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Un historien annonce une guerre en Europe

Un historien annonce une guerre en Europe, avec une Allemagne envahie par les troupes russes et une France désarmée face à la Russie, cela dès 2019 !

Philippe Fabry : « Il y a une incapacité à penser et cette incapacité donne l’avantage à ceux qui ont l’audace, comme Vladimir Poutine, qui est prêt à menacer d’utiliser l’arme nucléaire pour saisir un territoire et, probablement, envahir bientôt les pays baltes. »

La guerre en Europe de l’Ouest est plus proche que l’on ne l’imagine… C’est en tous cas ce que prédit l’universitaire et historien Philippe Fabry dans un ouvrage consacré aux guerres à venir. Philipe Fabry est historien du droit, des institutions et des idées politiques, et il a été enseignant à l’Université Toulouse 1 Capitole. Il est déjà l’auteur de livres salués par la critique et lauréat du Prix Turgot du jeune talent 2014. Pour celui-ci, il s’est penché sur l’histoire et les faits d’actualité afin d’anticiper les évolutions géopolitiques à venir et, surtout, les conflits qui risquent de se produire. Un travail très documenté, qui lui permet d’expliquer précisément pourquoi il est persuadé que l’Europe de l’Ouest va connaître une guerre conventionnelle en 2019. Or, une telle analyse n’a rien de surréaliste puisque des généraux de l’OTAN ont récemment indiqué qu’ils sont convaincus que la Russie est au bord de la guerre.

 

Kernews : Dans votre dernier livre, vous revenez sur l’histoire du monde, les guerres, les mouvements de population, les évolutions religieuses, avec des cartes très documentées. C’est à partir du passé que vous essayez de prédire l’avenir. Un exercice périlleux, puisque vos prédictions ne concernent pas des événements qui auraient lieu dans d’ici à dix ou vingt ans, mais dès cette année !

Philippe Fabry : C’est effectivement périlleux… Mais si j’ai publié ce livre, c’est parce que je pense être arrivé à un degré de certitude suffisant pour faire ces prévisions. Pour l’essentiel, je présente les possibles : je ne dis pas que le futur va être exactement ceci, mais je dis que le futur va se dérouler dans telle zone, avec des dates, même si, évidemment, il peut y avoir des variations. Mais l’idée générale est suffisamment certaine de mon point de vue. Cela permet donc de donner une morphologie au contenu.

Ce livre a été écrit il y a quelques mois, il y a eu le temps de l’impression et vous commencez avec l’Afrique du Nord, en prévoyant que la Russie lancera une opération militaire en Libye afin d’y favoriser l’émergence d’un régime pro-russe et d’affermir son influence sur l’Égypte. Or, le 8 janvier dernier, l’africaniste Bernard Lugan a publié la note suivante : « L’une des conséquences de l’intervention de Moscou en Syrie est l’ouverture à la marine russe d’un accès permanent à la Méditerranée. Le succès d’une telle politique dans laquelle les Tsars et l’URSS avaient échoué nécessite la mise à disposition de points d’appui. Celui de Syrie étant sécurisé et l’Égypte se rapprochant de plus en plus de la Russie, Vladimir Poutine regarde maintenant vers la Libye et le port en eau profonde de Tobrouk en Cyrénaïque. D’où son soutien au général Haftar. »

Les lecteurs peuvent vérifier que j’avais prédit cela il y a six mois, à travers une note sur mon blog, à partir du raisonnement suivant : je compare la Russie de Vladimir Poutine à la France napoléonienne et à l’Allemagne hitlérienne, et j’avais émis l’idée que, de la même manière que Napoléon était intervenu en Égypte et Hitler en Afrique du Nord, il devrait y avoir quelque chose venant de Poutine dans la même région. Ce n’est pas du tout par l’actualité et la réflexion stratégique que je suis arrivé à cette conclusion, mais uniquement par la comparaison historique. Cela me surprend moi-même !

L’histoire se répèterait-elle donc toujours ?

