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Jamais deux sans trois, retour sur les élections européennes

 

J’ai lu avec un manque d’intérêt considérable (comme Jules Renard, j’ai presque envie de dire « d’un derrière distrait »), nombre d’articles sur le résultat des élections européennes. La quasi-totalité de ces papiers semblait se donner un mal de chien pour ne pas voir l’éléphant dans le corridor. Et cet éléphant, c’était bien sûr la complète disparition de ce qu’il était convenu d’appeler autrefois les partis de gouvernement, c’est à dire les socialistes et les gaullistes.

Revenons en arrière de quelques décennies…

Ces deux formations et leurs satellites (communistes pour les socialistes, centristes pour les autres), tout additionné, faisaient 80 % des voix. Les premiers étaient censés défendre le prolétariat, les seconds la France éternelle… Aujourd’hui, en additionnant les voix de tous ces partis, on arrive péniblement à 20 % et encore… Ce qui est bien normal : depuis trente ans, la gauche a trahi le Peuple tandis que la droite a trahi la Nation, et donc leurs électorats les ont logiquement abandonnés. Et pourquoi toutes deux ont-elles trahi leur électorat ? Pour servir une idée de l’Europe censée être supérieure et aux peuples et aux nations, idée qui est en train de s’écrouler. Ils n’ont que ce qu’ils méritent, et c’est une des beautés de la démocratie que de pouvoir se débarrasser des incapables, ce qui s’est confirmé lors de ces dernières élections.

Le lecteur va se dire à ce moment du raisonnement : ‘’ et donc tout va bien, des forces nouvelles sont en train de naitre et tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes ». Je n’en suis pas si sûr. En fait, je suis certain du contraire : rien de nouveau n’a émergé lors de ces élections.

Revenons à une analyse que j’ai souvent présentée par le passé et qui n’est guère originale : la France est un pays où la démocratie a été capturée par une élite administrative autoproclamée.  Ce groupe n’a qu’un but : maintenir son contrôle sur le pays sans que des élections puissent remettre en cause leur pouvoir de « classe », pour parler comme un marxiste.

Notre démocratie est en fait un théâtre d’ombres où les électeurs avaient le choix entre Fabius et Rocard d’un côté, et Giscard ou Chirac de l’autre, ce qui ne présentait guère de différences. En fait, il n’y avait aucune différence à l’intérieur de chaque parti et aucune différence non plus d’un parti à l’autre.  Quoi que l’on ait commandé, on avait toujours un big Mac. Car si l’un des lecteurs voit la moindre différence entre Juppé et Fabius ou entre Giscard et Macron, ou entre Chirac et Rocard, qu’il veuille bien m’écrire pour me libérer de mes erreurs. Et donc la moitié de cette élite se disait de gauche, l’autre de droite, et les élections ne changeaient jamais rien. Comme le disait Coluche : si les élections changeaient quelque chose, elles auraient été interdites depuis longtemps. 

Car cette classe sait mieux que quiconque que la démocratie est chose difficile à contrôler, tant les citoyens peuvent se montrer incompétents. Pour pouvoir rester au pouvoir, elle a donc suivi depuis des décennies le « projet » de Jean Monnet : affaiblir la Nation et court-circuiter la démocratie en transférant toutes les souverainetés à des technocrates non élus (c’est-à-dire à leur classe), pas au niveau national, ce qui aurait été trop visible, mais au niveau européen (voir le dernier livre de Philippe de Villiers qui porte sur ce sujet). Mais nos chères élites ont eu la peur de leur vie quand nous avons eu tour à tour les peuples en Grande-Bretagne votant pour le Brexit, et aux USA pour Trump. Panique à bord ! A donc été prise d’abord la décision de fusionner tous leurs partisans en un seul parti, détruisant de ce fait le mythe de l’opposition entre les deux partis des gouvernements, ce qui n’était guère difficile tant plus personne n’y croyait, à l’exception bien sur des journalistes payés pour maintenir cette croyance.  Pour donner quelque crédibilité à ce tour de bonneteau, il leur fallait faire surgir un homme neuf, issu de leur caste, ce qui fût fait, Et c’est là où nous en sommes…

