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L’Euro va t’il succomber au Covid-19 ?

Il y a quelques mois, en septembre je crois, j’avais écrit un papier sur la déroute des hommes de Davos et aujourd’hui, je me dois d’ajouter que ce n’est plus une déroute, mais une débandade. Plutôt que de me disperser en essayant de résumer ce qui craque dans toutes leurs constructions plus imbéciles les unes que les autres, je vais essayer de vous expliquer pourquoi il me parait probable que la plus absurde de toutes leurs idioties, l’Euro, est peut-être en train de vivre ses derniers jours.

Commençons par le plus évident.

Une Nation, comme je ne cesse de le dire, est « une volonté de vivre ensemble » (Renan). Pour ce faire, elle a besoin d’engendrer un État qui sera chargé de protéger ses citoyens contre les dangers extérieurs (défense, diplomatie) et contre les dangers intérieurs (police, justice), les quatre domaines qu’il est convenu d’appeler « régaliens ». Pour se faire, cet État aura le monopole de la violence légitime et prélèvera des impôts pour assurer son fonctionnement, qui seront prélevés dans la monnaie nationale, cela va sans dire.  Et le pouvoir de cet État s’exercera à l’intérieur de frontières, qui sont comme chacun le sait, les cicatrices de l’Histoire et donc de la Nation.

Tous les pays d’Europe sont aujourd’hui l’objet d’une agression qui pour être d’origine virale n’en est pas moins extrêmement sérieuse. Si l’Europe était une Nation, nous aurions dû voir les institutions européennes se précipiter pour en assurer la défense. La réalité est qu’elles et leurs représentants ont littéralement disparu et que nul n’a la moindre idée de ce qu’a été leur réponse, puisqu’il n’y en a pas eu.

  • Ma première remarque est donc toute simple : puisque ces institutions ne nous protègent contre rien et à l’évidence ne servent à rien, pourquoi les payons nous pour ne rien faire quand nous sommes agressés ?
  • La deuxième suit logiquement : si elles ne servent pas à nous défendre, pourquoi avons-nous abandonné nos souverainetés sur notre Droit, sur nos frontières, sur notre monnaie, sur notre budget ?
  • Et au nom de quoi exactement prélèvent-ils des impôts sur nous ?

Les seuls à agir ont été les états représentant des nations en fermant les frontières avec leurs voisins, en interdisant les exportations de produits médicaux pour les garder pour eux, condamnant de ce fait certains de leurs voisins à la mort, tout cela étant d’ailleurs interdit par les traités mais bénéficiant du soutien total des populations locales. Aujourd’hui, si vous voulez faire rire dans un café (fermé d’ailleurs), vous parlez de solidarité européenne… le succès est assuré. Ma première conclusion est donc toute simple : l’idéologie européenne vient de connaitre son Tchernobyl.

Pour faire simple : Bruxelles a perdu toute légitimité, et l’effondrement de la légitimité précède toujours les disparitions politiques. Il ne doit plus rester un seul Européen qui pense que l’union fait la force, à part monsieur Macron bien sûr qui nous dit que nous sommes en guerre alors que ce qui aurait dû être notre haut-état-major s’est fait porter pâle et se terre dans ses bunkers. Avec des alliés de cette qualité, nul n’a besoin d’ennemis… De la perte de légitimité un régime ne se relève jamais. La perte de légitimité étant acquise, venons-en à l’incompétence. Je vais essayer de prouver cette incroyable nullité eu utilisant l’exemple de l’Italie, et pour ce faire, je vais commenter le graphique suivant, car cette incompétence n’est pas nouvelle et a commencé avec monsieur Delors, le fossoyeur de l’Europe.

Venons-en donc au deuxième problème, l’incompétence de ceux qui nous ont imposé l’euro dans l’espoir de créer un État européen, ce qui prouve qu’ils ne comprennent rien ni à ce qu’est une nation ni à ce qu’est une monnaie, ni à ce qu’est un peuple. On peut- être légitime et incompétent (Chirac), mais on ne peut être illégitime et incompétent à la fois comme le sont les élites de Bruxelles et de Francfort et ceux qui les soutiennent à Paris (Macron) ou à Berlin (Merkel), sans que cela ne se termine mal-pour les élites et parfois aussi pour les peuples.

 

 

Commençons par la ligne jaune dans le graphique du bas. Il s’agit simplement de la somme de la consommation des ménages et de l’investissement des entreprises, en termes réels, c’est-à-dire déduction faite de la hausse des prix.  C’est une sorte de substitut à l’économie du secteur privé. Base 100 il y a vingt ans, c’est à dire juste après les débuts de l’euro, nous en sommes à 98 5. Ce qui veut dire que depuis vingt ans le niveau de vie moyen a baissé en Italie, ce qui à ma connaissance ne s’était jamais produit dans un grand pays occidental depuis la révolution industrielle en Grande-Bretagne au XVIIIe siècle.

