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Pour qui allez-vous VRAIMENT voter lors des élections européennes ?

Par Charles Gave
6 mai 2019

 

Dans moins d’un mois, les élections européennes vont avoir lieu, et comme toujours en France, les médias essayent de vous faire croire qu’il s’agit d’une élection comme une autre, où vont s’opposer une fois encore madame Le Pen et le Président Macron, les Républicains jouant leur rôle habituel de cocu enfermé dans le placard et qui loupe les moments intéressants à chaque élection.

Bien entendu, il s’agit là d’une foutaise totale.

Les Français vont voter à la proportionnelle pour des députés dont la plupart feront partie ensuite de GROUPES au Parlement européen. Et je peux avoir envie de voter pour le groupe de monsieur Salvini ou monsieur Orban en tant que citoyen français puisqu’il s’agit d’une élection européenne et que ces hommes se sont alliés dans ces groupes à des partis politiques français. Ce qui me force à voter pour cet allié, si j’aime bien monsieur Salvini… Dans ce cas de figure, je ne vote pas pour le Rassemblement National, mais pour le groupe auquel appartiennent et le RN et la Ligue du Nord.

 

Dans le papier de cette semaine, je veux donc d’abord rappeler à quel groupe vont se rattacher les différentes listes qui vont se présenter aux suffrages des Français pour ensuite préciser très brièvement quels sont les pouvoirs dudit Parlement et en quoi ces élections sont importantes.

Commençons par les groupes représentés au Parlement sortant, par ordre d’importance.

En italiques, mon commentaire sur ce que j’en pense, au cas où cela intéresserait le lecteur.

  • Le premier en nombre est le parti populaire européen ou PPE qui compte 217 élus soit 29 % des députés Les principaux partis nationaux représentés sont l’Union chrétienne-démocrate d’Allemagne (CDU), avec 29 membres auxquels il faut rajouter 5 membres de la CSU, la Plate-forme civique (PO) polonaise avec 18 membres, le Parti populaire (PP) espagnol avec 17 membres, les Républicains (LR) français avec 16 membres et le Fidesz-Union civique hongroise (Fidesz-MPSz) avec 11 membres. Il est bien entendu présidé par un allemand. Voilà un groupe qui va perdre nombre d’élus tant on ne voit pas très bien pourquoi les Hongrois devraient y rester et tant il est certain que CDU, CSU, Républicains et le PP espagnol vont perdre de nombreux sièges.

Si vous votez pour la liste Républicaine menée par Bellamy, c’est pour ce groupe que vous voterez. Or les députés PPE ont toujours soutenu avec enthousiasme tous les transferts de souveraineté de chaque pays vers les institutions européennes. Ils ont aussi voté en faveur de toutes les lois portant sur les changements sociétaux touchant à la famille, la filiation, l’immigration, etc. Le dernier exemple en date de ces trahisons ayant été le Traité de Marrakech, approuvé par 17 des 18 députés européens dits Républicains (seule Nadine Morano votant contre). Dans le fond, monsieur Bellamy sert de faux-nez pour maintenir l’électorat « Versaillais » chez les Républicains et dès qu’il sera élu, on lui dira de laisser travailler les grandes personnes et il fera ce que lui diront les Allemands.

  • Vient ensuite l’Alliance progressiste des socialistes et démocrates au Parlement européen (S&D) : le centre gauche

Les sociaux-démocrates. Deuxième force politique au Parlement européen avec 187 sièges (25 % des eurodéputés), le groupe S&D compte lui aussi des députés européens issus des vingt-huit États membres. Également présidé par un allemand. Les cinq formations politiques qui y sont les plus représentées sont les suivantes : le Parti social-démocrate d’Allemagne (SPD) avec 27 membres, le Parti démocrate (PD) italien avec 26 membres, le Parti travailliste britannique (Labour) avec 20 membres, le Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE) avec 13 membres, le Parti social-démocrate (PSD) roumain et le Parti socialiste français (PS) avec 10 membres chacun.

Le S&D va sans doute connaître un véritable effondrement du nombre de ses députés tant les partis socialistes nationaux se sont ratatinés partout. J’imagine que peu de lecteurs de l’IDL s’intéressent à monsieur Glucksman, et donc mes commentaires seront limités au fait qu’il ne faut pas tirer sur une ambulance.  

