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L’Allemagne merkelienne, passager clandestin de l’Occident

par Philippe Fabry – 31 juillet 2018 Angela Merkel lors d’une conférence de presse à Berlin, le 20 juillet 2018.  Jamais l’Occident n’aura été aussi divisé, depuis la fin de la Seconde guerre mondiale, que durant les derniers mois : le moins que l’on puisse dire est que les relations entre l’Amérique et l’Union européenne sont mauvaises, cependant qu’au sein même de l’Europe la division s’installe. De cette discorde, on s’accuse mutuellement : c’est la faute des populistes, c’est la faute des nationalistes, c’est la faute de Trump, ou bien c’est la faute des élites, c’est la faute de Bruxelles… De fait, il n’y a plus, ou ne semble plus y avoir, de vision stratégique globale, partagée, comme elle exista longtemps : sans nier des intérêts ponctuellement divergents, Européens réunis, et Européens et Américains ensemble, s’accordaient sur des intérêts globaux communs prioritaires : la liberté de commerce, l’importance de la démocratie et la défense des droits de l’homme, la liberté de circulation, etc. Berlin en marge de l’Occident Mais en y regardant…

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Sommet de l’OTAN : l’alliance atlantique peut-elle survivre à la fin de l’Occident (et réciproquement…) ?

  Atlantico : Le sommet de l’OTAN s’ouvrira pour deux jours, ces 11 et 12 juillet à Bruxelles, en présence d’un Donald Trump qui avait déjà pu qualifier l’organisation « d’obsolète » dès 2016. Une position qui s’est renforcée au fil des mois, jusqu’à en arriver à ses déclarations du 5 juillet dernier « Vous savez, Angela, nous vous protégeons et cela signifie beaucoup plus pour vous, parce que je ne sais pas quelle protection nous obtenons en vous protégeant ». « Je vais dire à l’OTAN : vous devez commencer à payer vos factures. Les Etats-Unis ne vont pas s’occuper de tout ». Dans un tel contexte, et en prenant au mot Donald Trump sur cette notion d’obsolescence, l’Occident peut-il survivre à l’OTAN ?? Inversement, l’OTAN peut-il survivre à un délitement de l’Occident ? Philippe Fabry : Avant tout, je voudrais faire un petit rappel historique : après la fin de la Seconde guerre mondiale, les Etats-Unis avaient la volonté de retourner outre-Atlantique, par un retour du puissant isolationnisme d’avant-guerre. Si l’OTAN a été créée en 1949, c’est à…

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Tump-Poutine : les vrais ressorts de la prochaine rencontre

Par Philippe Fabry   Donald Trump rencontrera Vladimir Poutine le 16 juillet prochain. Depuis que cela a été annoncé, le discours sur la « collusion » entre le président américain et/ou son entourage et les services russes, a repris du poil de la bête, et en particulier le laius très présent dans les médias selon lequel, durant sa première année de mandat, l’attitude assez hostile de Trump envers la Russie de Poutine servait à « donner des gages » et à réfuter les accusations de collusion. Trump, à présent, retournerait à une authentique sympathie poutinienne. Si ce premier sommet officiel angoisse particulièrement nos commentateurs, c’est notamment en raison des dernières déclarations fracassantes de Donald Trump au G7, qui a expliqué que la Russie pourrait être réintégrée. Cela a été l’occasion de déblatérer à loisir sur « l’abandon » de l’Europe par les Etats-Unis, qui demeurent pourtant les seuls à déployer une brigade blindée en Pologne pendant que l’Allemagne d’Angela Merkel refuse toujours obstinément de gonflier son budget militaire pour satisfaire aux exigences de l’OTAN,…

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En route vers la récession mondiale de 2019

Par Charles Gave 2 juillet 2018   Il y a deux semaines, j’ai développé devant les lecteurs de l’IDL le concept de base monétaire mondiale, qui n’est rien d’autre qu’une tentative de mesurer les quantités de dollars à l’intérieur et à l’extérieur des États-Unis pour déterminer s’il y avait plus d’idiots que d’argent ou plus d’argent que d’idiots. Je renvoie à ce papier pour une explication du concept. Comme je l’indiquais alors, la base monétaire mondiale, telle que je la mesure, est en baisse d’une année sur l’autre. Plus d’idiots que d’argent donc. J’en tirais la conclusion que nous rentrions dans une période de crises financières, ce qui n’était qu’une constatation et non pas une explication. Cette semaine je vais essayer de mettre en lumière les mécanismes qui nous font passer d’une contraction de la base monétaire à une crise financière et de là à une récession mondiale qui pourrait nous frapper en 2019. Tout commence par une contraction du commerce international, conséquence de la baisse du nombre…

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Dans la série : outils utiles, la courbe des taux