Incompétence prouvée.

Voilà qui est un fait qui ne souffre pas la moindre discussion. Reste à expliquer pourquoi l’euro en a été responsable et pour cela, je vais reprendre mon explication de la façon dont fonctionne une économie, en la simplifiant au maximum, explication que j’avais développé dans mon premier livre « des Lions menés par des ânes ». Pour ceux qui voudraient suivre l’ensemble du raisonnement, le livre est disponible sur commande à l’institut des Libertés.

Pour comprendre les raisons du désastre, il faut se mettre en tête que la croissance requiert trois joueurs.

  1. D’abord des épargnants, que j’appelle des « rentiers » parce qu’ils n’ont ni le gout ni peut-être l’âge de prendre des risques et donc ils veulent bien prêter leur argent contre intérêts bien sûr mais entendent bien revoir leur capital intact à la fin de la durée légale de leur prêt. Ce que gagne les rentiers s’appelle l’intérêt.
  2. Ensuite des entrepreneurs, c’est-à-dire des gens qui ont sans arrêt besoin d’argent et qui sont prêts à tout perdre tant ils sont portés par leur rêve. Ce que gagne les entrepreneurs s’appelle le profit (pouah !)
  3. Enfin un intermédiaire entre les deux, dont le boulot sera de mutualiser les risques pris par les entrepreneurs, en prenant sur lui le risque de rembourser les rentiers, échangeant une obligation certaine contre un profit incertain. Ce qui veut dire que la marge du banquier doit couvrir les non-remboursements dus aux faillites des entrepreneurs malchanceux et la rémunération des risques qu’il a pris en mettant en garantie un capital extrêmement important qu’il pourrait par exemple prêter à l’état sans prendre de risques et enfin le service et le remboursement de la dette aux rentiers. Ce que gagne le banquier c’est donc une « marge d’intermédiation » entre entrepreneur et rentier, qui est une sorte de profit, ce qui met le banquier dans la catégorie entrepreneur. Mais c’est un entrepreneur qui joue avec l’argent des autres en mettant en risque le sien, ce qui fait que le banquier est toujours unanimement haï, et par les entrepreneurs et par les rentiers tant il leur apparait inutile s’il réussit, et une crapule s’il échoue.

Résumons : Pour que ce système marche il faut que les intérêts payés par les entrepreneurs qui n’ont pas fait faillite soient suffisamment hauts pour payer le rentier et pour compenser le banquier pour les gamelles qu’il a prises sur les entrepreneurs qui ont échoué. Si les entrepreneurs, en tant que groupe, n’y arrivent pas, alors le système économique va sauter. Ou pour parler comme un économiste, si la rentabilité du capital est inférieure au cout du capital, tout s’arrête.

C’est ce qui se passe en Italie depuis l’arrivée de l’Euro et il ne pouvait pas en entre autrement. Comme la productivité du travail en Italie est inférieure à celle de l’Allemagne, que les coûts de l’État Italien sont supérieurs aux coûts de l’État Allemand et que de plus l’Italie ne peut plus dévaluer périodiquement pour rétablir l’équilibre, les profits des entrepreneurs se sont logiquement écroulés. Pire encore, mes doux rêveurs ont sauté dans une proportion très supérieure à ce qui se produisait quand la Lire dévaluait et du coup les pertes de mon banquier sont devenues abyssales.

Car le premier à sauter c’est bien sur le banquier. Dans le graphique plus haut, ligne verte, le cours d’UNICREDIT (une des plus grosses banques Italiennes) qui était à 100 en 2001 est aujourd’hui à … 6.4 ce qui veut dire que les banques Italiennes ont bouffé tout leur capital puisque leurs clients, les entrepreneurs n’ont pas pu les rembourser.

Vérifions cette descente aux enfers des entrepreneurs en voyant la rentabilité du placement actions (ligne rouge) qui mesure en quelque sorte la rentabilité des entrepreneurs preneurs de risque. L’indice Italien qui était à 100 il y a vingt ans est aujourd’hui à 85, ce qui compte tenu de l’inflation veut dire que les entrepreneurs ont perdu leur chemise depuis vingt ans, ce qui explique la faillite du banquier. Et comme ni le dépôt bancaire ni le placement en actions ne rapportaient quoi que ce soit, les rentiers se sont tous bourrés d’obligation d’état qui ont préservé leur pouvoir d’achat (ligne bleue), mais comme il n’y a plus de création de valeur en Italie, la faillite étatique ne va pas tarder et les derniers à être ruinés seront bien sur les rentiers, mais ruinés ils seront comme les deux autres puisque bientôt il n’y aura plus rien à taxer.

