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Brexit : Les choses sérieuses commencent

Par Charles Gave 5 mars 2018 Il y aura bientôt deux ans, les Britanniques ont voté pour sortir de la construction européenne, à la stupéfaction de tous les observateurs intelligents parmi lesquels je ne me comptais pas tant je connaissais mes amis britanniques. Il n’est pas vraiment nécessaire de revenir sur les raisons qui m’avaient amené à cette conclusion si ce n’est pour rappeler que les Anglais, ayant inventé la démocratie parlementaire, ne voyaient pas pourquoi ils devaient être gouvernés par des gens que personne n’avait élus et que personne ne pouvait virer.  Comme le disait Tony Benn, un gauchiste s’il en fut, mais un vrai Anglais : « La démocratie consiste à voter pour des incompétents pour pouvoir les virer cinq ans plus tard ».  Aucune des conditions n’étant remplie dans les institutions européennes, à l’exception bien sûr de celle de l’incompétence, les Britanniques ne pouvaient que sortir, ce qu’ils firent. Une fois le résultat connu, j’ai presque immédiatement fait part de ma quasi-certitude que les négociations entre Bruxelles et la Grande-Bretagne allaient échouer piteusement…

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Bienvenue dans le (vrai) nouveau monde

Dans un contexte où Washington, Paris et Berlin font actuellement pression sur la Russie de Vladimir Poutine pour obtenir un cessez-le-feu en Syrie, ​actant de fait l’influence de Moscou sur Damas, quel bilan dresser de l’évolution des différents « blocs d’influence » mondiaux depuis la guerre froide ? ​Après le dualisme des blocs occidental et soviétique de la guerre froide, la Chine apparaît-elle aujourdhui comme un troisième pôle d’influence de niveau mondial ? Philippe Fabry : Je ne dirais pas exactement cela, parce que même si la Chine est sur le point de pouvoir faire jeu égal avec les Etats-Unis pour ce qui est de la puissance nationale sur les plans militaire et économique, il reste que si une guerre entre ces deux pays éclatait demain, la Chine serait pratiquement seule mais devrait faire face à une coalition rassemblant autour des Américains tout ou partie de ses voisins inquiets : le Japon, la Corée du Sud, Taïwan, le Vietnam, l’Australie, les Philippines, et possiblement l’Inde. Même les Européens soutiendraient probablement…

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L’Empereur Xi et les nuages s’accumulant autour de l’Inde

27 février 2018 par Philippe Fabry Il y a un mois, j’ai tenté de faire un point sur la situation entre la Chine et l’Inde, qui apparaît de plus en plus tendue au fil des mois. Il m’apparaît nécessaire de faire aujourd’hui un récpitulatif de l’actualité récente, en quelques mots. La première chose qui doit être notée, c’est qu’en un mois l’Inde vient de perdre deux alliés stratégiques au profit de la Chine : le Népal, précieux Etat-tampon de l’Himalaya, à la suite des élections législatives de novembre-décembre 2017 qui ont porté au gouvernement, en place depuis la mi-février, un parti marxiste-léniniste et surtout pro-chinois ; les Maldives, ensuite, théâtre dans les semaines passées d’un coup d’Etat sans que l’Inde n’ose intervenir, et où il semble que les Chinois sont déjà en train d’installer une base de sous-marins. Cela signifie qu’hormis le minuscule Bhoutan (lequel commence d’ailleurs à avoir des doutes sur la pertinence de son positionnement), l’Inde n’a plus guère d’amis sur ses frontières, mais seulement des…

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Ces grands malades qui gouvernent l’art institutionnel en France

Par Nicolle Esterolle une récente cérémonie de décervelage rituel processualo-discursif dans un lieu annexe au FRAC de Dunkerque. Une séance de décervelage artistique non loin du FRAC-Dunkerque Vous y voyez à l’extrême-gauche ce qui ressemble à un professeur, expliquant l’œuvre conceptualo-bidulaire qui est au sol sur tissu bleu, à une quinzaine de ses élèves et adeptes futurs profs, augmentée de quelques pigistes d’art locaux et de post-diplômés émergents en recherche d’insertion dans les réseaux. Cette oeuvre est peut-être celle du professeur lui-même (le prof d’art étant souvent simultanément artiste, critique et curator), car ce cas d’autocélébration est fréquent dans ce milieu où la poly-incompétence, le mélange des genres, les conflits d’intérêts, la redondance, l’autoreproduction consanguine d’une pensée et d’un discours artistiques de plus en plus délirants, est la règle imposée pour bénéficier de l’onction ministérielle et des bienfaits thérapeutiques de la perfusion a l’argent public.. Le domaine de l’art dit contemporain est le seul où l’on ait une telle dérogation aux règles élémentaires  de l’hygiène intellectuelle et affective,…

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Marchés financiers : Incroyable alignement des planètes

Par Charles Gave 26 février, 2018 S’il y a quelque chose à laquelle les marchés financiers prêtent énormément d’attention, c’est bien la « tendance » . « Comme le disent les Anglo-saxons « the trend is your friend «, la tendance est votre amie ». Et comme d’habitude, ce qui m’intéresse c’est le long terme Prenons un exemple, les taux longs à 10 ans sur les obligations américaines.  De 1960 au début des années 80, la tendance des taux était haussière. Depuis, elle a été baissière. De 1960 à 1985, chaque plus bas cyclique était plus haut que le plus bas précédant et ces bas étaient parfaitement alignés, ce qui permettait de définir la tendance haussière Changement de décor, depuis 1985 tous les plus hauts cycliques sont plus bas que le plus haut précédant et tous ces plus hauts sont parfaitement alignés également, ce qui trace parfaitement la tendance baissière.   Aujourd’hui, nous sommes juste sur la tendance baissière et donc, toute hausse des taux longs aux USA à partir des niveaux actuels impliquerait…

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Et si l’on parlait du dollar ?