Je pense que oui. Les mêmes causes engendrent les mêmes effets et l’on voit se dessiner des schémas sur le temps long, plusieurs décennies ou plusieurs siècles. C’est sur ces schémas que j’essaie de m’appuyer. Mais l’histoire ne se répète pas tout le temps exactement de la même façon. Il y a des variables. Certaines étapes d’un schéma peuvent se dérouler plus ou moins bien pour tel ou tel protagoniste et affecter l’ensemble général. J’essaie de voir la part certaine du schéma : entre qui et qui il y aura une guerre et qui la gagnera et, ensuite, analyser les parts variables, comme la durée, les dégâts ou la facilité de la victoire. C’est ce que j’essaie de dégager, afin d’apporter des outils aux lecteurs.

Il ressort de votre analyse que l’Europe de l’Ouest va connaître une guerre au cours des prochaines années…

J’en suis convaincu !

D’ailleurs, des généraux de l’OTAN l’ont affirmé il y a à peine quelques mois…

Des généraux de l’OTAN en sont convaincus. Le général Mark Milley a dit que les Russes se pensaient capables de gagner une guerre conventionnelle en Europe. Dans son livre, le général Richard Shirreff, ancien commandant des forces de l’OTAN en Europe, indique qu’il est persuadé qu’il y aura une guerre avec la Russie et, dans sa préface, il explique qu’il a décidé d’en faire un roman afin de s’adresser au plus grand nombre. Ce n’est plus de la théorie, c’est vraiment un souci majeur chez les hauts gradés. Nous sommes vraiment au bord de quelque chose.

Ce qui est intéressant, c’est que les belligérants ne se serviront pas du nucléaire : les premières offensives s’effectueront par Internet, avec des coupures d’électricité ou des infrastructures de communication, et, ensuite, il y aura une guerre plus conventionnelle…

En 2015, une cyberattaque a permis de détruire un haut-fourneau dans une usine d’Allemagne et l’on sait que les dommages d’une cyberattaque peuvent être maintenant tout à fait comparables à ceux d’un bombardement. Les autorités allemandes sont convaincues que cela venait de Russie. Je parle de guerre conventionnelle, parce qu’il y a un changement de la doctrine nucléaire dans le comportement russe, trop peu traitée par les commentateurs, formulée par Vladimir Poutine lors de l’annexe de la Crimée, dans un reportage intitulé « Crimée. Retour vers la mère patrie ». Il expliquait qu’il était prêt à utiliser le feu nucléaire pour récupérer la Crimée. Cela veut dire que pour Vladimir Poutine, on peut utiliser l’arme nucléaire, non pas pour se protéger d’une attaque, mais pour dire : « Si vous m’empêchez d’annexer ce territoire, je suis prêt à utiliser l’arme nucléaire ! » On est dans le chantage puisque l’on utilise la menace nucléaire pour couvrir une offensive. Dans ce cadre, il est tout à fait probable qu’il puisse déclencher une guerre conventionnelle, dans laquelle personne n’osera utiliser les armes nucléaires en raison des risques de destruction énormes que cela entraînerait, mais avec une montée très forte de la guerre conventionnelle comme on l’a vu durant la Seconde Guerre mondiale.

Beaucoup d’analystes ont parié sur la chute de l’empire américain, mais ce n’est pas du tout votre théorie. Vous estimez que les États-Unis vont être de plus en plus forts, puisqu’ils ont la supériorité technologique, et que l’empire américain va continuer de dominer le monde. Il y aura une confrontation avec la Chine et la Russie. Vous annoncez une volonté de prise de contrôle de l’Afrique du Nord et de l’Europe par la Russie. Vous êtes par ailleurs convaincu que la Russie va gagner la guerre en Europe, notamment en Allemagne. La France va combattre, mais elle va se retrouver rapidement désarmée. Les renforts américains ne pourront pas arriver pour aider l’Europe de l’Ouest, parce que les Russes vont bloquer le passage avec leurs sous-marins nucléaires. Mais, au final, les Russes perdront et l’Amérique sera puissante…

Ce que vous décrivez, c’est ce que j’appelle le scénario médian. Je n’exclus pas un scénario plus favorable où la Russie serait bloquée avant, mais ce n’est pas ce qui me paraît le plus probable. Ce que vous expliquez, c’est le scénario le plus probable.