  • Conservateurs et réformistes européens (CRE) : la droite eurosceptique

Avec 75 membres siégeant au Parlement européen (10 % des eurodéputés), le CRE est le troisième groupe le plus important de l’hémicycle. Il regroupe un ensemble d’eurodéputés provenant de partis européens d’orientation eurosceptique du point de vue politique et libérale d’un point de vue économique. Co-présidé par le Britannique Syed Kamall (Parti conservateur) depuis juillet 2014 et le Polonais Ryszard Legutko (PiS) depuis juillet 2017, ses membres sont originaires de 19 pays de l’UE. Les principaux partis représentés y sont les suivants : le Parti conservateur britannique (Tories) avec 18 membres, le parti polonais Droit et justice (PiS) avec 14 membres, l’Alliance néoflamande (N-Va) belge (4 membres) et le Parti populaire danois (DF, 3 membres). Aucun parti français n’y siège.

Le poids des Conservateurs britanniques va s’effondrer, peut-être remplacés par des Bataves ou des Polonais. Certainement mon groupe préféré avec monsieur Hannan, brillantissime. A ma connaissance, ces idées n’intéressent personne en France. 

  • Alliance des démocrates et des libéraux pour l’Europe (ADLE) : Les Fédéralistes.

L’ADLE regroupe 68 eurodéputés (9 % de l’ensemble) issus de 21 États membres de l’UE. Depuis juillet 2009, l’ADLE est présidée par l’ex-Premier ministre belge Guy Verhofstadt C’est là que siège le Modem. Et c’est là que siégeront les élus « En Marche ».

Les fanatiques de la construction européenne, présidé par un ex Premier ministre belge.

Les deux parties de la Belgique sont incapables de se mettre d’accord sur quoi que ce soit, et M. Verhofstadt veut exporter ce désastre au reste de l’Europe. Comprenne qui pourra…

Le groupe de ceux qui pensent que notre Président a tout compris, que Madame Loiseau a du charisme et que monsieur Barnier a servi son pays avec beaucoup de compétence.

  • Gauche unitaire européenne/Gauche verte nordique (GUE/NGL) : Les anciens cocos.

Tous, ou presque, soutiens enthousiastes de Cuba, du Venezuela. C’est la que siège notre France insoumise. Se disent de gauche, mais sont plutôt… ailleurs, surtout dans leurs têtes. En général, ils ont un rapport très difficile à la réalité. 

  • Verts/Alliance libre européenne (Verts/ALE) : Le groupe des pastèques.

Verts à l’extérieur, rouges à l’intérieur.  Les garçons de plage et les diplômés en sociologie qui sont contre le progrès techniquePas ma tasse de thé.

  • Europe de la liberté et de la démocratie directe (ELDD) : Les souverainistes presque fréquentables… 

L’ELDD compte 41 membres (5 % des eurodéputés) issus de la droite populiste de 7 États membres. Le groupe est présidé par Nigel Farage (indépendant, ex-UKIP) depuis janvier 2017. Les principales formations politiques de l’ELDD sont le Mouvement 5 Etoiles (M5S) (Italie, 12 membres), le Parti pour l’indépendance du Royaume-Uni (UKIP, 3 membres), Debout la France (DLF, 2 membres) et Les Patriotes (LP, 2 membres). Le Royaume-Uni y compte par ailleurs 10 eurodéputés auparavant membres de UKIP, qui l’ont quitté après la démission de son ancien président Nigel Farage fin 2018.

 Je ne sais pas trop quoi dire sur ce groupe qui n’existait que grâce à Farage, pourrait bénéficier d’une hausse des élus chez cinq étoiles. Le parti des patriotes ne devrait pas avoir d’élu quant à monsieur Dupont-Aignan qui ne représente guère que lui-même, il est loin d’être certain qu’il aura des élus. Logiquement ce groupe devrait disparaître et ses membres rejoindre l’ENL ou le CRE.

  • Europe des Nations et des Libertés (ENL) : les méchants, dont le nombre devrait s’accroître énormément. 

Il s’agit du plus petit groupe du Parlement européen avec 37 membres (5 % des députés européens) originaires de 8 pays de l’UE. Co-présidé par le Néerlandais Marcel de Graaf (PVV) depuis juin 2015, rejoint par le Français Nicolas Bay (RN) en septembre 2017 en remplacement de Marine Le Pen (devenue députée française), ce groupe devrait surfer sur la vague populiste. Les principaux partis politiques qui y siègent sont le Rassemblement national (RN) (France, 14 membres), la Ligue du Nord (LN) (Italie, 6 membres), le Parti pour la liberté (PVV) (Pays-Bas, 4 membres), le Parti de la liberté d’Autriche (FPÖ, 4 membres) et le Parti pour l’indépendance du Royaume-Uni (UKIP) avec 3 membres qui ont rejoint l’ENL en janvier 2019.