Par Charles Gave 19 février, 2018  Quand on parle des monnaies, il y a le dollar et il y a les autres. Et pour une raison très simple : tous les pays ont ce qu’il est convenu d’appeler une « contrainte du commerce extérieur », sauf les États-Unis, qui bénéficient de deux privilèges. Si les États-Unis ont un déficit de leur commerce extérieur, ils peuvent le solder en utilisant leur propre monnaie (le dollar), ce qui est bien pratique. Rueff appelait cet avantage le « privilège impérial » et ne l’aimait guère, mais enfin, ce privilège s’est maintenu de 1945 à aujourd’hui… Qui plus est, la quasi-totalité des matières premières et en particulier le pétrole, sont cotées et traitées en dollar ce qui force tout le monde à conserver des balances importantes en dollar, bon gré mal gré. Le but du papier de cette semaine est de faire un « point » sur cette deuxième fonction du dollar (étalon de valeur et outil de règlement pour les matières premières) dans la mesure où il est loin d’être…

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Le Staline musulman (et son partage de la Pologne kurde)

par Philippe Fabry 12 février 2018 Dans mes précédents écrits, spécifiquement mon Atlas des guerres à venir, j’ai expliqué que la Turquie islamiste d’Erdogan tiendra vraisemblablement, dans le cadre de la prochaine confrontation, un rôle similaire à celui de l’URSS de Staline ou celui de la Russie à l’époque des guerres napoléoniennes, à savoir l’allié de la thalassocratie, un partenaire continental puissant utilisé pour prendre à revers et épuiser la tellurocratie, et ce même si cet allié est de circonstance, fortement éloigné des valeurs thalassocratiques et a pu partager une complicité temporaire avec la tellurocratie. Ainsi de la Russie autocratique, plus proche du régime impérial napoléonien que du parlementarisme britannique, qui fut alliée de Napoléon après le traité de Tilsit avant que de lui redevenir hostile en refusant le Blocus continental contre l’Angleterre, ce qui poussa l’Empereur à se lancer dans la désastreuse invasion de 1812, où fut détruite la Grande Armée. Ainsi de l’URSS stalinienne, partageant avec l’Allemagne nazie un régime totalitaire à l’opposé des valeurs britanniques…

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L’Euro constitue-t-il un danger structurel pour le reste du monde ?

Par Charles Gave 5 février, 2018    Les lecteurs de l’IDL qui s’intéressent aux marchés financiers ont dû remarquer que le début février avait été un peu… difficile pour ceux qui essayent de « gagner de l’argent sans travailler ». Une expression boursière assez rigolote indique que « personne ne sonne la cloche (le tocsin ?) le jour où le marché fait son plus haut… Pour le bien de la démonstration, faisons donc l’hypothèse que le plus haut du marché haussier qui a commencé en 2012 ait été atteint fin janvier 2018 et que nous soyons entrés dans un marché baissier. La question se pose alors immédiatement : pourquoi ? A cette question, historiquement, il y a eu trois réponses. Première réponse : Les marchés sont trop chers, et ils doivent donc baisser pour retrouver une valorisation plus normale. L’exemple type de ce genre de situation est bien sûr ce que l’on a appelé après coup la bulle Internet. Ce genre de correction est en général assez brève et n’a guère d’impact ni sur l’économie ni sur…

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La révolution MBS en Arabie Saoudite

Par Philippe Fabry. Date : 30/01/2018 Les événements des derniers mois en Arabie Saoudite, articulés autour de la personnalité flamboyante du jeune Mohammed ben Salmane, poussent à s’interroger sur l’évolution d’un régime souvent considéré comme aussi anachronique qu’inaltérable, fondant dans sa richesse pétrolière sa stabilité économique, sociale et politique, ainsi que son caractère intouchable depuis la fin de la Seconde guerre mondiale et l’acquisition de la protection américaine. De nombreux facteurs sont soulignés par les commentateurs pour expliquer que les choses bougent aujourd’hui , dont il n’est pas ici question de contester la pertinence, mais simplement de les remettre à leur place en recherchant la cause la plus fondamentale de l’évolution en cours. En effet, pour l’historien, ce qui est en train de se passer en Arabie Saoudite est la répétition d’une mécanique politique maintes fois observée sous d’autres cieux. Concentration des pouvoirs. Il convient, pour le comprendre, de se rappeler tout d’abord que l’aspect arriéré et le caractère gérontocratique de la monarchie saoudienne, peut-être parce qu’ils évoquent…

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L’accroissement des tensions à la frontière sino-indienne

Par Philippe Fabry C’est avec une certaine consternation que je constate – c’est en tout cas ce qui ressort de mes recherches Google Actualités – qu’aucune presse francophone ne s’intéresse à ce qu’il se passe à la frontière entre les deux pays les plus peuplés du monde, y compris quand cela a de bonnes chances de finir par dégénérer en conflit local qui pourrait néanmoins être nucléaire. Ceux qui suivent ma page de veille sur Facebook La Guerre de Xi savent de quoi je parle, mais afin de donner un peu plus d’écho à tout ceci et de pallier à la carence d’article francophone à ce sujet, je vais donc faire le point. Mes lecteurs réguliers savent que je pense relativement imminent l’éclatement d’un conflit entre l’Inde et la Chine. J’avais d’ores et déjà livré un article alors que la confrontation concernant le plateau du Doklam était en cours, l’été dernier. Je ne reviendrai donc pas ici sur sa nature et ses enjeux stratégiques. Je reprendrai là où…

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