Donc, la Russie n’est pas en position de gagner, mais elle est quand même assez forte pour brouiller les cartes, ou penser elle-même qu’elle a gagné pour quelques années…

Comme ce fut le cas avec Napoléon et Hitler, qui pensaient pouvoir dicter leurs conditions à l’Angleterre. Simplement, ils se sont toujours retrouvés avec une Angleterre qui refusait d’abandonner. Aujourd’hui, ce sont les États-Unis qui sont devenus la puissance maritime au niveau mondial et ils ont pris le rôle de ce qui était jadis l’Empire britannique. Les Américains ne se résoudront pas à la défaite, d’abord parce que cela les condamnerait à l’isolation, et les États-Unis ont laissé tomber l’isolationnisme strict depuis le début du XXe siècle. Ils ont compris qu’ils ne pouvaient plus être tout seuls. Or, ne plus être seuls, c’est être obligés d’être en compagnie des autres, mais les États-Unis ne se perçoivent pas comme une nation comme les autres : soit ils doivent être tout seuls, soit ils doivent être les premiers… Donc, ils ne toléreront pas de se retrouver isolés entre des grandes puissances qui seraient grosso modo une Russie impérialiste en Europe et une Chine impérialiste en Asie. Donc, ils refuseront la paix. Ensuite, les États-Unis ont aujourd’hui un certain retard dans la cyber guerre offensive. C’est vraiment le secteur que les Russes ont développé très fortement, parce que leur ennemi, dans la tête de Vladimir Poutine, ce sont les États-Unis. Les États-Unis ont surtout financé et lutté contre des groupes terroristes qui ne représentaient absolument pas les mêmes menaces. Certains chefs de l’OTAN s’inquiètent de la capacité de l’OTAN à tenir la dragée haute à la Russie en matière de cyber guerre, sans avoir de doute qu’au bout de quelques mois ou quelques années de travail, le retard sera dépassé. Les États-Unis ont également de l’avance dans la construction de boucliers antimissiles. L’initiative de Ronald Reagan n’a pas été jusqu’au bout des recherches, parce que la technologie manquait à l’époque. Mais ils franchissent d’énormes paliers technologiques depuis. On voit d’ailleurs certains résultats de cette initiative qui commencent seulement maintenant à se concrétiser, comme le canon électromagnétique permettant d’envoyer des obus à plus de 200 kilomètres. Il n’est pas du tout exclu qu’après plusieurs années de guerre, les États-Unis réussissent à mettre au point des systèmes leur permettant de rompre l’équilibre de la terreur, c’est-à-dire contrer les armes atomiques russes. Il faut savoir que personne n’a le niveau des Américains en matière de lutte antimissile globale. Et le contrôle de l’espace, c’est eux aussi… Au début, cela n’empêchera pas les succès russes, mais à terme, oui. Les succès russes et les succès chinois se baseront sur l’occupation de certains pays, mais on sait que ce type d’occupation militaire est difficilement tenable sur le long terme. Tout cela permettrait une victoire américaine, mais après quelques années très coûteuses et très douloureuses.

Notamment sur notre sol européen… Or, lorsque vous annoncez ainsi une guerre en France dans les prochaines années, avec des troupes au sol, les gens répondent ironiquement : « Vous devriez consulter… » Une grande partie de la population est persuadée qu’il n’y aura plus jamais de guerre en France. Qu’en pensez-vous ?

Je travaille beaucoup sur les parallèles historiques et j’explique que la déconnexion est une tradition. C’est ce qui permet à des personnages comme Vladimir Poutine ou, avant lui, Hitler ou Napoléon, d’obtenir des résultats aussi faramineux. La génération qui devait faire face à Hitler savait ce qu’était la guerre puisque c’était vingt ans avant. Mais vingt ans permettent d’oublier beaucoup de choses : on a oublié comment lutter contre la propagande du KGB et on se remet à découvrir qu’il est possible de mener des guerres d’information. L’idée que quelqu’un puisse faire 500 kilomètres pour aller prendre une capitale, c’est quelque chose que nous n’avons jamais vu et on est complètement anesthésié, puisque cela fait soixante-dix ans que nous n’avons plus eu de guerre. Il est entré dans la conscience collective qu’en présence de l’arme nucléaire, il ne peut plus y avoir de guerres. Les gens se rassurent en se disant qu’il y aura au pire une guerre froide… Ce qui caractérise ce type de schéma historique, c’est que la deuxième guerre n’est jamais comme la première. La Première Guerre mondiale a été une guerre de positions, alors que la Deuxième Guerre mondiale a été une guerre de mouvements extrêmes, avec des troupes allemandes qui ont parcouru jusqu’à 2000 kilomètres. Idem pour les guerres napoléoniennes qui ont amené Napoléon jusqu’à Moscou. Il y a une incapacité à penser et cette incapacité donne l’avantage à ceux qui ont l’audace, comme Vladimir Poutine, qui est prêt à menacer d’utiliser l’arme nucléaire pour saisir un territoire et, probablement, envahir bientôt les pays baltes.

