Publié le

Macron place la France et l’Europe en situation de risque maximal, par Jean Goychman 

Changement de ton dans la guerre d’Ukraine. En deux ans, Emmanuel Macron est passé, vis-à-vis de la Russie,  de la position prudente qui sied aux circonstances à celle du jusqu’au-boutisme que plus rien n’arrêtera. Nombreux sont ceux qui, comme moi, s’interrogent sur cette évolution. La France, comme la Russie, sont des puissances nucléaires. Kennedy en son temps, et plus récemment Poutine, ont déclaré « qu’il ne pouvait y avoir de vainqueur dans une guerre nucléaire ».

Chaque puissance nucléaire possède sa doctrine d’emploi, et même si elles sont différentes, elles ont toutes un point commun : leurs intérêts vitaux doivent être menacés. De cette notion, volontairement floue, de Gaulle avait donné une image plus précise.

Dès son retour aux affaires, m’avait confié Pierre Clostermann, il avait réuni une trentaine de personnes, civiles et militaires, et leur avait montré une carte de l’Est de l’Europe sur laquelle 12 points rouges avaient été mis. Il a expliqué à son auditoire que ces points figuraient les 12 villes d’URSS par lesquelles devaient transiter 90 % des informations nécessaires pour la poursuite d’une éventuelle guerre et que cela constituait les 12 objectifs d’une riposte de la France en cas d’attaque nucléaire.

C’est ainsi qu’est née notre force de dissuasion.

Ce processus est purement défensif, et sa mise en œuvre ne peut-être qu’une riposte, mais tout éventuel assaillant doit savoir à quoi il s’expose.

Malheureusement, il possède une faille qui, bien que difficile à mettre en œuvre, doit néanmoins être mise en évidence : c’est ce qui est appelé « une attaque sous fausse bannière »

Lorsqu’on fait inconsidérément monter les tensions entre deux pays, les risques de voir un conflit armé augmentent. Les niveaux de sécurité, à l’inverse, diminuent.

Si les circonstances étaient favorables,  une provocation telle qu’une attaque sous fausse bannière organisée par  un pays ou une entité qui, elle, aurait tout intérêt à voir le conflit éclater aurait toutes les chances de succès, en raison d’une opinion publique soigneusement préparée par une campagne médiatique. Loin de moi l’idée qu’un tel évènement va se produire à coup sûr. On peut bien évidemment espérer que non et que la sagesse des hommes prévaudra.

Mais dans cette période  de  bouleversement mondial dans lequel se confrontent deux visions radicalement différentes de l’organisation de la planète, les tenants du monde « monopolaire » qui sont principalement les Occidentaux n’ont aucune envie de se voir supplantés par ceux qui entendent mettre en place un monde « multipolaire »

Or, le temps travaille plutôt pour ces derniers. Les BRICS, qui en sont l’incarnation, voient leur importance s’étendre dans le reste du monde et il est peu probable que les deux mondes coexistent durablement. Aujourd’hui la population de ce reste du monde représente plus de 80 % de la population mondiale. De plus les perspectives à moyen terme montrent que les élections américaines du mois de novembre prochain peuvent anéantir les espoirs des partisans du monde monopolaire en raison d’un éventuel retour à l’isolationnisme des États-Unis.

Toutes les conditions paraissent se réunir pour un possible embrasement et ce qui était au départ un conflit de frontières en la Russie et l’Ukraine risque d’évoluer, sous la pression des évènements et des intentions cachées, en un conflit généralisé. Et je ne cite que pour mémoire le conflit Israelo-Palestinien, autre source d’inquiétude.

La France, qui n’est pour rien dans cette situation, court aujourd’hui le risque de devoir y jouer un rôle majeur sans même que le peuple français ait été sollicité.

Soyons clairs; ce conflit entre la Russie et l’Ukraine est préparé depuis longtemps. Mais les paroles récentes d’Emmanuel Macron peuvent l’éclairer différemment.

Il est aujourd’hui patent que les fameux « accords de Minsk » ne devaient pas être mis en application, ce qui aurait probablement évité cette guerre. Ils ne devaient servir qu’à donner le pemps d’armer l’Ukraine contre la Russie. On comprend alors que l’Ukraine n’était pas le seul adversaire de la Russie, mais que l’OTAN se tenait derrière elle. Les déclarations du président Macron s’inscrivent dès lors dans le prolongement des opérations au cas où les forces armées de l’Ukraine ne seraient plus en mesure de continuer à se battre.

Rentrer, sous couvert de l’OTAN alors que les Etats-Unis semblent eux-mêmes en train de s’en désengager, dans un engagement frontal avec l’armée russe, semble à priori injustifiable. Faut-il envisager que les « néo-conservateurs » du Deep State soient à ce point inquiets sur leur propre sort pour qu’ils en arrivent à une telle extrémité?