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J’ai fait un rêve

27 octobre 2019

La semaine dernière, j’expliquai que Boris Johnson avait toutes les cartes en main et que la seule solution pour les « remainers » au Parlement britannique était d’accepter leur défaite pour passer enfin à autre chose. Comme souvent quand je me hasarde en politique, je me suis trompé : les remainers (les hommes de Davos) ont bien accepté le nouveau plan de BOJO lors d’un premier vote, mais se sont crus très malins en votant qu’ils n’avaient pas eu le temps de l’étudier sérieusement, qu’il leur fallait un délai de réflexion et ont donc forcé, contre sa volonté, le Premier Ministre anglais à demander une nouvelle extension, jusqu’au 31 janvier 2020.

Nul doute que  cette fine manœuvre n’ait été organisé en liaison avec la diplomatie allemande et la technocratie à Bruxelles, tant l’on a vu nombre de députés britanniques dans l’Eurostar entre London et Bruxelles, où, après tout, ils n’avaient rien à faire… Le but final et de l’Allemagne et des remainers étant bien sûr que cela dure suffisamment longtemps pour qu’à la fin le Brexit n’ait pas lieu, et que l’on se retrouve dans une situation à la française où la population a voté mais où les élites, ayant manœuvré pour que rien ne change, finissent par l’emporter par lassitude de la partie adverse. Et tout semblait se passer comme prévu, avec l’aide du Parti travailliste qui, compte tenu de ses divisions internes, n’a aucune envie ni de voir BOJO triompher après le passage de son plan ni encore moins de se retrouver devant les électeurs, tant une déroute travailliste apparait comme certaine. Ce scenario est encore le plus probable, tant il semble arranger tout le monde, sauf le peuple britannique bien entendu. Mais il en existe peut-être un autre.

J’apprends en effet que BOJO et le Président français Emmanuel Macron auraient eu de longues conversations qui auraient amené notre Président à prendre la décision de ne pas accepter qu’un nouveau report ait lieu, sauf si le Parlement vote le texte dans les jours qui viennent (avant mardi), ou sauf si des élections sont organisées d’ici le 15 décembre.  Le marché présenté aux remainers est tout simple : ou vous signez, ou vous acceptez d’organiser des nouvelles élections, et si vous n’êtes pas d’accord pour l’un ou pour l’autre, et bien la France refusera toute prolongation et nous aurons un “HARD Brexit” . Et donc j’en arrive à me demander si par hasard le Président français aurait été touché par la grâce et se mettrait à suivre une politique favorable à la France à la place de soutenir les hommes de Davos… Et c’est cela qui constitue mon rêve, que notre Président se rende compte qu’il est en charge des intérêts de notre pays et non pas de constituer un Etat européen dont personne ne veut. Si le Président francais s’en tient à cette décision, ce qui est loin d’être certain, alors là nous rentrerions vraiment dans un ordre complètement nouveau en Europe, que je vais m’efforcer de décrire dans les lignes qui suivent.

D’abord, cela voudrait dire que la Grande-Bretagne sortira de l’Europe dans le mois qui vient. La seule possibilité laissée aux remainers étant de voter à toute allure pour accepter le plan de BOJO, faute de quoi le 31 octobre la Grande-Bretagne sortira de l’Europe sans qu’aucun accord n’ait été signé. Ce qui voudrait dire que l’Europe perdait 39 milliards de sterling (la rançon qu’elle avait accepté de payer pour pouvoir sortir), plus la contribution annuelle de la Grande Bretagne égale à 12 milliards de sterling, ce qui signifierait qu’il va falloir augmenter les impôts sur tout le reste de l’Europe (pendant que la Grande-Bretagne baissera les siens), ce qui va déclencher un enthousiasme considérable partout en Europe…

Essayons de voir maintenant qui pourraient être les gagnants et les perdants dans ce qu’il faut bien appeler un renversement des alliances, un peu comme celui qui eut lieu entre la France et l’Autriche et la Prusse et la Grande-Bretagne de l’autre, sous Louis XV.

Parmi les gagnants potentiels, il faut commencer par la Grande-Bretagne qui sortirait de sa période d’incertitude, sa démocratie renforcée par l’épreuve qu’elle vient de traverser pendant laquelle le Peuple anglais a fait preuve d’une patience admirable, sans rien céder sur le fond cependant grâce à un Premier ministre qui aura fait preuve d’une capacité rare à manœuvrer. Le deuxième gagnant serait Boris Johnson qui aurait enfin réussi à débarrasser la politique anglaise de la schizophrénie européenne entretenue avec soin par les hommes de Davos locaux, ce qui permettrait au parti Conservateur de redevenir LE parti de gouvernement.

