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Mais que se passe-t-il au Moyen-Orient ?

Tout le monde au Moyen-Orient connaît la blague du scorpion et de la grenouille. Un scorpion veut traverser une rivière et demande à une grenouille de le porter sur son dos. La grenouille refuse en lui disant qu’elle craint d’être piquée, ce à quoi le scorpion répond que ce serait idiot de sa part puisque tous les deux se noieraient. Bonne fille, la grenouille, convaincue par l’argument, accepte de faire traverser le scorpion. Au milieu du fleuve, bien entendu, le scorpion pique la grenouille qui avant de couler lui demande » : mais pourquoi as-tu fait ça ? » Et le scorpion de répondre « parce que nous sommes au Moyen-Orient ». Voilà une historiette qui résume parfaitement ce qui se passe là-bas depuis des décennies…

Mais si j’osais un commentaire, je dirais que les choses vont de mal en pis tant les locaux, non contents de se taper dessus avec beaucoup d’entrain, doivent aussi faire face à des interventions de puissances étrangères qui semblent beaucoup plus intéressées par les hydrocarbures que par la vie et le bonheur des populations locales.

Je me hasarde donc à commenter ce qui se passe là-bas, mais je tiens à souligner dès le départ que ce ne sont là que des hypothèses et que je n’ai aucune information spéciale. Je vais simplement essayer d’expliquer le déroulement de ce qui s’est passé en Syrie avant que d’esquisser des futurs possibles.

Revenons en arrière, avant que la guerre civile « ? » ne commence en Syrie dans la foulée des révolutions du printemps arabe.

Acte un.

La Russie fournit 40 % de son gaz à l’Europe. Sans le gaz russe, l’économie allemande s’arrête, surtout depuis la fermeture des centrales nucléaires par madame Merkel. Ce qui rend l’Allemagne très insensible aux exhortations américaines quand il s’agit de punir la Russie et qui agace beaucoup de gens aux USA.

Des découvertes gigantesques de gaz ont été faites au Qatar et le projet de bâtir un pipeline qui irait du Qatar à l’Europe, en passant par la Syrie et la Turquie est proposé. Le problème est que les Qataris sont des Wahabites acharnés, c’est-à-dire les plus fondamentalistes des musulmans sunnites et les plus grands pourvoyeurs de fonds au terrorisme islamiste tandis que le pouvoir en Syrie est détenu par une branche du Shiisme, les Alaouites. Or Shiisme et Sunnisme sont engagés dans une lutte à mort depuis la disparition du prophète, que Dieu le garde. (On n’est jamais trop prudent !).

Hors de question que les Qataris fassent affaire avec des Shiites. Heureusement, la majorité de la population en Syrie est sunnite, et il suffirait de déclencher une révolution « démocratique » en Syrie qui permettrait aux sunnites de prendre le pouvoir et tout serait pour le mieux dans le meilleur des mondes. (Voir l’interview hallucinante de Roland Dumas sur le net à ce sujet, expliquant que deux ans avant la révolution syrienne, il avait été approché par des Anglo-saxons pour savoir quelle serait sa réaction si un coup d’État avait lieu à Damas). Et hop, la révolution commence en Syrie et c’est la fin du premier acte.

Acte deux

Les non-sunnites en Syrie (Alaouites, Chrétiens, Kurdes…), qui comptent pour 40 % de la population environ et  qui savent fort bien que la durée de vie des minorités dans les pays à majorité sunnite est fort brève, continuent de soutenir Assad, qui refuse de partir comme l’avait fait Moubarak, tandis que les Iraniens, protecteurs des Shiites, voient une bonne occasion d’aider des copains et que les Russes, qui n’ont pas envie de voir leur marché européen battu en brèche et qui ont des comptes à régler après la révolte tchétchène subventionnée par les sunnites de la péninsule Arabiques se disent qu’il y a un coup amusant à jouer. Et la guerre civile de durer plus longtemps que prévu, au milieu des condamnations de toute la presse internationale rendant responsable le tyran syrien dont BHL demande l’exécution immédiate, tout en restant lui-même bien à l’abri, selon une habitude qui lui est chère.

Acte trois.

