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Qu’est-ce que le Libéralisme?

29 juin 2025

Charles Gave

Institut des libertés

Prologue: Les organisateurs de la réunion du sommet des Libertés nous avaient invités à y participer, invitation que nous avions refusé. Pourquoi ? Parce que tous ces gens, tels Iznogoud, veulent simplement être calife à la place du calife. Ces politiques professionnels n’ont toujours pas compris que, pour le peuple, la démocratie représentative est devenue une farce dont ce même peuple espère qu’elle ne terminera pas dans le sang.

Comme le disait Einstein, penser que ceux qui ont créé un problème vont le résoudre est la forme la plus extrême de la bêtise. Le but d’un homme qui serait élu à la Magistrature suprême et aimerait la France ne peut donc être que de rendre la parole au Souverain, le peuple. La seule solution à nos problèmes est de mettre l’Etat Français sous le contrôle effectif des citoyens, ce qui ne s’est jamais produit et qui implique que notre pays retrouve d’abord ses souverainetés juridiques diplomatiques, militaires et monétaires. Celui qui dit que l’on pourra trouver des solutions tant que nous restons dans l’Europe Institutionnel telle qu’elle fonctionne aujourd’hui ou ment, ou est idiot ou les deux à la fois. Tant que la Droite et la Gauche n’auront pas compris que les solutions sont dans la subsidiarité et la démocratie directe, elles continueront à se ridiculiser élection après élection, ce qui se voit dans une participation électorale qui ne cesse de s’effondrer. Et le Liban nous donne une excellente indication de ce que sera notre futur si la soi-disant droite à comme seul but de rechercher un « Iznogoud « de droite » qui sera capable de battre un Iznogoud de gauche. Cette perspective fait naître en moi une envie irrépressible d’ouvrir la fameuse boite à claques

J’ai eu 80 ans, l’âge où les ombres s’allongent sur le sol, et de temps en temps je me pose la question : « Mais pourquoi est ce aussi difficile d’être Libéral en France ? Qui peut aussi se traduire par « Mais qu’est que j’ai été faire dans cette galère ? » Voici ce qui pour moi est un début de réponse à ces étranges questions.

Tout d’abord, le Libéralisme est une philosophie du DROIT et non pas du tout une série de recettes économiques. Des principes Juridiques ont émergé au cours du XVIIe et XVIIIe siècles, ont été appliqué aux Etats-Unis et en Grande Bretagne et, à la stupéfaction générale, ont amené d’abord au décollage économique de ces deux pays, puis ensuite de tous les autres pays qui ont suivi leur exemple. Le Libéralisme n’a donc rien à voir avec l’économie, tout à voir avec le Droit.

L’application des principes juridiques du Libéralisme amènent à la croissance économique, mais c’est une conséquence heureuse et non recherchée. Ces principes Juridiques définissent d’un coté les relations des individus entre eux, et de l’autre la relation entre ceux-ci et l’entité à qui ils ont librement délégué le monopole de la violence légale, je veux dire l’Etat. Le principe fondamental du Libéralisme est donc que le Droit régit TOUT et est supérieure à TOUT. Dans un monde organisé selon une philosophie libérale, le DROIT est le cœur même du système, ainsi qu’on le voit aux USA où le Président lors de son intronisation jure de respecter la Constitution des Etats-Unis, cette Constitution étant, comme chacun le sait, la clef de voute de tout le système juridique, légal et économique aux USA. Et cette Constitution est inchangée depuis son origine, à l’exception de quelques amendements, dont le plus célèbre reste le premier : « Le Congrès des Etats-Unis ne fera pas de Loi pour limiter la Liberté d’expression », ce qui bien sur interdit par exemple toutes les stupides lois mémorielles dont nous souffrons dans notre pays. Or dans le subconscient des Français, RIEN ne peut être supérieure à l’Etat Et donc nous ne pouvons avoir aucune stabilité juridique puisque chaque changement dans l’Etat amène avec lui des changements dans le Droit.