Par Charles Gave 25 juin 2018 Les économistes ont une vieille habitude semblable à celle des médecins de Molière : Ils aiment faire croire au bon peuple qu’ils savent des choses profondes et pour le convaincre de cette vérité, ils emploient des mots compliqués, qui dans le meilleur des cas recouvrent des notions très simples, mais dans la plupart du temps dissimulent simplement leur ignorance. Je m’explique, en prenant un exemple. Je suis sûr que certains lecteurs de l’IDL ont dû voir dans la presse des allusions au fait que « la courbe des taux « aux USA était « en train de s’aplatir », et que cela « était une mauvaise nouvelle pour l’activité économique à venir aux USA ». J’imagine que bon nombre d’entre eux ont dû se dire : « mais de quoi s’agit ‘il » ? De quoi est-on en train de parler ? Quelqu’un pourrait-il me traduire cette phrase en un langage compréhensible ? C’est ce que je vais essayer de faire dans la chronique de cette semaine. Tout commence avec les taux d’intérêt qui relient deux concepts…

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Kim Jong-Un : une stratégie « à la chinoise » pour la Corée du Nord

Par Philippe Fabry 22 juin 2018 FIGAROVOX/ANALYSE – La Corée du Nord semble suivre la même voie que la Chine, réintégrée dans le concert des nations après la rencontre entre Mao et Nixon en 1972. Si c’est le cas, il faut s’attendre à une libéralisation économique à Pyongyang, mais pas à un changement de la nature du régime. Philippe Fabry est docteur en histoire du droit. Il a notamment publié Rome, du libéralisme au socialisme. Leçon antique pour notre temps Le sommet de Singapour entre Donald Trump et Kim Jong-Un s’est achevé par une poignée de main historique, et la signature d’un premier document commun – certes très succinct et vague, mais on ne pouvait guère attendre plus de ce premier contact après des décennies de rupture. Peut-être dira-t-on à l’avenir que seul Trump pouvait obtenir des concessions de la Corée du Nord. Cependant, si le président américain a indéniablement joué une partition décisive, il est peu vraisemblable que l’affaire serait allée si vite si Kim Jong-Un lui-même n’avait…

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La question fondamentale

Par Charles Gave 18 juin 2018   Comme me l’avait dit il y a bien longtemps l’un de mes mentors lorsque j’ai commencé à réfléchir sur les marchés financiers : « Charles, la seule question est de savoir s’il y a plus d’idiots que d’argent (les marchés baissent) ou plus d’argent que d’idiots (les marchés montent) ». Le principe est simple et très juste, son application dans la réalité est, et reste, oh combien difficile, hélas. Revenons un peu en arrière, au moment de la grande crise de l’Euro de 2011-2012. La BCE, suivant en cela la Fed décide de jeter son bonnet par-dessus les moulins et se met à acheter des obligations d’état et cet exemple sera rapidement suivi par la banque du Japon. Et donc, de 2012 à 2017, nous avons eu beaucoup plus d’argent que d’idiots et les marchés en conséquence se sont fortement appréciés. Changement de décor en 2017. La Fed annonce qu’elle va réduire la taille de son bilan, alors même que la BCE et la banque du Japon maintiennent…

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Le grand retour du peuple et de la nation souveraine

Par Charles Gave 11 juin 2018 Revenons en arrière. Le mur de Berlin vient de tomber et deux thèses s’affrontent assez rapidement. Celle de la « fin de l’Histoire », portée par Francis Fukuyama et celle du « choc des civilisations », soutenue par Samuel Huttington. Le premier avançait que le futur appartenait à la démocratie occidentale et au système de marché libre et que l’Histoire au sens hégélien du terme était finie. Cette idée fut reprise par tous les Trissotins français du type de notre trio infernal, Minc, Attali et BHL, qui d’ailleurs la soutiennent toujours contre vents et marée. Le deuxième, Huttington, montrait que l’opposition entre l’Union soviétique et les USA s’était produite à l’intérieur de la même civilisation – la nôtre – et que les conflits du futur allaient opposer non pas des pays ou des systèmes à l’intérieur de la même civilisation, mais des civilisations entre elles, et en particulier que nous allions tout droit vers un conflit entre la civilisation musulmane et les autres civilisations – dont la nôtre.…

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Vous savez quoi ? J’ai la trouille

Par Charles Gave 4 juin 2018 L’une des nouvelles de Stefan Zweig m’a profondément marqué. L’histoire se passe dans une ville de villégiature dans les montagnes Autrichiennes, en été, dans un petit hôtel. La température est étouffante et un orage gronde dans le lointain. Et Stefan Zweig nous décrit la réaction des clients et du personnel de l’hôtel à cette situation. La femme, écrasée sur son lit, éperdue d’angoisse. L’homme, s’emportant contre tout un chacun, le personnel devenant invisible, la nature immobile, les animaux silencieux. L’orage éclate, extraordinairement violent, et une fois passé, tout redevient normal, les choses reprennent leurs cours, les sourires renaissent et tout le monde de descendre dîner tranquillement… Eh bien, comme les lecteurs le savent, depuis un petit moment, je trouve que l’air financier est en train de devenir quelque peu irrespirable, ce qui ne facilite pas la réflexion. J’ai souvent utilisé une image pour décrire les crises financières, en les comparant à la pêche à la dynamite. Vous balancez un bâton de dynamite dans…

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