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Réflexions sur la notion de croissance

Par Charles Gave 3 décembre, 2018 Un certain nombre de lecteurs me font part de l’impossibilité matérielle qui existerait selon eux à la croissance « perpétuelle », compte tenu des contraintes physiques qui existeraient sur le pétrole, le charbon, l’espace physique ou que sais-je encore. C’est bien entendu la vieille thèse malthusienne qui revient encore et toujours. Elle stipulait à son début que comme la population s’accroissait en progression géométrique et la production de nourriture en progression arithmétique, à un moment ou à un autre il y aurait pénurie de nourriture et que nous aurions d’immenses famines. Cette thèse n’a jamais été confirmée depuis le début de la révolution industrielle, mais cela ne l’empêche pas de revenir encore et toujours sur le devant de la scène tant elle paraît logique. Par exemple, en 1973, au début de ma carrière, le fameux Club de Rome publia un ouvrage appelé « les limites de la croissance » qui fut un best-seller mondial et dans lequel était annoncé que nous allions manquer de pétrole dans…

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Gilets Jaunes : les raisons d’une colère populaire parfaitement logique

Par Charles Gave Je suis toujours complètement abasourdi par l’aveuglement de ceux qui prétendent nous diriger. Il m’arrive de penser que dans le fond, ils n’ont aucune compréhension des notions économiques de base qui devraient guider leurs actions et pour en faire la démonstration, je vais prendre l’exemple de la révolte des gilets jaunes qui semble se propager un peu comme les feux de tourbe autrefois, disparaissant ici pour réapparaître un peu plus loin et ainsi de suite. Je vais commencer par la notion de VALEUR qui est centrale à toute compréhension économique. Je choisis souvent l’exemple de l’aigue-marine que ma mère portait sur sa main gauche. Cette aigue-marine n’avait pas grande valeur « marchande », mais pour moi elle avait une valeur infinie et donc elle n’avait pas de prix. La valeur est ainsi une notion purement subjective. Ce qui m’amène à ma deuxième notion le passage de la valeur subjective à un prix objectif. D’ici quelques dizaines d’années, plus aucune personne vivante n’aura connu ma mère, et cette…

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Désarroi et fanfaronnade dans la  fracosphère du Grand-Est

Par Nicole Esterolle   Vous trouverez ci-joint copie d’un article de Madame Lequeux du Monde, au sujet du FRAC tricéphale Grand-Est , et qui en dit long sur l’irréversible état de  déliquescence de ces Fonds Régionaux. Il faut dire que la région a été fortement marquée par la mythique Béatrice Josse,  « directrice historique du FRAC-Metz », qui a été la première a acheter une œuvre immatérielle de Tino Sehgal (pour lutter contre les dérives capitalistes du marché) ; la première a avoir mis du parfum gingembre et fleur d’oranger pour les peintures des murs de son FRAC ; la première à avoir installé ces petits macarons (voir image) sur le dallage de sa cour intérieure de FRAC ; la première à entrainer le visiteur  « à travers un parcours de sensations intérieures par le biais d’ondes et de vibrations rétiniennes et auditives « ; la première à avoir organisé un rodéo nocturne dans la ville (pour je ne sais plus quelles obscures raisons) ; la première à avoir rempli la cour du FRAC avec des bulles…

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Une immense découverte de l’IDL 

Par Charles Gave 19 novembre, 2018   Après le complexe d’Œdipe et le complexe d’Électre, découvrez le complexe d’Agnan J’imagine que tous les lecteurs de l’IDL ont dû lire les « aventures du Petit Nicolas », de Sempé et Goscinny. Dans ce chef-d’œuvre immortel, le petit Nicolas va en classe pour y retrouver tous ses copains, Eudes, Clotaire, Alceste, Joachim, Geoffroy, unis par une détestation commune de l’ignoble Agnan, le chouchou de la maîtresse, qui non seulement connaît toutes les réponses, mais aussi s’empresse de dénoncer à la maîtresse celui qui n’a pas fait ses devoirs ou qui a oublié son cartable à la maison. Nous avons tous eu Agnan dans notre classe, celui sur lequel on ne pouvait pas taper parce qu’il avait des lunettes et qu’en plus, il nous aurait dénoncé immédiatement. C’est Agnan qui rappelle à la maîtresse qu’elle avait promis de faire une interrogation écrite en sciences naturelles, c’est Agnan qui dit à la maîtresse ou Alceste a caché son sandwich, c’est Agnan qui ne sait pas qui…

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Multilatéralisme et Forum sur la Paix

Par Philippe Fabry   14 novembre 2018 Une nouvelle fois Atlantico m’a posé des questions auxquelles j’ai répondu mais pour une raison qui m’achappe cela n’a pas été publié. Voici l’entretien. 1. Lundi 12 octobre se tient le Forum de la Paix à Paris. Y participent de nombreux chefs d’Etat, ou d’institutions supranationales, mais pas Donald Trump. On y retrouve aussi de nombreux donateurs influents comme certains acteurs majeurs de la Silicon Valley (Google, Facebook, eBay, Microsoft) ou encore les Open Society Fondations de George Soros. Les points de vue moins mondialistes sont absents. Cependant n’est-il pas contre-productif, voire antithétique de penser l’avenir de la paix sans y associer les populistes qui deviennent incontournables aujourd’hui ? Peut-on cultiver la paix comme un entre-soi ? J’ignore s’il y a eu une réelle volonté d’écarter les populistes. Trump sera absent, c’est un fait, mais cela relève de sa volonté : il n’apprécie guère ces manifestations de multilatéralisme qui tiennent un peu de la réunionite à l’échelle internationale. Il préfère déjeuner avec…