Depuis que les Etats-Unis existent, nous avons eu le bonheur d’avoir cinq Constitutions Républicaines, deux ou trois Monarchies, un ou deux Empires, et quelques régimes indéterminés tels le Consulat ou Vichy. Et tous les agents de l’Etat qui avaient jure fidélité à la Constitution précédente n’ont jamais eu aucun problème à continuer à servir quand bien même la Constitution aurait changé, puisque l’Etat et ses serviteurs restaient en place. En France, l’Etat est pérenne, les Constitutions, et donc le Droi, tout à fait transitoires. Dans un monde Libéral, le Droit est supérieur à l’Etat. Et donc pour moi, être Liberal, c’est vouloir ramener l’Etat sous le contrôle du Droit. Et c’est là où les problèmes commencent, bien sûr.

Car qui vais je trouver sur mon chemin dans cet effort ? A peu prés tout le monde…

D’abord et avant tout ceux que j’appelle les « Bonapartistes ». Loin de vouloir un Etat neutre et soumis au Droit, ils veulent un Etat « fort », c’est-à -dire soumettant le Droit à la volonté d’un « chef » qui prendrait le contrôle de l’Etat et le dirigerait en fonction de l’Intérêt général qu’il serait bien sûr seul à même de déterminer.

La Constitution de la Veme est organisé selon ces principes. On en voit les résultats heureux tous le jours. Un libéral ne peut pas être d’accord avec de telles inepties et le vrai adversaire de tout Libéral sont, et ont toujours été,les Bonapartistes, Gaullistes, Chiraquiens et autres Sarkozystes. Les Bonapartistes pensent qu’un Etat fort rendra la France forte, et tant pis si les citoyens sont faibles et n’ont guère de droits…

Un libéral pense que des citoyens forts font une Nation forte, la contradiction est donc totale. Cette forme d’Etat qui a eu (peut être) son utilité dans le passé, pour reconstruire la France après 1945 par exemple est aujourd’hui complètement obsolète, compte tenu de l’évolution vers une économie de la connaissance.

Viennent ensuite les Socialistes, tout empêtrés dans leur rêve de justice sociale centré non pas autour de la notion de Liberté, mais autour de celle d’Egalité. Pour eux le but est de prendre le contrôle de l’appareil d’Etat pour assurer par la force une redistribution équitable (à leurs yeux), des ressources. Et si cela les amène à violer le Droit, tant pis. On le changera (cf. inconstitutionnalité récente de l’impôt confiscatoire au dessus de 75%). Fondamentalement, ils pensent que le Droit est fonction de la majorité du moment comme l’inénarrable monsieur Laignel en 1981 et leur cri de guerre reste : « Vous avez juridiquement tort puisque vous êtes politiquement minoritaire ».

Voila qui revient à fonder le Droit sur la Loi Majoritaire du moment, ce qui est une incroyable erreur conceptuelle. Le Droit a son fondement dans l’Individu et non pas dans la Majorité. Fonder le Droit sur une erreur intellectuelle amène TOUJOURS à un appauvrissement généralisé, et c’est bien sur ce qui est en train d’arriver en France en ce moment (voir la Parabole de Vignerons et du Maitre de la Vigne dans les Evangiles, pour plus d’explications).

Suivent les « intellectuels Français » et autres « oints du Seigneur » locaux qui tous unanimement détestent le Libéralisme puisque dans un régime Liberal leurs voix ne vaudraient ni plus ni moins que celle d’un charpentier ou plombier zingueur. Comme le disait le regretté Raymond Boudon, « Les intellectuels en France détestent le Libéralisme parce que dans un régime Liberal, ils seraient payés en fonction de leur valeur ».

Je ne sais pas pourquoi, je pense immédiatement au CNRS… mais d’autres noms me viendraient assez facilement à l’esprit. Le but du Libéralisme est donc simplement de rétablir le contrôle de l’Etat par le Droit. Et ce rétablissement aurait des conséquences nombreuses et heureuses.

Hélas, je ne pense pas que les choses vont beaucoup bouger de mon vivant, ni que j’aurai une grande influence, mais cela ne n’importe guère.

Ce qui compte c’est de porter le flambeau, quelqu’un d’autre le relèvera un jour. Apres tout, il n’est pas honteux d’échouer là où Montesquieu, Benjamin Constant, Tocqueville, Bastiat, Raymond Aron, Jouvenel, Revel et tant d’autres ont échoué avant moi.

Et comme le disait un grand Français, Pierre de Coubertin : « L’important dans la vie ce n’est pas le triomphe mais le combat «