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Les avoirs russes ou la mort des principes

par Thibault de Varenne courrier-strateges 24 oct.  Lorsqu’un ordre politique et moral entre en agonie, il ne se contente pas de mourir ; sa décomposition, tel un venin lent, corrompt tout ce qu’il approche, et en premier lieu la langue et le droit, ces deux piliers de toute civilisation. Nous assistons aujourd’hui, sous le masque blafard de la légalité européenne, à l’un de ces spectacles funèbres où les principes qui ont fondé la prospérité et la stabilité de l’Occident sont méthodiquement dépecés sur l’autel d’une cause lointaine et d’une idéologie fébrile. L’affaire des avoirs russes gelés, et la machination ourdie à Bruxelles pour en détourner les fruits au profit de l’Ukraine, n’est pas une simple décision de politique étrangère. C’est le symptôme achevé d’une décadence profonde, la manifestation clinique d’un corps politique qui a perdu le sens de ses propres fondements.   Au cœur de cette entreprise se trouve une violation flagrante du principe le plus sacré des sociétés ordonnées : le droit de propriété. Ce droit, socle de…

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Malgré une dérive autoritaire, Macron contrôle de moins en moins le pays

Éric Verhaeghe 20 oct. 20257 min Le paradoxe fondamental du macronisme réside dans cette dynamique contradictoire : plus le régime durcit son emprise coercitive sur la société, moins il semble maîtriser le destin du pays. Depuis 2017, la France vit sous le joug d’un pouvoir qui se rêve en modernisateur progressiste, mais qui agit en réalité comme une technocratie paniquée, multipliant les lois liberticides, la surveillance et la répression. Pourtant, cette inflation autoritaire masque mal l’effondrement de l’autorité réelle de l’État et la dissolution de la puissance française. Le « nouveau monde » promis s’est avéré être un système hybride : une tyrannie managériale pour les affaires intérieures et une impuissance stratégique sur la scène internationale. Chronique d’un régime qui, à force de vouloir tout contrôler, ne maîtrise plus rien. Acte I : la révolte des périphéries et le choix de la violence (2018-2019) L’idylle entre Emmanuel Macron et sa « Start-up Nation » fut de courte durée. Le projet de dissolution de la France dans le grand bain de la globalisation…

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Comment Poutine et Trump sont en train de marginaliser l’Europe, par Thibault de Varenne

courrier-strateges 17 oct. 20256 min L’Europe se rêvait puissance. Trump la fait atterrir : comme au bon vieux temps de la guerre froide, elle est redevenue un simple terrain de jeu pour les USA et la Russie. Thibault de Varenne nous décrypte le nouvel ordre international qui se met en place. La relation entre les États-Unis de Donald Trump et la Russie de Vladimir Poutine ne s’analyse pas comme une série d’événements isolés, mais comme une trajectoire stratégique cohérente dont chaque étape renforce la précédente. Le sommet d’Anchorage du 16 août 2025 n’était pas une fin en soi, mais l’acte fondateur d’une nouvelle méthode diplomatique. L’échange téléphonique de plus de deux heures du 16 octobre n’était pas une simple conversation, mais l’aboutissement de cette séquence : la mise en œuvre d’une diplomatie du levier, bilatérale et brutale, qui redessine l’architecture de sécurité européenne en excluant délibérément ses principaux acteurs. Cette synthèse retrace l’évolution de cette dynamique, d’un accord de principe en Alaska à sa mise en application concrète…