Mais dans la presse aux ordres, nul ne répond jamais à la question : pourquoi les anciens partis de gouvernement ont-ils échoué ? La réponse est bien sûr : parce qu’ils ont suivi une politique idiote.  Mais si cette classe est restée au pouvoir (ce qui est le cas) et continue à suivre la même politique (ce qui est aussi le cas), il est à peu près certain que l’échec va être au rendez-vous de nouveau. Comme le disait Einstein : « la définition de la folie est de faire toujours la même chose en espérant à chaque fois un résultat diffèrent. »

Et donc, il faut se poser la question : En quoi leur politique était idiote ? La réponse est simple : parce qu’ils méprisent les choix individuels qui n’existent que s’il y a des prix libres. Dans un premier temps, ces grands esprits ont décidé de supprimer l’un des prix les plus importants, le taux de change, en créant l’Euro, pour que nous devenions tous des Allemands. Ce qui a détruit les industrie françaises et italiennes au bénéfice de l’Allemagne.

De 1975 à 2000, France et Allemagne ont le même taux de croissance de leurs productions industrielles. Comme la France est moins efficace que l’Allemagne, le DM double par rapport au Franc pendant cette période, ce qui permet de protéger les entreprises françaises contre les imbécillités des politiques, en laissant le taux de change s’ajuster.

Arrive l’Euro.  L’Allemagne, qui ne souffre plus de la concurrence française, voit sa production augmenter de 30 % tandis que la nôtre baisse de 5,1% … Les entrepreneurs n’étant plus protégés par le taux de change, leur rentabilité s’écroule, et avec elle la production industrielle. Mais comme la production industrielle s’est écroulée, il faut la remplacer par quelque chose qui ne souffrira pas de la concurrence allemande, c’est-à-dire les dépenses étatiques. Ce qui est fait.

 

De 1989 à 2000, production industrielle et dépenses étatiques montent de pair.

Depuis 2000, c’est à dire le début de l’Euro, la production industrielle française s’est écroulée tandis que les dépenses gouvernementales s’envolaient.

Et comment ces dépenses ont-elles été financées ? Par une émission de dettes sans précédent en France pendant une période de paix, la dette brute passant de 70 % du PIB à 110 % aujourd’hui. Mais si la France payait des taux de marché sur cette dette (environ 3 %) et comme cette dette est détenue à 70 % à l’étranger, cela voudrait dire qu’il nous faudrait payer une « rançon » d’environ 2 % du PIB chaque année. Et comme le PIB ne croit que de 1.5 %, cela impliquerait une baisse constante du pouvoir d’achat de chaque Français d’environ 0.5 % à 1 % par an.

Qu’à cela ne tienne, la BCE arrive au secours et décide d’acheter des obligations des États membres (dont la France) et de coller les taux d’intérêts à zéro. Du coup, servir les nouvelles dettes ne coûte plus rien. Ce qui veut dire que la charge de financer le déficit retombe sur les épargnants et retraités français. D’où les gilets jaunes. Mais cela veut dire surtout qu’il n’y a plus de prix de marché, ni pour le taux de change ni pour les taux d’intérêts, et que donc notre système de prix est complètement et irrémédiablement faussé. Nous sommes de retour en Union Soviétique. La création destructrice ne peut plus avoir lieu.

L’économie de la zone Euro va se casser la figure, ce que semble confirmer les indicateurs économiques avancés de l’OCDE. Et la situation apparait bien pire en Italie. Monsieur Macron va se retrouver devant une récession européenne accompagnée sans aucun doute par une nouvelle crise de l’Euro (cf l’étude récente du FMI à ce sujet). Cette nouvelle crise va amener à une totale perte de légitimité de ceux qui ont soutenu ce projet débile depuis le début. Et NUL n’a plus soutenu ce projet contre nature en le qualifiant de « progressiste » que monsieur Macron. Dans les faits, le projet que porte monsieur Macron est à l’évidence de gouverner et contre le Peuple et contre la Nation, ce qui n’a jamais gêné les bourgeois. Mais, dès que ces bourgeois vont se rendre compte qu’ils perdent de l’argent avec monsieur Macron, ils vont tous quitter le navire, en même temps.

Et donc le prochain écroulement de la fusion des anciens partis de gouvernement, qui porte le nom de LREM, et qui reste le seul porteur du désastreux projet européen en France, c’est à dire le parti du Président, est inévitable, et à mon avis cela se passera avant les élections de 2022, surtout si les Italiens décident que la plaisanterie a assez duré.

Se maintenir au pouvoir quand on sert les intérêts de l’étranger et que l’on on est à la fois incompétent et illégitime a toujours été difficile dans notre pays.