitutionnelle Allemande décidait de ne pas entériner ce qui est en fait un coup d’état, alors la Bundesbank devra se retirer de l’Euro système et l’Euro devra disparaitre. Voir les Allemands sauver nos souverainetés et rétablir la démocratie en Europe serait une belle chose, une tres belle chose.