Sortir du capitalisme du désastre – Format Livre

Philippe Murer, préface de Jacques Sapir

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Collection : Auteur : Pages: 248 Illustrations: 50 graphiques couleurs ISBN: 978286553-316-9

Informations complémentaires

Poids0.35 kg
Dimensions23 × 14.5 × 1 cm

Sommaire

Introduction

I Quelles sont les raisons d’être de l’économie ?

II Ultralibéralisme : naissance, théorie, arrivée au pouvoir

III Dans quel état sont les économies occidentales

IV Les mythes et les mensonges de l’ultralibéralisme

V L’économie française en pleine déroute

VI Vers le capitalisme du désastre

VII Que change la période de crise du Covid ?

VIII Reconstruire l’économie et la société

Conclusion

Préface de Jacques Sapir

Le livre qu’a écrit Philippe Murer est un essai sur un désastre annoncé : celui qui nous attend si nous ne procédons pas rapidement à un infléchissement de notre modèle économique. Ce qu’il appelle « l’ultralibéralisme », et que l’on pourrait aussi nommer le néo-libéralisme ou le libéralisme de la financiarisation, conduit actuellement à une impasse, qu’elle soit économique, sociale ou idéologique. Cette impasse est d’ailleurs aussi politique. La démocratie, non comme cadre formel, mais comme réalité vivante, peut-elle survivre à un approfondissement de cet ultralibéralisme ? On peut en douter.

 

Un constat identique a été tiré par d’autres auteurs. On pense ici à l’ouvrage récent de Laurent Herblay[1], celui co-écrit par Patrick Artus et Marie-Paule Virard[2], ou celui — publié fin 2020 — de Frédéric Farah[3]. Qu’apporte donc l’ouvrage de Philippe Murer ?

Il nous propose une réflexion à la fois économique et philosophique sur la transformation du capitalisme provoquée par cet « ultralibéralisme » qui entend faire de l’individualisme un principe à la fois fondateur et organisateur. On mesure immédiatement la contradiction sur le second point. La formule de la « main invisible » d’Adam Smith est censée résoudre cette contradiction. Mais, et ce fut démontré de manière tant élégante qu’irréfutable par Jean-Claude Perrot, cette formule est avant tout une aporie religieuse[4]. Alors, cet ultralibéralisme est-il le produit de penseurs comme Philippe Murer l’affirme ou, plus simplement une théorisation produite spontanément par le capitalisme financiarisé ? On laissera le lecteur en juger.

Mais, ce qui est clair, évident même, ce sont les pathologies que cette pensée, une fois constituée en pensée dominante, induit. L’auteur est bien placé pour l’analyser, lui qui fut, il y a de nombreuses années, un de ces acteurs des marchés financiers d’où cette pensée a contaminé le reste du monde.

 

Les effets en ont été, on l’a dit, désastreux. Philippe Murer décrypte alors tant les conséquences économiques que le discours justificatif qui est alors produit pour faire admettre ces dites conséquences. Il montre de manière très claire, graphiques à l’appui, comment cette pensée, une fois traduite en actes, produit massivement de la misère et de la régression sociale. Il établit aussi pourquoi cette pensée engendre des institutions particulières — et l’euro en est une, car toute monnaie est fondamentalement une institution — qui condamnent nos économies à la trappe à croissance lente dans laquelle elles se trouvent depuis pratiquement trente ans. Mais surtout, il analyse pourquoi cet ultralibéralisme va nous conduire au pire. Car on ferrait fausse route, et cela Philippe Murer le montre fort bien, si l’on pensait que ces désastres n’appartiennent qu’au passé.

Non, le pire est à venir. Ici, l’auteur sait faire preuve de beaucoup de pédagogie pour expliquer à son lecteur vers quels horizons l’ultralibéralisme nous entraîne.

Ce pire sera, il n’en faut pas douter, toujours justifié ; l’analyse que Philippe Murer fournit des stratégies discursives des tenants de l’ultralibéralisme est à cet égard édifiante. Les mensonges furent nombreux dans le passé. On en a donné une petite recension sur la question de l’euro il y a quelques années[5]. Mais, la machine à les produire tourne, aujourd’hui encore, à plein régime. D’affirmations péremptoires en citations tronquées, de falsifications de l’histoire en mensonges d’arracheurs de dents, les exemples abondent. Les thuriféraires de l’ultralibéralisme feront feu de tout bois plutôt que de reconnaître leurs erreurs.

 

Alors, quelle est la place de la France dans ce sombre tableau ? C’est une autre partie fort intéressante de l’ouvrage. Il montre bien comment et pourquoi l’économie de notre pays a payé un tribut particulièrement lourd à l’ultralibéralisme. On pourrait, devant cette description, s’en désespérer. Ce n’est pourtant pas la réaction de Philippe Murer. Au contraire, il va décrire en un chapitre saisissant les forces qui continuent d’exister en France et surtout décrire quelles pourraient être les stratégies d’un nécessaire rebond.

 

Dans le chapitre qu’il consacre à la pandémie de la Covid-19, il montre aussi comment cet ultralibéralisme nous a désarmés face à la maladie. Les choses qu’il écrit sur ce sujet sont fort justes. On peut, assurément, trouver qu’il est trop rapide sur la question des traitements. Non, l’étude Discovery ne fut pas la seule. Un bilan des différentes études est fourni sur le site de la Cochrane[6], tout comme il l’est sur l’Ivermectine[7]. Cela ne retire rien à son ouvrage qui apparaît comme une importante contribution à l’analyse des effets de l’ultralibéralisme.

[1] Herblay L., Le néolibéralisme est un oligarchisme, Paris, Librinova, 2021

[2] Artus P. et Virard M-P., La Dernière Chance du Capitalisme, Paris, Odile Jacob, 2021,

[3] Farah F., Fake State, Paris, H&O, 2020.

[4] Perrot J-C., Une histoire intellectuelle de l’économie politique, XVIIe-XVIIIe siècles, Paris, Ed. de l’Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales, 1992,

[5] Sapir J., L’euro contre la France, l’euro contre l’Europe, Paris, Le Cerf, 2016.

[6] https://www.cochrane.org/fr/CD013587/INFECTN_la-chloroquine-ou-lhydroxychloroquine-est-elle-utile-pour-traiter-les-personnes-atteintes-de-la

[7] https://www.cochrane.org/fr/CD015017/HAEMATOL_livermectine-dans-la-prevention-et-le-traitement-de-la-covid-19