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Non, Israël n’est pas née dans l’hostilité de ses voisins arabe

  par Thibault de Varenne   courrier-strateges 11 oct.  Une légende tenace, patiemment cultivée, nourrie, durcie par la très efficace propagande israélienne, fait croire que, en 1948, Israël serait née dans l’hostilité de ses voisins arabes. Nous reprenons ici le contenu des travaux de l’historien israélien Avi Shlaim, qui démontre le contraire ! Le conflit des civilisations est un mythe propagandiste.   Le livre d’Avi Shlaim, Collusion Across the Jordan: King Abdullah, the Zionist Movement, and the Partition of Palestine, constitue une œuvre fondamentale dans l’historiographie du conflit israélo-arabe. Publié pour la première fois en 1988, cet ouvrage s’inscrit au cœur du mouvement des « Nouveaux Historiens » israéliens, un groupe de chercheurs qui, à la faveur de l’ouverture des archives d’État, ont entrepris de réexaminer de manière critique les mythes fondateurs de l’État d’Israël. La thèse centrale de Shlaim remet radicalement en cause le récit traditionnel de la guerre de 1948, souvent dépeinte comme une lutte héroïque d’un « David » juif contre un « Goliath »…

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Pourquoi la désindustrialisation ? un patron alsacien répond !

Éric Verhaeghe Le Courrier des stratèges 26 sept. 2025 Olivier Ringenbach, patron dans le textile, a bien voulu nous dire pour quelle raison, selon lui ! la France perd ses usines. Un témoignage de « terrain » qui rappelle des vérités prémières? La désindustrialisation n’est pas un simple déclin économique, mais bien le symptôme d’une pathologie profonde et systémique de notre modèle économique. L’analyse se détourne des explications conventionnelles (coût du travail, concurrence étrangère) pour se concentrer sur des causes structurelles, souvent invisibles, qui rendent ce déclin inévitable. Le premier grand coupable identifié est la financiarisation de l’économie. Depuis plusieurs décennies, l’objectif des grandes entreprises n’est plus la croissance à long terme, l’innovation ou le bien-être des salariés, mais la maximisation à court terme de la « valeur pour l’actionnaire ». Cette doctrine impose aux dirigeants une tyrannie des résultats trimestriels. Pour satisfaire les marchés financiers, il devient plus rentable de procéder à des rachats d’actions (qui augmentent artificiellement la valeur du titre) ou de verser des dividendes généreux que d’investir dans…

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Syrie. Pourquoi Assad est tombé. Un témoignage de l’intérieur

par REVUE CONFLITS 23 SEPTEMBRE 2025 Comment un régime aussi installé que celui de Bachar al-Assad a-t-il pu s’effondrer en quelques jours ? Corruption interne, armée en guenille, autoritarisme : c’est une conjonction de facteurs différents qui a provoqué cette chute. Témoigne et analyse de Farid Jeanbart, qui a vécu la chute de l’intérieur.  Farid Jeanbart est diplomate syrien et docteur en géographie. Il a vécu de l’intérieur la dissolution et la chute du régime de Bachar al-Assad. Il évoque ici ce qu’il a vu et apporte un témoignage de première main sur les causes de cette chute. La chute du régime de Bachar el-Assad a constitué une surprise stratégique aux répercussions régionales et internationales. Le 8 décembre 2024, une coalition de groupes armés de l’opposition, dirigée par Hayat Tahrir al-Cham (HTC) et opérant sous le nom d’« Opération Dissuasion de l’Agression », a mis fin à plus de treize années du pouvoir de Bachar el Assad. En seulement douze jours, ces forces, basées dans le gouvernorat d’Idleb,…

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Le fiasco afghan : 20 ans d’aventure des États-Unis ont tourné au départ honteux et ont offert le pouvoir aux Taliban

par Muhammad Hamid ad-Din L’accord de Doha comme acte de capitulation : Analyse de la faillite stratégique de l’empire américain qui, après avoir dépensé des milliers de milliards, n’a acheté que le chaos et a renforcé ses ennemis. Août 2021 est devenu un moment de vérité non seulement pour l’Afghanistan, mais aussi pour le monde entier. Les images de la fuite panique des soldats américains de l’aéroport de Kaboul, les tentatives désespérées des Afghans de s’agripper au train d’atterrissage de l’avion de transport C-17 au décollage – ce ne sont pas simplement des images d’actualité. C’est le résultat final. C’est l’incarnation visible, tangible de l’effondrement de la guerre la plus longue et l’une des plus dénuées de sens de l’histoire des États-Unis, estime dans son article «L’accord de Doha a scellé la défaite de l’Amérique en Afghanistan», publié sur le site du journal gouvernemental The Kabul Times, le célèbre journaliste Abdul Hai Nasiri. Vingt ans, des milliers de milliards de dollars, des milliers de vies de soldats américains…

