Publié le

À Riyad, Donald Trump redéfinit le Moyen-Orient

Jean-Baptiste Noé Le 13 mai dernier, en voyage dans le Golfe, Donald Trump a prononcé un discours essentiel à Riyad, qui redéfinit les relations entre les États-Unis et le monde arabe. C’est un discours de rupture par rapport aux politiques américaines conduites depuis les années 1990. Rupture face à l’idée de « nation building » portée par les néo-conservateurs et les universalistes, rupture face au discours du Caire (2009) de Barack Obama. Fin de l’universalisme À rebours de Bush et d’Obama, qui voulaient modifier le Moyen-Orient en y apportant la démocratie, y compris par les armes, en portant sur la région un regard moral, Trump défend l’idée que le développement est d’abord une question interne, et que les États-Unis n’ont pas à s’en mêler. « Cette grande transformation [du Moyen-Orient] n’est pas le fruit de l’interventionnisme occidental… qui vous donne des leçons sur la manière de vivre ou de gouverner vos propres affaires. Non, les merveilles étincelantes de Riyad et d’Abou Dhabi n’ont pas été créées par les…

Lire la suite

Publié le

Courons-nous à toute vitesse vers un Grand Effondrement ?

par Éric Verhaeghe 26 mai 2025 La situation de l’Occident, et singulièrement la situation de la France, sont extrêmement instables. Dans le cours de l’histoire, nous traversons un période de déclin qui devrait impacter durablement l’ordre international. Mais cela signifie-t-il que nous devons avoir peur d’un effondrement brutal qui nous entraînerait dans le chaos et dans la ruine ? Il nous paraissait important d’aborder rationnellement et calmement une question qui, nous le savons, obnubile certains de nos lecteurs. C’est l’objet de notre Chaos Global de la semaine. https://lecourrierdesstrateges.fr/2025/05/26/courons-nous-a-toute-vitesse-vers-un-grand-effondrement/ Beaucoup d’entre vous expriment une angoisse face à un risque de Grand Effondrement de l’Occident, et singulièrement de la société française. Cette angoisse est forte et conduit certains à des choix absurdes. Nous l’avons vu hier, avec Jeanne, manipulée par la peur pour donner de l’argent à des arnaqueurs qui lui promettaient un monde meilleur et, en tout cas, une amélioration de son sort. Redisons-le, la peur du Grand Effondrement ouvre un marché alléchant à tous ceux qui promettent de…

Lire la suite

Publié le

Rafales abattus ou… le chant du cygne

L’épisode des Rafales abattus à la frontière indo-pakistanaise n’est pas un simple fait militaire. Pour Jean-François Geneste, expert aéronautique et défense, il plonge dans des racines plus profondes. L’Éclaireur par Jean-François Geneste Quinze jours après l’opération Sindoor de l’armée indienne, visant des sites pakistanais en riposte à l’attaque qui avait fait 26 morts le 22 avril dans le Cachemire indien, on ignore toujours combien d’avions, et notamment de Rafales de fabrication française, ont été abattus par la défense pakistanaise. Un ? Trois ? Et pourquoi ? La question est cruciale. Pour l’Inde, qui, avec une flotte de 36 Rafales en service (chiffres avant le 7 mai), se prépare à en réceptionner 26 autres. Pour Dassault également, alors que l’Indonésie vient d’annoncer la suspension de l’achat de 42 avions de combat. Mais il serait réducteur de limiter cet épisode à un simple fait militaire, même s’il concerne le fleuron de la défense française. Pour Jean-François Geneste, le problème est plus profond. «C’est le résultat de politiques menées depuis des…

Lire la suite

Publié le

Comment les monarchies du Golfe ont soutenu Israël depuis octobre 2023 contre les Palestiniens