Les Américains, qui n’apprécient pas le soutien pourtant fort feutré des Russes aux Syriens organisent un coup d’État en Ukraine, remplaçant le Président élu favorable à la Russie par un autre qui leur est plus …attaché. Début de la guerre civile en Ukraine, la Crimée est rattachée à la Russie « manu militari », ce qui permet à Sébastopol de rester Russe.  Fureur de la CIA qui espérait que Sébastopol, qui contrôle tout le Moyen-Orient, allait être arrachée aux Russes. Lesquels, agacés par le fait que leur base de Tartous commençait à être bombardée par les rebelles syriens commandités par la CIA et les Saoudiens, décident d’aider vraiment les Syriens et se rapprochent des Iraniens. On se demande vraiment pourquoi. Ce Poutine est vraiment dangereux.

Acte quatre

Les Américains imposent des sanctions extraordinairement sévères à la Russie, les Européens suivent comme d’habitude et le prix du pétrole s’écroule tout à fait par hasard. La conjugaison de ces deux facteurs met la Russie dans une situation économique extrêmement difficile et l’espoir renaît chez les hommes de Davos que la Russie va s’effondrer.

Point du tout, non seulement la Russie ne s’effondre pas, mais une alliance est passée entre la Russie et la Chine pour que la Chine achète le pétrole russe en monnaie chinoise et non plus en dollar. Qui plus est, les deux pays annoncent qu’ils veulent œuvrer en commun à la dédollarisation du monde tant ils sont exaspérés par l’internationalisation forcée du Droit américain à quiconque fait des transactions en dollar.

Proposer la dédollarisation du monde c’est enlever aux USA le « privilège impérial » sur lequel leur empire est fondé (Voir Rueff), ce qui est le crime ultime, qui n’avait guère profité à Saddam Hussein ou Kadhafi. Hélas, la Russie ne s’effondre pas et il est difficile de l’envahir comme l’ont été l’Irak ou la Libye (voir les chevaliers teutoniques, les Mongols, Charles XII de Suède, Napoléon, Hitler…), mais par contre, l’Arabie Saoudite, elle, s’effondre très, très bien.

Acte cinq.

Horreur des horreurs, Trump est élu, à la place de ce parangon de toutes les vertus qu’était madame Clinton, qui elle, chacun le sait aurait continué la politique que les États-Unis suivent avec tant de succès au Moyen 0rient depuis des années.

Monsieur Trump se précipite en Arabie Saoudite et exige l’arrêt par les Saoudiens de toute subvention aux organisations terroristes qu’ils entretenaient grassement depuis des années. Quelques semaines après son passage, un bon vieux coup d’État est organisé, un jeune prince bien propre sur lui prend le pouvoir et tous les vrais croyants de la religion de paix et d’amour qui subventionnaient le terrorisme islamique sont envoyés en prison et dépouillés des excédents financiers qui leur encombraient les poches.

Ayant remis de l’ordre en Arabie Saoudite qui, dans la foulée, remet elle-même de l’ordre au Qatar pour exécuter les ordres des États-Unis, le Président satisfait retourne à sa bagarre contre ses vrais ennemis, les stipendiaires de l’État profond US (CIA, FBI, DOJ, affaires d’armement, etc…). Et du coup, il ne s’intéresse plus guère à ce qui se passe en Syrie, préoccupé qu’il est par des choses autrement plus importantes comme « Stormy Danielle » avec laquelle le Président aurait eu une liaison 12 ans avant, le procureur Mueller et les élections de l’automne 2018, sans doute les plus importantes de l’histoire de la Nation. De Washington, et après les délais d’usage, il annonce son intention il y a un peu moins d’une semaine de se retirer de Syrie, ce qui force immédiatement le président Assad à gazer une partie de sa population pour empêcher à tout prix le départ des Américains.

Voilà pour le passé.

Ayant raconté de façon totalement convaincante et objective l’historique et le déroulement de la guerre civile et du conflit en Syrie, il me faut maintenant en venir à l’état des forces en présence après ces escarmouches qui, après tout n’ont fait que quelques centaines de milliers de mort et des millions de réfugiés dont on est sur qu’ils assureront enfin une croissance pérenne à l’Europe en plein effondrement démographique.

Premier point : les États-Unis ont perdu cette guerre, comme ils avaient perdu celle du Vietnam et vont devoir se retirer du Moyen-Orient, ce qu’ils feront d’autant plus facilement qu’ils sont redevenus autosuffisants en énergie.