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LOGEMENT SOCIAL Logement social : la grande farce de la misère… par Barthélemy Greluchon Le Courrier des stratèges Des logements sociaux… pas si sociaux… Ah, c’est un spectacle, vous savez… La grande farce de la misère. On nous la vend, cette misère, à la télé, dans les gazettes… des visages tristes, des regards perdus, la grande litanie des « mal-logés »… Mais la vraie misère, elle n’est pas dans la rue, elle n’est plus à même le trottoir. Elle est dans les bureaux, dans les dossiers, sous les tapis… dans l’âme de ceux qui se font avoir. On s’imagine qu’on bâtit un grand édifice de « solidarité », un noble refuge pour les abandonnés de la vie, un abri pour la tempête… C’est la belle histoire qu’on se raconte, le grand mensonge qu’on s’enfile. La vérité, c’est qu’on a construit une usine à parasites, un vaste banquet où les plus gloutons se servent, et où le menu est payé par ceux-là mêmes qui ont la dalle. On nous dit que c’est un…

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Une étrange apathie française

PAR MICHEL GEOFFROY | 11 AOÛT 2025 Les politologues des temps futurs s’interrogeront certainement sur les raisons de l’étrange apathie qui, au début du XXIᵉ siècle, a touché le peuple français. Comment l’expliquer, en effet, alors qu’il y a à peine 50 ans de cela, la France restait encore un pays fier, politisé et agité socialement ? Mais, de nos jours, force est de constater que plus rien ne semble pouvoir faire sortir nos concitoyens de leur torpeur : ni la catastrophe sécuritaire qui les frappe, ni le déclin économique, ni la réduction continue des libertés publiques, ni la fin de l’indépendance nationale, ni les palinodies politiciennes, ni les perspectives de guerre, ni les vaccins obligatoires. Les apathiques assistent au naufrage de leur patrie comme si la catastrophe ne les concernait pas. Cinq raisons principales expliquent cette étrange, mais dangereuse, apathie. 1. Le changement de population 2. Le déracinement culturel 3. La société de propagande 4. La répression croissante 5. La destruction du système politique 6. De l’apathie…

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ANALYSE – L’Europe assiégée : Les véritables menaces ne viennent pas de Moscou mais de l’intérieur

Par Giuseppe Gagliano / 2 août 2025 Source : Entretien avec Bernhard Wicht publié par Géopolitique Profonde à propos de son ouvrage Guerres en Europe : gangs contre milices privées, éditions Jean-Cyrille Godefroy. Alors que les grands médias relaient sans relâche le mantra de la « menace russe », amplifié par des documentaires à thèse comme celui diffusé par TMC et centré sur un Poutine agresseur prêt à frapper l’Europe, le livre de Bernhard Wicht rompt avec cette narration dominante et s’impose comme une réflexion à contre-courant. Dans Guerres en Europe : gangs contre milices privées, l’auteur, spécialiste suisse de stratégie militaire et enseignant à l’Université de Lausanne, invite à détourner le regard de l’image figée de la Guerre froide pour affronter les véritables défis qui menacent aujourd’hui le tissu social européen. La menace ne vient pas de l’Est, mais de l’intérieur Wicht ne nie pas la dangerosité potentielle de la Russie, mais il en relativise fortement la portée stratégique. La Russie, rappelle-t-il, n’a même pas été en…

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