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Commentaires sur les élections aux Etats-Unis

Par Charles Gave 12 novembre, 2018 Chacun connaît le résultat des élections de « mid-term ». Le Parti républicain renforce de façon sensible sa majorité au Sénat tandis que le parti démocrate l’emporte à la chambre des représentants, ou ils auront une majorité de 11, ce qui n’est pas énorme et que les positions des uns et des autres se maintiennent plus ou moins pour les postes de gouverneurs. Grosso modo, un match nul donc ? Peut-être, mais je ne le crois pas vraiment et pour trois raisons. La première est que la gauche américaine nous expliquait depuis deux ans que monsieur Trump était un accident de l’histoire, un Président « illégitime » une erreur de la démocratie et que lui et ses partisans allaient être balayés par le vent de l’Histoire soufflant en tempête. Il n’y a pas eu de vague bleue (la couleur du parti démocrate), mais un retour à une situation normale où le parti au pouvoir souffre lors des élections de mi-mandat. La deuxième est que le pays a…

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Je serai à la manifestation du 17 novembre

 Par Charles Gave 5 novembre 2018   Après l’élection de monsieur Macron, j’avais écrit qu’en tant que citoyen je lui souhaitai de réussir, mais qu’en tant qu’économiste j’étais certain qu’il allait échouer. Hélas, il apparaît que ce sombre pronostic est en passe de se vérifier… Comme le disait Bernanos : « Il y a une bourgeoisie de droite et il y a une bourgeoisie de gauche. Il n’y a pas de peuple de droite et de peuple de gauche. Il n’y a qu’un peuple qui n’est ni de droite ni de gauche, et qui aime la France. » Et la France a souvent été sauvée par son peuple, comme à Bouvines, à Valmy ou à Verdun. Mais le Président que nous avons élu n’aime ni la France ni son peuple. Commençons par le premier point : Il n’aime pas la France et c’est sans doute le premier Roi de France de l’Histoire qui n’aime pas son pays. Pendant la campagne présidentielle, il nous annonce tout tranquillement qu’il n’y a pas de culture française, ce…

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Cétacés et crises

Par Charles Gave 29 octobre 2018 Les marchés sont difficiles en ce moment, ce qui ne saurait surprendre les lecteurs de l’IDL (voir par exemple « vous savez quoi ? J’ai la trouille… »). La question essentielle pour analyser ce qui se passe est bien entendu : mais pourquoi ces saloperies de marchés baissent-ils ? Et à cette interrogation, vos journaux et nombre de « spécialistes » s’empressent de répondre en mettant en cause la guerre commerciale sino-américaine, le Brexit, les populistes en Italie ou que sais-je encore. Je suis plus circonspect. Mon expérience des marchés baissiers m’amène en effet à beaucoup de modestie. En général, quand un marché se met à baisser, on n’en découvre la vraie raison que vers la fin du mouvement, quand les grandes baleines bleues remontent àla surface. Les lecteurs de l’IDL connaissent bien l’image de la pêche à la dynamite que j’ai souvent utilisée dans ces chroniques : si vous balancez une grenade dans la mer, les petits poissons remonteront en premier, les thons et les mérous en second puis nous…

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Argent, Intelligence, Georges Soros et Scott Peck

Par Charles Gave 22 octobre, 2018 Dans un livre de l’abbé Guillaume de Tanouarn (Délivrés, Éditions du Cerf), j’ai trouvé une remarquable citation de Marx sur l’argent. Elle est un peu longue, mais met fort bien évidence le fait que le Marxisme n’a jamais été qu’une pauvre hérésie du Christianisme.  « Ce que je peux m’approprier grâce à l’argent, ce que je peux payer, autrement dit ce que l’argent peut acheter, je le suis moi-même, moi, le possesseur de l’argent. Les qualités de l’argent sont mes qualités et mes forces essentielles en tant que possesseur d’argent. Ce que je suis et ce que je puis, ce n’est nullement mon individualité qui en décide. Je suis laid, mais je puis m’acheter la femme la plus belle. Je ne suis pas laid, car l’effet de la laideur, sa force repoussante est annulée par l’argent. Je n’ai pas d’esprit, mais l’argent étant l’esprit réel de toutes choses, comment son possesseur manquerait-il d’esprit ? Il peut en outre s’acheter les gens d’esprit, et celui qui…

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Petit cours sur les origines de la croissance économique

Par Charles Gave 15 octobre, 2018 Étude de cas sur l’Italie  Pour qu’il y ait croissance économique, il faut que trois personnes « jouent » harmonieusement entre elles, sans trop se disputer. Ces trois personnes sont le travailleur, le rentier et l’entrepreneur. Le travailleur offre sa force de travail et disait Locke, l’un des pères du Libéralisme, nul ne peut lui voler le produit de son travail, ce qui sous-entend que l’esclavage est interdit. Le rentier dispose de ce bien rare entre tous qu’est le capital et veut bien le prêter, à condition de toucher sa rente et d’être certain de revoir son capital à la fin du contrat. L’entrepreneur quant à lui achète le travail, paie le coût du capital et prend des risques en combinant capital et travail du mieux qu’il le peut. Si le produit des ventes qu’il a effectuées est supérieur à ce qu’il a payé pour avoir accès au travail et au capital, il fait un profit et bien sûr c’est de l’apparition de ce…

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