Ensuite, il nous faut mentionner la France. Le Président français aurait réussi à trancher le nœud gordien de la présence de la Grande-Bretagne en Europe, en mettant ses pas dans ceux de de Gaulle, et en faisant cela, il détruirait l’Europe germanique que l’on nous proposait comme nouveau projet européen.  Je ne suis pas un grand admirateur de notre président (je pourrai changer cependant s’il continuait à s’occuper en priorité des intérêts de la France), mais là, je dois reconnaitre que porter le coup de grâce à un projet fondamentalement dangereux pour les intérêts de la France à un moment où l’Allemagne est terriblement affaiblie économiquement et politiquement, serait faire preuve d’une grande maitrise dans ce qui doit être la qualité principale d’un dirigeant : Saisir les opportunités quand elles se présentent, sans tergiverser et sans états d’âme. Qui plus est, Macron aurait rendu dans ce cas un fier service à la Grande-Bretagne qui, étant libre à nouveau de sa diplomatie et de ses relations commerciales, saurait un jour ou l’autre récompenser la France de son coup de main à un moment important (alliance militaire franco-anglaise ?). Enfin, nul doute que le Président Trump ne découvre instantanément de multiples qualités à son petit protégé, ce qui ne saurait nuire avec un homme aussi volatil que le leader américain.

Reprendre le contrôle politique de l’Europe qui avait été abandonné par nos gouvernements à l’Allemagne depuis la Présidence de Mitterrand, tout en se faisant bien voir et de la Grande-Bretagne et des Etats-Unis, voilà qui apparaitrait comme un très joli coup pour notre Président et ce coup pourrait bien assurer sa réélection.

Venons-en aux perdants.

Le vrai perdant serait l’homme de Davos, l’Oint du Seigneur de base, qui gérait les affaires « européennes » sans que personne ne l’ait élu pour ça et sans que l’on puisse le virer. Il s’agirait donc d’une défaite en rase campagne pour les technocrates Bruxellois dont le prestige subirait un coup mortel. Nul doute que bien des pays demandent ensuite, en s’appuyant sur le départ du Royaume Uni, de démocratiser les institutions bruxelloises… Commission, Cour européenne de Justice, Parlement, tout devrait y passer et vite… ce qui serait une bonne, une très bonne nouvelle.

A cette catégorie fort déplaisante, il faudra rajouter en second tous les « remainers anglais » qui ont empoisonné la vie du Parti Conservateur britannique depuis la démission de Madame Thatcher et qui se retrouveraient au tapis, et pour le compte. Sans aucun doute, Boris Johnson connaissait par avance la position qu’allait prendre le Président français puisqu’ils en avaient discuté ensemble, et il a tendu un très joli piège dans lequel les remainers ont sauté à pieds joints. Pour le reste des temps, alors même que le Peuple britannique s’était prononcé pour la sortie, les remainers vont apparaître comme des gens qui ont soutenu que les décisions importantes touchant à la souveraineté britannique devaient être prises à Bruxelles ou à Berlin, et non pas à Londres, ce qui ne va guère les aider pour leurs réélections le moment venu. Se faire élire par le peuple lorsque l’on a constamment préféré l’étranger à sa patrie est en général difficile, très difficile…

Ensuite, nous trouverons madame Merkel qui sera rendue responsable d’un désastre diplomatique sans précèdent pour l’Allemagne. Ce qui sera parfaitement mérité car elle a négocié uniquement avec les Anglais – et principalement les remainers – et les technocrates de Bruxelles,  pour défendre les intérêts de l’Allemagne, sans se préoccuper en quoi que ce soit des intérêts de la France, de la Pologne, de la Hongrie ou du reste de l’Europe, tant elle était obsédée par le fait qu’il fallait protéger les exportations de voitures allemandes vers la Grande-Bretagne ce qui, à l’évidence, n’a pas échappé à Paris.

La quatrième victime de ce coup diplomatique, s’il avait lieu, serait bien sûr le rêve de créer une Europe germanique, l’idée française étant plutôt que ce dont l’Europe avait besoin, c’était d’une Allemagne européenne, comme au temps d’Adenauer. Ce projet de créer une Europe germanique s’effondrerait avec fracas et madame Merkel en serait totalement responsable. Quelque part, le continent européen a été géré, depuis l’arrivée de l’Euro, par des Allemands, au profit exclusif de l’Allemagne, qui a exercé une pression concurrentielle monstrueuse sur ses voisins, et jamais les gouvernements allemands n’ont fait le moindre effort pour essayer de stabiliser les pays les plus fragiles, en relançant par exemple les dépenses d’investissements Outre-Rhin ou en baissant les protections règlementaires dont bénéficient les secteurs de service en Allemagne, où nos voisins ne sont guère compétitifs. L’Allemagne est profondément mercantiliste, elle est persuadée qu’avoir des comptes extérieurs excédentaires est une preuve de bonne gestion,  et elle l’est restée depuis que l’Euro existe, condamnant de ce fait  les autres pays européens a la dépression, et elle en paiera le prix si le président français tient bon…

Parmi les perdants, il nous faut enfin mentionner un homme, Nigel Farage, qui a été fort utile, mais qui va sans doute pouvoir retourner dans la City ayant la sensation qu’il a fait ce qu’il fallait faire pour sortir son pays de l’impasse européenne… et je crois qu’il serait sans aucun doute très content de se retrouver dans cette position de perdant-vainqueur. Ces gagnants et ces perdants sont tout à fait évidents et je ne crois pas que l’on puisse être en désaccord avec moi sur qui aurait gagné et qui aurait perdu.