Deuxième point : qui contrôle le Moyen-Orient contrôle l’Europe, laquelle se trouve dans la position du chapon bien gras (le chapon est un coq eunuque), sans aucune défense militaire et entourée de renards faméliques.

L’Europe heureusement a plusieurs solutions pour assurer sa défense et éviter l’envahissement.

  • Se soumettre (Islam veut dire soumission), ce qui est la solution la plus probable, retenue par Houellebecq
  • Faire ce que la nouvelle Autriche-Hongrie recommande, bâtir des murs pour empêcher les envahisseurs d’arriver (stratégie de la grande muraille de Chine contre les Turcs, pardon les Mongols). Les lignes Maginot ont rarement fonctionné dans l’histoire, mais elles permettent de gagner du temps et autorisent parfois à se rebâtir une armée, comme les Anglais l’ont montré en 1940, aidés qu’ils étaient par la Manche.
  • Payer aux USA quelques centaines de milliards de dollars par an de tribut pour que ceux-ci continuent d’assurer notre défense, reconnaissant ainsi le statut de colonie de la vieille Europe, ce qui aurait le mérite de la clarté.
  • Au cas où les USA ne seraient pas intéressés, confier sa protection à une tierce partie, c’est-à-dire payer le tribut à une armée existante et de bonne qualité. Il en existe deux aux frontières de l’Europe, qui toutes les deux ne demandent que ça, la Russie ou la Turquie.
  • Enfin, recréer des forces militaires importantes qui hélas ne comprendront que des vieillards commandant à des fils d’immigrés, messieurs Juncker et Barnier menant au combat les jeunes recrues originaires de Molenbeek. Je ne sais pas pourquoi, j’ai comme un doute.

Troisième point, plus financier celui-là, la dédollarisation du monde, et en particulier du monde du pétrole va s’accentuer. Or, d’après mes calculs faits à la louche, il existe dans le monde près de 1500 milliards de dollars dans les bilans des sociétés pétrolières ou de commerce international qui sont là uniquement pour servir aux achats et aux ventes de pétrole. Ces 1500 milliards, inutiles à terme, vont « refluer » vers les USA, entraînant sans doute une baisse profonde du billet vert. Imaginons que l’Euro repasse à $1. 40 /euro. Voilà qui ne ferait pas souffrir l’Allemagne qui resterait compétitive à ce niveau, mais voilà qui serait mortel pour les économies du sud de l’Europe et amènerait sans doute à la mort de l’Euro (enfin une bonne nouvelle !)

Quatrième point, totalement financier : dans ce monde la Chine va faire au monde financier ce qu’elle a fait au monde industriel dans les vingt dernières années. La place financière la plus importante va devenir Hong-kong et non plus New-York puisque Hong-kong sera chargé d’investir les excédents d’épargne de la zone asiatique alors que l’Europe et les USA seront en plein déficit d’épargne. Pour ce faire, elle aura besoin d’aide et trouvera cette aide fort naturellement dans la City dont les liens avec HK sont plus que centenaires.

Dernier point : Tout cela laisse Israël dans une situation compliquée surtout si monsieur Trump décide de sortir de l’accord nucléaire avec les Iraniens. On pourrait craindre alors des frappes israéliennes « préventives » sur les installations nucléaires iraniennes ou syriennes et une escalade vers les extrêmes à la Clausewitz ne serait pas improbable dans ces conditions.

Conclusion

  • Achetez la City.
  • Vendez votre immobilier en Europe, achetez au Canada ou aux USA en empruntant des dollars.
  • Vendez toutes vos obligations en Europe.
  • Vendez l’Euro.
  • Vendez tout ce qui de près ou de loin a à voir avec les États Européens, banques, services publics, compagnies d’assurance.
  • Achetez des obligations russes, chinoises ou indiennes.
  • Ayez la majeure partie de vos actions en Asie.
  • Gardez votre cash en yen et en Yuan.

Et si tout cela vous fout une trouille bleue

Achetez quelques pièces d’or et allez visiter l’Australie et la Nouvelle-Zélande pour y acheter une résidence secondaire et/ou y ouvrir un compte en banque.

Dans le fond, aucune raison de changer mes recommandations précédentes.