La troisième guerre mondiale sera donc une guerre de mouvements…

Ce sera une guerre de grands mouvements à cause de la pusillanimité des alliés : on reste sur ses positions, on se prépare et on attaquera quand on sera prêt… C’était aussi l’attitude des Autrichiens face à Napoléon. Ils n’avaient pas du tout idée que Napoléon foncerait sur eux ! De la même manière, on pensait bloquer Hitler sur la ligne Maginot et les Ardennes, mais les Allemands ont traversé les Ardennes… Je pense que nous sommes face à un risque, mais il peut y avoir un scénario plus tranquille, où l’on pourrait bloquer Poutine avant qu’il n’envahisse les pays baltes. D’ailleurs, il est peu probable que l’on arrive à empêcher les pays baltes d’être envahis par Poutine. La plupart des officiers de l’OTAN sont d’accord sur cette idée que les pays baltes sont actuellement indéfendables et, si les Russes veulent les envahir, ils les envahiront. À la limite, ce serait catastrophique et dramatique pour les pays baltes mais, pour la prospérité de l’Europe, cela resterait quand même très limité. Mais si les alliés prennent une déculottée en Pologne, semblable à celle que nous avons subie à Dunkerque en 1940, à ce moment-là, la route de Berlin sera ouverte et Vladimir Poutine ne se gênera pas pour l’emprunter, parce que l’Allemagne reste la cible de l’impérialisme russe. Actuellement, ils essaient de gagner l’Allemagne et d’autres pays européens, en faisant triompher des partis politiques pro-russes. Mais s’ils n’y arrivent pas, ils seront au bord de la faillite et ils devront utiliser leur seul actif, à savoir l’armée…

D’ailleurs, la chaîne Arte a diffusé en 2015 une excellente série « Occupied » qui montrait comment les Russes s’y prendraient pour envahir la Norvège : pas avec une guerre brutale et des troupes qui envahiraient le pays, c’était beaucoup plus subtil…

Une occupation fondée sur une sorte de banditisme d’État qui est assez typique de la manière dont fonctionnait le KGB, et dont fonctionne lui-même Vladimir Poutine qui a dit qu’il n’y avait pas d’anciens agents du KGB, puisqu’on le reste toute sa vie… C’est effectivement le scénario qui est retenu pour les pays baltes et c’est ce qui s’est passé en Ukraine, d’ailleurs, on commence par des agitations diverses. La série décrit aussi ce comportement assez tangent de l’Union européenne et, dans son livre, Richard Shirreff explique bien dans sa préface que lors de l’affaire ukrainienne, les troupes russes se sont également massées près des pays baltes, les Américains ont immédiatement envoyé des avions pour montrer leur soutien, mais l’Allemagne, la France et l’Angleterre n’ont rien envoyé. Les pays de l’OTAN qui devraient assumer leurs obligations vis-à-vis des alliés ont été complètement sidérés. On sait très bien que dans le cadre d’une guerre, si l’on est indécis pendant une semaine, cela peut coûter la guerre…

Dans cette série, le Premier ministre norvégien demande l’aide de l’Union européenne : on le rassure, mais toujours par des conversations téléphoniques…

C’est ce que nous faisons aujourd’hui avec une Allemagne qui ne cesse de parler de la sécurité collective et de l’OTAN, mais il faut savoir que l’Allemagne est aujourd’hui un coffre-fort non gardé. L’armée allemande est tout à fait désarmée, c’est une grande irresponsabilité du gouvernement allemand. On parle d’augmenter le budget mais, dans dix ans, il sera beaucoup trop tard.

Donc, si Vladimir Poutine décidait de prendre l’Allemagne dans quelques années, il arriverait à le faire presque les mains dans les poches…

Il en est capable et les Américains sont les seuls à pouvoir l’arrêter actuellement. Mais la détermination américaine reste questionnable, surtout si les Américains sont déjà occupés avec la Chine. Militairement, c’est compliqué. C’est long de faire venir des troupes et si des sous-marins russes gênent la route dans l’Atlantique, cela fait monter le danger encore d’un cran.