Reste à considérer maintenant quelles pourraient être les victimes collatérales de ce coup d’éclat, ou d’État perpétré par le Président français.

Et le sujet le plus important dans cette discussion est bien entendu l’Euro, la gouverneure de la BCE étant maintenant une femme, ce qui n’est guère important, mais française, ce qui pourrait l’être, ce qui ne manque pas de sel… Il me semble que tous les pays du Sud pourraient sauter sur l’occasion pour essayer de sortir du carcan imposé par la Bundesbank et la Commission, par exemple en autorisant les déficits budgétaires à exploser.  Ce qui devrait foutre une trouille considérable aux épargnants allemands qui, ne touchant plus rien sur leur épargne, se consolaient en se disant qu’ils étaient en DM mais qui risquent de se dire qu’ils sont maintenant en Lires italiennes ou en Franc français, sur lesquels ils ne toucheront toujours rien, mais qui en plus vont se casser la figure. Je devine l’enthousiasme de l’épargnant allemand à cette idée…,Si l’équation de base passe de (euro =dm) à (euro =Lire italienne ou FF), j’imagine que les flux de capitaux sortant d’Allemagne vont être monstrueux. Et à mon avis, le bourgeois allemand va se précipiter sur la Livre sterling, sur la Couronne suédoise, toutes deux extrêmement sous évaluées et peut-être aussi sur les propriétés en Espagne ou en France (il n’y a rien à vendre en Italie). En désespoir de cause, il ira aussi sur le dollar US ou canadien (très bon marché aussi pour ce dernier) et peut-être, pour les plus aventureux, sur les monnaies asiatiques dont le Yuan chinois.

Si ces mouvements devaient entrainer une vraie baisse de l’euro, cela signifierait que l’Europe du Sud redeviendrait compétitive et que la sous performance des actions du vieux continent qui dure depuis vingt ans au moins va enfin s’interrompre.

Voilà qui me forcerait à réfléchir à nouveau, ce qui est un exercice douloureux entre tous. Je vais m’y mettre bien sûr, mais avant je veux être bien certain que notre président va vraiment franchir le Rubicond.  Et je sais déjà que cette réflexion va porter sur un point et un seul : ce qui risque de se passer en Europe dans la semaine qui vient est-il suffisamment important pour que je révise mes positions ? Je n’en suis pas sûr, pas encore, mais en tout cas je sais déjà que l’investisseur français, lui, devrait se précipiter en Grande-Bretagne pour y faire ses emplettes. La Grande- Bretagne serait en effet enfin débarrassée de la tyrannie des hommes de Davos et des Oints du Seigneur. Et comme une bonne nouvelle n’arrive jamais seule, je me permets d’ajouter une rapide mise à jour de mon récent article « Trump contre l’Etat profond »

Pour ceux qui s’intéressent à ce qui se passe aux USA (voir mon article Trump contre l’Etat profond), les choses semblent s’accélérer. Le procureur Durham qui mène l’enquête sur la tentative de coup d’Etat mené par l’Etat profond contre Trump vient d’annoncer qu’il va passer de l’instruction à la mise en examen et qu’il va commencer à inculper de hautes personnalités… il se murmure que ce pourrait être le patron de la CIA, du FBI ou du NAS ou encore la ministre de la Justice d’Obama, et Obama pourrait être impliqué aussi…  Ces révélations risquent d’être corroborées par le rapport de l’inspecteur général du ministère de la Justice, monsieur Horowitz, un démocrate bon teint, et ce rapport, qui va être remis dans les jours qui viennent, serait totalement explosif.

Si la moitié de l’administration Obama allait en taule tenir compagnie aux Clinton, voilà qui changerait sans doute les perspectives pour les élections présidentielles aux USA de novembre 2020, ce qui expliquerait aussi fort bien la tentative actuelle de déposer le Président Trump (impeachment), mais cette manœuvre apparaît de plus en plus comme une tentative désespérée de l’Etat profond d’allumer un contrefeu tant que cela est encore possible. Bien entendu, la presse française sera la dernière à croire à la culpabilité de Trump et ne vous informera de tout cela que trop tard, et par un entrefilet en page quatre ou cinq.

La double bonne nouvelle qu’il me faut souligner en conclusion de ce papier atypique est que l’État profond mondial est peut-être à la veille de subir une effroyable dérouillée aussi bien aux USA qu’en Grande-Bretagne. Le Président français, Barr, le ministre de la Justice américain, Boris Johnson, le Président Trump doivent être l’objet de pressions et de menaces inimaginables. Croisons les doigts. Le monde va peut-être redevenir vivable si les vraies crapules perdent le pouvoir ou vont en prison.

Mais, bien sûr, il ne s’agit que d’un rêve.