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Tout va mal en Grande-Bretagne…Vraiment ?

 

Mon expérience des diners en ville est fort instructive. Comme la plupart de ceux qui m’invitent connaissent et mon métier et mes opinions, presque à chaque fois la conversation se porte sur la Grande-Bretagne et c’est toujours pour m’affirmer que tout va très mal en Grande-Bretagne et que de toutes façons, c’est bien fait pour eux et que les choses seront bien pires dès qu’ils sortiront de l’Europe.

Commençons par le premier point qui, étant constitué de FAITS, ne devrait pas prêter à la discussion et pourtant mes interlocuteurs, qui doivent tirer leur information de la lecture des journaux français semblent disposer d’une information que je n’ai pas et que j’ai du mal à trouver.

Pour moi, la Grande-Bretagne va plutôt bien, en tout cas, elle va beaucoup mieux que la France. La presse française serait -elle biaisée ? Je n’ose le croire…

En tout cas, voici mes chiffres, en commençant par le plus important de tous, l’emploi.

 

Depuis 2012 (le moment où monsieur Draghi a « sauvé » l’Euro et détruit l’Europe), l’emploi en GB est monté de 9 % tandis qu’en France la hausse n’a été que de 4 %. Fort logiquement et depuis la même date, le taux de chômage est passé de 9 % dans les deux pays à 3. 6 % en GB et à …8.4 % en France. Certes, et toujours d’après mes dîneurs en ville, il est évident que tous ces emplois sont des « petits boulots » et que les nôtres, moins nombreux certes, sont d’une qualité très supérieure. Ce n’est pourtant pas ce qu’ont l’air de penser les gilets jaunes…

En tout état de cause les chiffres semblent cependant dire que trouver un premier emploi en GB est plus facile que d‘en trouver un en France.

Passons à la production industrielle et ici craignons le pire, car tous mes amis français sont persuadés que la Grande-Bretagne ne fabrique plus rien, si ce n’est des battes de cricket ou des pots de confiture d’orange. Et pourtant, les productions industrielles sont à peu près de la même taille tandis que la production industrielle anglaise croit depuis 2012 beaucoup plus vite que la production industrielle en France, comme en fait foi le deuxième graphique.

 

 

Tiens donc ! la France s’est fait mettre 6 points de production industrielle dans les dents par la GB depuis 2102 et se retrouve à un niveau inférieur à celui de 2011 alors que la production industrielle anglaise GB est, elle au-dessus de son niveau de 2011. Voila qui ne confirme pas vraiment la thèse que tout va mal outre-Manche…

Tous ces petits boulots doivent cependant avoir amené à une baisse du PIB par habitant en Grande-Bretagne, qui n’a pas eu la chance, elle, de bénéficier de l’Euro. Vérifions en calculant le PIB par habitant qui nous donnera une idée de l’évolution du niveau de vie dans chacun des deux pays. Curieux, mais c’est le pays qui n’a pas été « protégé » par l’Euro qui a vu une hausse du niveau de vie par habitant supérieure à celui qui était protégé… L’euro serait-il une protection illusoire comme la ligne Maginot en son temps ? Surement une erreur de plus, mais cela devient de plus en plus difficile de soutenir que la France va mieux que la Grande-Bretagne.

 

 

Si l’on réfléchit bien, la seule explication à cet écart de croissance entre les deux pays est sans aucun doute que les déficits budgétaires britanniques ont dû exploser tandis que les nôtres se contractaient.

Voyons ce qu’il en est.

Salopards d’Anglais ! ils sont en train de retourner à l’équilibre budgétaire… Il est très probable en effet qu’en 2019 et au plus tard en 2020, la Grande-Bretagne se retrouvera en excédent budgétaire, alors que nous nous traînons avec des déficits supérieurs à 3 % du PIB depuis des lustres que toutes nos augmentations d’impôts n’ont jamais réussi à réduire. Mais ces fourbes d’Anglais ont fait baisser les dépenses de l’Etat à la place d’augmenter les impôts, ce qui est vraiment odieux.

Ce qui est le plus insupportable dans la réalité est bien sûr que quand les Conservateurs sont aux affaires, le poids de l’Etat recule, alors qu’en France les dépenses étatiques augmentent, que la Gauche ou la Droite soit au pouvoir, et je défie quiconque de repérer qui est au pouvoir en regardant les dépenses de l’Etat. Giscard ou Mitterrand, Sarkozy ou Hollande, même combat, mêmes résultats.