Dans votre livre, vous ne parlez pas de confrontation avec l’islam. La Turquie va prendre des pans de territoire, puis elle va les reperdre. L’Arabie Saoudite reste un allié des États-Unis, mais aussi d’Israël, ce n’est un secret pour personne. Toutefois, vous n’envisagez pas d’affrontement avec l’islam. Pour quelles raisons ?

J’évoque quand même une confrontation interne à l’islam, notamment autour de l’Iran, qui va profiter du fait que les États-Unis sont occupés ailleurs pour mener ses propres ambitions, en particulier contre l’Arabie Saoudite. Mais ils perdront, parce que les Américains finiront par arriver et l’Arabie Saoudite se trouvera dans le camp allié. L’islam est une question secondaire parce que je fais un parallèle entre l’islam et ce qu’a été le communisme au XXe siècle : c’est-à-dire une idéologie révolutionnaire, radicalement opposée au monde capitaliste, mais qui s’est pourtant alliée au monde capitalisme pendant la Seconde Guerre mondiale pour défaire le nazisme. Mon idée est que les États-Unis vont devoir se chercher des alliés. Ils ont déjà commencé à le faire, donc ils vont utiliser cette masse de manœuvre que constituent les foules sunnites salafistes contre l’expansion russo-iranienne. C’est ce qu’ils ont déjà fait en Afghanistan, c’est une habitude américaine.

Vous annoncez donc une prise de l’Allemagne par la Russie, une guerre contre la France, mais la France perdra cette guerre. Il y aura des débarquements en Afrique du Nord, Gibraltar servira de base américaine pour bombarder les pays occupés par la Russie, comme la France, et l’on retrouve cette carte traditionnelle en descendant avec le Maroc, allié des États-Unis. Finalement, les alliances historiques vont-elles prédominer sur les photographies religieuses ?

Oui, c’est ce que je pense. Mais le problème de l’islam n’est pas totalement évacué. De la même manière que le communisme nous a été bien utile pour défaire le nazisme et a posé de grosses difficultés par la suite – puisque cela a quand même débouché sur l’empire soviétique et la guerre froide –  je pense que les lendemains de l’islamisme, une fois la guerre gagnée par les États-Unis, seront très durs à gérer, puisque nous nous retrouverons avec des pays entiers du Moyen-Orient sur-armés qui poseront d’énormes difficultés dans les décennies qui suivront.

Le scénario de guerre en Europe annoncé par Philippe Fabry.

Dans son « Atlas des guerres à venir », Philippe Fabry présente la chronologie possible des événements de la guerre à venir. Nous retenons quelques dates :

Mai 2017 : La Russie lance une opération militaire en Libye, afin d’y favoriser l’émergence d’un régime pro-russe et affermir son influence sur l’Égypte.

Octobre 2018 : La Russie envahit les pays baltes. L’OTAN lance la mobilisation de la force de réaction en Pologne.

Décembre 2018 – Février 2019 : Vaste cyber offensive russe sur l’Europe, conduisant à la dégradation de nombreuses infrastructures, notamment en Allemagne et en Pologne.

Fin Mai 2019 : Les forces otaniennes sont assiégées dans Varsovie. Les poches otaniennes dans le quart nord-est polonais sont réduites les unes après les autres. Une partie des forces russes se redéploie dans l’ouest polonais.

Mi-Août 2019 : Les Russes arrivent sur la mégalopole européenne. Francfort, Cologne, Bonn, Düsseldorf sont prises. L’Allemagne n’est plus en état de combattre. L’OTAN se bat sur le Rhin.

Fin Août 2019 : Munich et Stuttgart sont prises. Strasbourg est menacée. La France, qui a perdu l’essentiel de son matériel lourd en Allemagne et ne voit pas arriver les renforts américains promis, l’Amérique cherchant à nettoyer l’Atlantique Nord de la présence sous-marine russe, menace d’une guerre nucléaire en cas d’intrusion sur son sol.

Septembre 2019 : La France accepte une paix séparée pour éviter une guerre nucléaire et proclame sa neutralité́. Les renforts terrestres de l’OTAN ne pouvant plus être acheminés par le nord français, les Pays-Bas tombent et les Russes entrent dans Bruxelles.