C’est ce groupe dont le nombre devrait exploser et qui pourrait changer une fois pour toutes les rapports de puissance entre le Parlement et la Commission surtout s’il s’allie avec le CRE.

Non-inscrits (NI)

Au nombre de 22 (3 % de l’hémicycle européen) originaires de 9 États membres, ces eurodéputés n’appartiennent à aucun groupe au Parlement européen (un groupe politique doit comprendre au moins 25 députés élus dans au moins sept pays.

Rien à dire. 

Résumons-nous

  1. Les chrétiens-démocrates, les fromages blancs, comme les appelait de Gaulle vont perdre beaucoup.
  2. La gauche sociale-démocrate va s’effondrer.
  3. Les fanatiques européens de l’ex Premier ministre belge n’ont pas le vent en poupe.

Or la somme de ces trois groupes assurait une majorité au Parlement pour la technostructure bruxelloise puisque ces braves gens ne votaient pour ainsi dire jamais contre ce qui était proposé, le risque étant trop grand pour chaque député de ne plus être sélectionné pour la mandature suivante.

Hélas, cette fois-ci seront élus ceux qui se sont opposés à la Commission, et non plus les béni-oui-oui.  Les élus dociles vont être battus, voilà un mauvais signe pour la technostructure. Et donc, les élections qui sont toutes proches sont extraordinairement importantes, car nous allons avoir en fait l’un ou l’autre de ces trois résultats.

  • Les trois groupes qui dominent l’Europe depuis ses débuts gardent la majorité. Si cela se produit, nous aurons une intense poussée des milieux transnationaux pour imposer le fédéralisme maintenant et sans possibilité de retour. Ce qui me fait penser à la phrase de Dante sur les portes de l’enfer » abandonnez tout espoir, vous qui entrez ici». Je repars pour Londres.
  • Le parlement est scindé en trois, fromages blancs, gauchistes, populistes et tout se bloque. Plutôt sympathique comme résultat, mais rien n’est acquis.
  • Les « populistes » sont majoritaires et là, la situation devient intéressante, puisque le Parlement devra élire le successeur de monsieur Juncker, qui pour une fois ne sera pas désigné par la Commission. Au dernier vote, il n’y avait qu’un seul candidat, M. Juncker ce qui ressemblait beaucoup à l’élection du Président du Soviet suprême.  Imaginons que le Parlement élise monsieur Farage, ce serait à mourir de rire…

Ou mieux encore que le Parlement décide qu’il est temps d’organiser au niveau européen un referendum sur l’immigration. On voit mal monsieur Macron refuser…

Le Parlement pourrait aussi retirer à la Commission le privilège de fixer l’ordre du jour du Parlement ainsi que le quasi-monopole de la rédaction des directives et la Commission se retrouveraient au chômage technique, c’est-à-dire que nous aurions atteint le but désiré, faire sortir Bruxelles de l’Europe, pour se retrouver entre nous en dehors de la présence de ces sinistres technocrates qui veulent nous empêcher d’être différents.

Dans le fond, la seule chose à faire en Europe est le BRUXIT : il ne faut pas sortir de l’Europe, il ne faut pas détruire l’Europe, il faut simplement sortir Bruxelles et la technocratie de l’Europe, et c’est tout. Virer les technocrates et se retrouver entre citoyens, voilà le but. Et donc, chaque citoyen qui votera pour les Républicains votera pour ceux qui trahissent la Démocratie et la Nation depuis toujours, tandis que s’il vote pour LAREM, il votera pour ceux qui veulent à la fois trahir la Démocratie, la Nation et le Peuple.

Une étude récente vient en effet de montrer que ceux qui méprisent le plus la Démocratie sont les centristes, tandis que ceux qui la défendent sont les gens d’extrême droite ou d’extrême gauche. En tout cas, c’est ce que montrent les élections en France depuis longtemps puisque le but du « centre » depuis toujours a été de s’allier avec la droite de la gauche pour empêcher la droite d’être représentée.

Puisque la gauche de gouvernement n’existe plus en France, ce serait une bonne chose pour la démocratie si le centre n’allait pas voter cette fois-ci. On se retrouverait entre gens intelligents.