Il est vrai qu’en France, nous n’avons jamais eu que des partis de Gauche au pouvoir, dont l’un, curieusement, se dit de Droite.

Et ici, je voudrais ajouter un petit graphique de nature « politique », pour expliquer que ceux qui investissent en fonction de la perception qu’ils ont de la politique vont toujours perdre leur chemise.

Depuis 1975, la rentabilité totale des deux marches a été a peu près la même, ce qui veut dire que la tendance du ratio est plate (moyenne a 1). De temps en temps il faut acheter la Grande-Bretagne et vendre la France, comme en 2000 et de temps en temps, il faut faire contraire, comme en 1983.

Je n’ai pas le moindre doute que la bourgeoisie française a vendu quand la gauche arrivait au pouvoir en 1981 et acheté quand la soi-disant droite revenait en 1985, et bien entendu, c’était le contraire qu’il fallait faire. Ne jamais acheter quand des gens sans convictions qui se disent « pragmatiques » sont élus, telle est la règle qui ne connait pas d’exception. Et y a-t-il de plus grands pragmatiques que Chirac, Juppé, Sarkozy, Raffarin, etc… qui ont toujours pensé non seulement que leurs électeurs étaient des imbéciles, mais surtout que la gauche détenait le monopole de la vertu et de la vérité ? Ils s’excusaient presque d’être au pouvoir… Et comme tous mes bourgeois dîneurs en ville ont voté des deux mains pour Macron et que le marché français est très haut par rapport au marché britannique, si je ne l’avais déjà fait, je vendrais la France aussi vite que je le peux pour me précipiter sur la Grande-Bretagne. Voilà un coup qui ne devrait pas rater, et ce d’autant plus que la Livre est sous-évaluée par rapport à l’Euro. Pour ceux qui le peuvent, c’est aussi le moment ou jamais d’acheter de l’immobilier à Londres en vendant Paris, ce qui devrait marcher tant je ne crois pas une seconde l’arrivée de monsieur Corbyn au pouvoir.

Venons-en à l’imbécilité européenne du moment, le BREXIT.

Vouloir garder un peuple comme le peuple anglais dans un système dont ils ne veulent plus est totalement idiot, et c’est pourtant ce que les élites de Bruxelles ont essayé de faire. Voila un pétard qui va leur exploser à la figure. Il s’agit en effet d’un cas parfait d’une volonté populaire qui affirme haut et fort que la GB doit sortir de l’Euro pour retrouver sa souveraineté, et à cette volonté fort claire se sont opposés les hommes de Davos tant à Bruxelles qu’à Londres, au prétexte qu’ils savent mieux que le Peuple ce qui est bon pour lui. Ces « globalistes » constituent 75 % de la Chambre des Députés et 90 % de la Chambre des Lords. Ces braves gens essaient d’avoir le Peuple anglais à la fatigue. Mais comme le disait mon cher père, les Anglais sont assommants. Ils perdent toutes les batailles et gagnent toutes les guerres, et quand ils ont refermé leurs mâchoires, comme le bulldog, ils ne lâchent plus jamais.

Il va donc y avoir un raz de marée gigantesque en Grande-Bretagne en faveur du nouveau parti, le Brexit Party, et il est très probable que du coup, le bipartisme vit ses derniers jours en Grande-Bretagne.

Resteront trois partis :

  • Celui des hommes de Davos, qui feront 25 % des voix, à tout casser.
  • L’extrême gauche, qui fera 20 % des voix, et encore.
  • Le parti des Anglais de souche qui fera 35 % des voix ou plus, le reste allant à des petits partis locaux.

Dans ce cas de figure, et compte tenu du système électoral (un seul tour, celui qui a le plus de voix l’emporte), le prochain Premier ministre de sa gracieuse Majesté pourrait bien être Nigel Farage, et je ne voudrais pas avoir à négocier avec lui si j’étais monsieur Barnier, dont j’espère qu’il va prendre une retraite bien méritée, avant.

À moins que monsieur Macron ne le nomme Premier ministre pour le récompenser de ses efforts et de ses succès…