Octobre 2019 : L’Italie, la Grèce, la Hongrie, la Roumanie, la Bulgarie quittent l’OTAN et concluent la paix avec Moscou. L’Espagne, le Royaume-Uni, le Portugal demeurent dans l’Alliance, soutenus par les États-Unis.

Septembre 2020 : Les forces navales américaines bombardent les forces russes en Libye, renforcées en Méditerranée via Gibraltar.

Janvier 2021 : La France, qui a reconstitué́ une partie de son matériel, et l’Italie entrent à nouveau en guerre contre la Russie au côté des Alliés. Les Américains, qui avaient massé des forces en Grande-Bretagne en prévision d’un débarquement dans les Pays-Bas, transfèrent ces troupes en France.

Juillet 2021 : La Belgique et les Pays-Bas sont libérés. Ayant nettoyé la mer du Nord de la présence russe, les Américains débarquent avec les Britanniques en Norvège.

Juillet 2023 : Les États-Unis emploient les nouvelles armes qu’ils ont développées pour frapper les principaux sites d’armes nucléaires russes sans employer d’armes nucléaires. Ces frappes combinées avec le nouveau stade de développement du bouclier antimissile rompent la parité́ nucléaire. Des frappes sont également réalisées en Chine, dont le potentiel nucléaire est pratiquement anéanti.

Novembre 2023 : Vladimir Poutine est renversé par un coup d’État militaire. La Russie capitule. La Turquie déclare la guerre à la Chine et envahit le Xinjiang depuis le Kazakhstan.

2024 : La Russie et la Chine sont démembrées, la Turquie forme la Confédération panturque.

 

L’historien Bernard Lugan accrédite implicitement le scénario de Philippe Fabry sur la Libye.

L’ouvrage de Philippe Fabry a été rédigé il y a déjà quelques mois et les journalistes l’ont reçu début janvier. Sur un premier point, l’universitaire semble crédible lorsqu’il envisage une opération militaire de la Russie en Libye, qui interviendrait en mai, afin d’y favoriser l’émergence d’un régime pro russe et affermir son influence sur l’Égypte. Or, deux notes d’analyse de l’historien Bernard Lugan contribuent à rendre plausible ce scénario. Le 8 janvier dernier, celui-ci écrit : « L’une des conséquences de l’intervention de Moscou en Syrie est l’ouverture à la marine russe d’un accès permanent à la Méditerranée. Le succès d’une telle politique dans laquelle les Tsars et l’URSS avaient échoué, nécessite la mise à disposition de points d’appui. Celui de Syrie étant sécurisé et l’Égypte se rapprochant de plus en plus de la Russie, Vladimir Poutine regarde maintenant vers la Libye et le port en eau profonde de Tobrouk en Cyrénaïque. D’où son soutien au général Haftar. Mais le président russe voit plus loin. En appuyant le Maroc dans la question du Sahara occidental, c’est désormais l’ouverture sur l’océan atlantique qu’il prépare. Une telle réussite laisse sans voix les « castrats » de Bruxelles et les « beaux merles » du Quai d’Orsay. Quant à l’Algérie, la voilà paralysée et mise hors-jeu en raison de son soutien-boulet au Polisario. De la Crimée au Maroc, cette politique russe qui rebat les cartes de la géopolitique méditerranéenne, a été menée en sept étapes et en moins de trois ans. » Ensuite, le 19 janvier dernier, Bernard Lugan publie une seconde note : « Le 11 janvier 2017, soit moins de deux mois après sa réception à Moscou par Vladimir Poutine, le général Haftar s’est rendu à bord du porte-avions russe Amiral Kouznetzov qui croise actuellement en Méditerranée orientale. Ce déplacement hautement symbolique étrangement ignoré par les médias occidentaux, était destiné à rendre lisible par toutes les parties libyennes l’appui que la Russie fournit désormais à l’homme fort de Cyrénaïque. Un conflit interminable et sans issue provoqué par la désastreuse intervention française de 2011, et dont la gestion calamiteuse s’est faite à travers le naufrage de la diplomatie de l’UE et de l’ONU, change donc de nature. Il est en effet clair qu’entre une Cyrénaïque contrôlée par le général Haftar et une Tripolitaine en totale anarchie et où un président fantoche est porté à bout de bras par les Occidentaux, une nouvelle géographie militaire et politique de la Libye se dessine sous nos yeux. »