Comment les monarchies du Golfe ont soutenu Israël depuis octobre 2023 contre les Palestiniens par Edouard Husson 21 mai 2025 Le Courrier des stratèges Sans les monarchies du Golfe, Israël n’aurait pas pu, depuis dix-huit mois, maintenir son économie à flot tandis qu’il effectuait génocide contre les Palestiniens de Gaza et était engagé dans une guerre sur de multiples fronts. Pour comprendre ce qui a rendu possible le génocide des Palestiniens à Gaza, il ne faut pas seulement parler du soutien militaire états-unien, britannique et allemand ni de la complicité de la plupart des Etats-membres de l’Union Européenne. Les monarchies du Golfe ont joué un rôle, obligatoirement discret du fait de leur opinion publique, mais décisif comme le montre un article très fouillé du média « The Cradle », dont nous donnons ici des extraits significatifs. On comprend aussi dans l’article comment le clan Trump compte sur les monarchies du Golfe pour aider les Etats-Unis à se sortir du bourbier créé par Israël sans pour autant faire place…

Lire la suite

Publié le

La romanité en action

14 mai 2025 Jean-Baptiste Noé L’ouverture du conclave remet Rome au centre du monde. 133 cardinaux électeurs, venus de tous les continents, se retrouvent enfermés dans la chapelle Sixtine pour élire l’évêque de Rome, qui est la tête visible de l’Église catholique. La notion « d’Occident » m’a toujours semblé apporter plus de confusion que de clarté, c’est pourquoi je préfère celle de « romanité ». À l’origine, l’Occident est un espace, il s’agit du monde latin de l’Empire romain, l’Orient étant la partie grecque. Aujourd’hui, le terme d’Occident renvoie aussi à une définition politique : le bloc occidental, que l’on oppose à d’autres. Mais définir l’Occident n’est pas évident, ce que j’avais pu évoquer dans un précédent article. Qu’est-ce que la romanité La romanité part de l’Empire romain et englobe à la fois l’Orient et l’Occident, la partie grecque et la partie latine de Rome. Elle est d’abord un héritage, celle de la Grèce, mais aussi celle des philosophies orientales, qui ont profondément imbibé le monde romain.…

Lire la suite

Publié le

Le message de Vladimir Poutine

Permettez-moi de vous féliciter une nouvelle fois pour le Grand Jour de la Victoire ! Remercions nos amis et partenaires étrangers qui se sont joints à nous à Moscou ces derniers jours pour célébrer cet anniversaire et rendre hommage à la génération des vainqueurs. Nous rendons hommage à tous ceux qui ont contribué à la victoire commune sur le nazisme, y compris nos alliés de la coalition anti-hitlérienne, les soldats chinois, les participants à la résistance antifasciste en Europe, les combattants des mouvements de libération populaire en Afrique et dans la région Asie-Pacifique, ainsi que les volontaires des pays d’Amérique latine. Avec nos amis et nos partenaires, nous partageons une mémoire commune et le respect de l’histoire, des actes héroïques des véritables héros qui se sont battus pour la liberté et, bien sûr, notre responsabilité pour l’avenir, pour la construction d’un monde plus juste et plus sûr. Les questions qui touchent directement le développement stable et durable de l’ensemble de la communauté mondiale – l’Eurasie et d’autres régions…

Lire la suite

Publié le

Guerre en Ukraine : L’effondrement de l’utopie pacifiste et le retour du réalisme offensif

Par Giuseppe Gagliano, Président du Centro Studi Strategici Carlo De Cristoforis (Côme, Italie) Croire que la guerre est une anomalie relève de la propagande. Pour les réalistes, elle est la norme. À une époque comme la nôtre, où chaque conflit est habillé des oripeaux moraux de la condamnation ou de la rédemption, parler de réalisme offensif semble presque blasphématoire. Et pourtant, si l’on a le courage de mettre de côté l’émotion et d’observer les conflits à travers le prisme de la théorie, on s’aperçoit rapidement que l’utopie de la paix perpétuelle n’est justement qu’une utopie. Le réalisme offensif, dans toute sa rudesse, affirme une vérité aussi dérangeante qu’incontournable : les États ne recherchent pas la paix, mais la sécurité par la domination. Et dans l’anarchie du système international, où aucune autorité supérieure ne peut garantir la protection, chaque grande puissance est contrainte de penser et d’agir en termes de force. L’hégémonie régionale devient alors le but suprême. John Mearsheimer, l’un des théoriciens les plus pénétrants du réalisme structurel,…