Revenons à l’euro.

L’Italie depuis la création de l’euro a déjà connu quatre récessions (périodes hachurées en gris sur le graphique) dont deux très sévères : 2008 -2009 et 2011-2013. Et maintenant elle va rentrer dans ce qui sera certainement une dépression, avec le tourisme qui représente 11 % du PIB italien en arrêt complet, sans compter l’industrie automobile, le secteur du luxe, les transports et que sais-je encore.

Et les banques locales sont déjà en quasi-faillite tandis que les sociétés italiennes n’ont plus de fonds propres, c’est-à-dire que leur capacité à résister à un choc important est quasiment nulle. La vague de banqueroutes va être immense et le chômage exploser. La seule porte de sortie pour l’Italie est de protéger ce qui reste de l’appareil productif italien, soit en quittant l’euro, soit en recourant au protectionnisme. Et les deux sont impossibles dans l’Europe actuelle. L’été risque d’être chaud, très chaud en Italie, mais aussi en Espagne et en France où la même chose va se passer. Soyons clairs : pour l’Europe du Sud, le choix va être entre la survie de la nation menacée par une crise sociale et sociétale sans précèdent, qui risque de faire disparaitre la volonté de vivre ensemble, soit la sortie de l’euro et donc de l’Europe. Je ne pense pas que le Premier ministre actuel, Mr. Conte tienne une seconde au pouvoir si ses alliés du mouvement cinq étoiles le laissent tomber, ce qui me parait inévitable si la crise est aussi grave que je le pressens. Ce qui amènera au pouvoir monsieur Salvini et je n’ai pas le moindre doute sur la décision qu’il prendra. L’Europe abominable de Delors, Trichet, Draghi, Juncker, Macron, Lemaire est à l’agonie. Enfin une bonne nouvelle. Préparez- vous à racheter l’Europe d’ici quelques mois.

Sauf bien sur si les incompétents qui nous gouvernent trouvent encore une autre échappatoire.

NB : Je n’ai aucune illusion sur la malfaisance de ceux qui nous gouvernent. Et je suis sûr qu’ils vont essayer de rouler les peuples dans la farine une fois de plus.

  • D’abord, ils vont demander à ce que soient émis des corona bonds garantis par tous les États européens à la fois, ce qui serait un premier pas vers un ministère des finances européens puisque la dette n’est que de l’impôt différé. Émettre de la dette « européenne », c’est garantir qu’à terme nous aurons inéluctablement un ministère des finances européen, c’est-à-dire des impôts européens. Ce projet est fortement poussé par monsieur Macron qui montre une fois de plus qu’il ne reculera devant aucune forfaiture. Heureusement, ce projet est mort-né car il est non constitutionnel en Allemagne, la Loi suprême allemande précisant que le gouvernement allemand n’a pas le droit de garantir une dette étrangère sauf si le Bundesrat le vote avec une majorité des deux tiers, ce qui n’arrivera jamais. Par contre, on peut se poser la question des raisons qui poussent notre Président à soutenir un projet qui ne peut pas aboutir ?  Incompétence, surestimation de ses capacités, désir de faire apparaitre l’Allemagne sous un mauvais jour auprès de la population française, monter un écran de fumée pour dissimuler une autre trahison ?  Je penche pour cette dernière hypothèse.
  • Car beaucoup plus grave est la deuxième manœuvre qui se profile à l’horizon Au plus fort de la crise européenne avait été lancé un fonds de garantie européen abondé par tous les États. Ce fonds pouvait ensuite emprunter à la BCE trois fois son capital pour venir au secours de pays en difficultés. La France avait versé, si mes souvenirs sont exacts 15 milliards, ce qui veut dire que la capacité d’endettement de notre pays auprès de ce fonds serait de 45 milliards. Apparemment monsieur Lemaire et donc monsieur Macron veulent que ce fonds soit activé. Mais ce qu’ils ne nous disent pas est que l’activation de ces prêts mettrait la France sous la tutelle économique totale de Bruxelles, un peu comme si nous avions emprunté de l’argent au FMI. Heureusement, les Italiens, déjà sous tutelle, vont sans doute refuser et peut-être les Allemands. Mais je cite cette possibilité pour montrer que vraiment nos hommes de Davos nationaux ont la trahison chevillée au corps.