Lire la suite

Publié le

Trente ans d’aveuglement stratégique : L’Union européenne face à la tragédie ukrainienne

Par Giuseppe Gagliano, Président du Centro Studi Strategici Carlo De Cristoforis (Côme, Italie) À la lumière de la tragédie ukrainienne, le jugement historique sur la classe dirigeante de l’Union européenne mérite lui aussi une réévaluation profonde. Non pas tant pour ce qui s’est passé en 2022, mais pour ce qui aurait pu être évité au cours des trente années précédentes. Car si Washington a pris, depuis l’époque de George W. Bush, des décisions provocatrices et imprudentes vis-à-vis de la Russie, Bruxelles et les capitales européennes ont brillé par leur absence de retenue ou de clairvoyance. Pire encore, elles ont souvent applaudi. Robert Gates, ancien secrétaire à la Défense, l’a écrit clairement dans ses mémoires : la longue liste des actions unilatérales américaines – depuis le retrait du traité ABM en 2002 jusqu’à l’expansion de l’OTAN vers l’Est, en passant par la reconnaissance du Kosovo et le soutien à l’indépendance de la Géorgie et de l’Ukraine – constituait une suite de provocations délibérées. Le Kremlin l’a noté, tandis que…

Lire la suite

Publié le

Résolution citoyenne relative à l’engagement militaire et financier de la France en Ukraine signifiée par huissier

Le Courrier des stratèges L’article L 4111-1 du Code de la Défense dispose que : « L’armée de la République est au service de la Nation. Sa mission est de préparer et d’assurer par la force des armes la défense de la patrie et des intérêts supérieurs de la Nation ». Depuis le début de l’année 2022, des informations persistantes, bien que non confirmées officiellement, évoquent une présence de troupes françaises en Ukraine. Si ces faits étaient avérés, ils soulèveraient une grave question de conformité avec l’article 35 de la Constitution, qui impose au Gouvernement d’informer le Parlement dans les trois jours suivant une intervention militaire à l’étranger et de soumettre toute prolongation au-delà de quatre mois à un vote. Or, à ce jour, aucune communication claire n’a été faite devant les assemblées, laissant les citoyens dans l’ignorance et privés de leur droit à un contrôle démocratique sur l’emploi de leurarmée. Par ailleurs, les accords de sécurité franco-ukrainiens signés le 16 février 2024, prévoyant un soutien militaire et…

Lire la suite

Publié le

« NOUS LES AVONS LIBÉRÉS DU NAZISME, ILS NE NOUS LE PARDONNERONT JAMAIS »

RÉGIS DE CASTELNAU 22 juin 1944, il y a trois ans jour pour jour qu’Hitler et l’Allemagne nazie ont lancé leur guerre d’extermination contre l’Union soviétique. Les forces alliées qui avaient débarqué le 6 juin piétinent en Normandie, les Allemands maîtrisent encore l’essentiel des territoires conquis dans les trois premières années du conflit mondial. Aux premières heures de ce jour, les positions de l’armée allemande Biélorussie subissent la première préparation d’artillerie de l’opération Bagration, la plus grande opération militaire combinée de l’Histoire Pour la première fois, Joukov et les Soviétiques vont pouvoir mettre en œuvre le fameux « art opératif » qu’ils ont été les premiers à théoriser au début des années 30. Stalingrad fut une bataille d’anéantissement classique, Koursk une bataille défensive, Bagration qui va comporter 10 offensives coordonnées (« Joukov joue du piano » écrira Lidell Hart) va concerner un front de 1000 km et permettre, à la stupéfaction du monde entier, une avancée de 600 km. Elle sera précédée d’une préparation logistique assez incroyable pour…

Lire la suite