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Sur l’Ukraine et la Russie, Emmanuel Macron a perdu les pédales

Lors de la conférence sur l’Ukraine qui se tenait à l’Elysée, puis lors de la conférence de presse qu’il a tenue seul, Emmanuel Macron a littéralement perdu les pédales. Il a répété que tout serait entrepris “pour que la Russie ne puisse pas gagner cette guerre”. Propos totalement déraisonnables de la part du chef d’un Etat qui possède la bombe nucléaire. Comme toujours avec l’actuel locataire de l’Elysée, il y a ensuite un rétropédalage partiel. Cependant force est de constater que le président français a déclaré à la Russie une guerre qui ne dit pas son nom. Du point de vue français, il y a de quoi être inquiet. Quelle sera la riposte russe? Emmanuel Macron se retrouvera-t-il un jour prochain mis en porte-à-faux par les Russes – et nous avec lui – et se plaignant pour finir que tout ce qu’il a pu dire contre la Russie s’est passé “à l’insu de son plein gré”

Si vous prenez le temps de regarder in extenso la déclaration liminaire d’Emmanuel Macron lors de la conférence de soutien à l’Ukraine puis la conférence de presse qui a suivi, vous aurez le sentiment d’un chef de l’Etat français qui a perdu les pédales. Il est d’une agressivité inouïe, répétant avec une terrible fatuité, qui fait présager le pire pour notre pays, qu’il s’agit de “tout faire pour que la Russie ne puisse pas gagner cette guerre”.

Les contes fantastiques du président Macron

Relevons tout d’abord les affirmations fantaisistes ou infondées du Président lors de ses propos liminaires:

+ Il évoque une “guerre qui devait être gagnée en trois semaines” selon les Russes. Je mets le président français au défi de fournir une telle déclaration d’un des dirigeants russes en mars 2022. En revanche, ce que l’homme aux rouflaquettes avoue à son insu, c’est que la Russie a suffisamment impressionné l’Ukraine, par son incursion, entre la fin février et la mi-mars 2022 pour que Kiev demande à négocier. On se rappelle que des négociations eurent lieu à Istanbul et que l’on fut à deux doigts d’un accord, finalement non signé par Zelensky parce que les Occidentaux le menaçaient de lui couper les vivres s’il faisait la paix avec la Russie.

+ Emmanuel Macron continue à imputer la mort de Navalny à la Russie alors que l’Ukraine elle-même affirme que l’opposant russe est mort d’une cause naturelle.

+ Lorsqu’Emmanuel Macron parle d’un durcissement russe sur le front, est-ce une façon diplomatique d’évoquer la cuisante défaite ukrainienne à Avdeïevka?

+ Lorsqu’il avoque des cyber-attaques “contre nos pays”, on aimerait qu’il apporte des preuves.

+ Vient ensuite l’affirmation qui a fait le plus de bruit hier – faisant allusion à la bonne vingtaine de pays qui participaient à la réunion de l’Elysée, Emmanuel Macron dit qu’un consensus existe selon lequel il faut se se préparer à ce que la Russie attaque “lesdits pays” (et non pas “les dix pays” comme on l’a vu citer dans certains médias.

° Enfin, toujours dans son propos liminaire, Emmanuel Macron a expliqué qu’il ne voulait “pas de guerre avec le peuple russe” – affirmant par là-même qu’il est en guerre avec Vladimir Poutine. Et qu’il s’agissait de préparer une “maîtrise de l’escalade”

Bref, nous avons affaire à un chef de l’Etat français totalement irresponsable et nous abreuvant de contes fantastiques.

Un désastreux one man show

Ensuite, nous disposons des propos tenus lors de la conférence de presse. Là encore, j’en retiens un certain nombre de propos saillants:

+ Plusieurs fois, le grand fossoyeur de la puissance française répète que “la défaite de la Russie est indispensable à la sécurité et la stabilité en Europe”. Il insiste: “c’est une guerre européenne”. Ah bon? La Russie n’est pas européenne. Quelle tristesse que de tels propos soient prononcés à l’Elysée, là où le Général de Gaulle évoquait jadis une “Europe de l’Atlantique à l’Oural.

° Le Président sit son accord avec la très belliqueuse Kaja Kallas, Premier ministre d’Estonie, qui sert l’hégemon américain avec le même zèle que son père servait l’URSS: il s’agit de prôner une émission de dette au niveau européen pour financer Ukraine. Visiblement Emmanuel Macron est fasciné par les petits pays: il parle aussi longuement de la République tchèque. Il peut pontifier à leur égard.

En revanche, il est comme toujours plus maladroit avec les puissances: reprochant quasi-ouvertement à l’Allemagne de n’avoir envoyé au départ que des sacs de couchage et des casques à l’armée ukrainienne. Il parle cavalièrement du possible lâchage américain de l’Ukraine – avant de se rattraper en faisant allégeance à Washington.

+ Là encore, Emmanuel Macron perd littéralement les pédales: utilisant de grands mots comme “économie de guerre”; évoquant une “coalition pour donner à l’Ukraine les moyens en missiles d’effectuer des frappes dans la profondeur”

Le “quoi qu’il en coûte” version Guerre d’Ukraine: envoyer des troupes?

+ Bientôt, Emmanuel Macron ne se maîtrise plus. Les soutiens de l’Ukraine, explique-t-il, devront être “là aussi longtemps que nécessaire et quoi que cela exige”. L’équivalent du “quoi qu’il en coûte” lors de la crise du COVID.

C’est là que vient se placer le “rien ne doit être exclu” à propos de l’envoi de troupes. Macron entre en transe: “Il ne faut pas que la Russie gagne cette guerre”. Comme un journaliste du monde revient à la charge, pour comprendre jusqu’où va l’engagement du Président, ce dernier fait un peu marche arrière: il évoque “l’ambiguïté stratégique” qu’il souhaite conserver dans la position française. Puis dans un “en même temps” typique, ajoute qu’évidemment les actions retenues lors de la conférence de l’Elysée (voir image liminaire) peuvent demander l’envoi de troupes au sol. Le journaliste insistant, Emmanuel Macron rappelle cependant que “chaque pays est souverain”.

A l’insu de son plein gré

On aurait beaucoup de raisons de prendre du recul. Comme le rappelle un autre journaliste, 30% seulement des munitions promises par l’UE en 2023 ont été livrées. Et puis, il y a eu des protestations nombreuses depuis hier en France et à l’étranger contre l’idée d’envoyer des troupes au sol. On peut même dire que le président français a été désavoué par plusieurs de ses partenaires européens.

On ne saurait trop insister cependant sur la dangerosité des propos tenus. Le caractère très modéré de la réaction verbale du Kremlin ne présage ne présage rien de bon pour Emmanuel Macron. Je ne serais pas étonné pour ma part que le président français soit, dans les mois qui viennent, humilié à la face du monde par la Russie. Imaginons simplement que le monde occidental, USA en tête, change d’avis et recherche la paix pour l’Ukraine; les Russes pourraient exclure Macron, tout simplement, de la négociation. Ou bien les Russes pourraient faire savoir qu’il est “persona non grata” désormais en Russie et exclu de tout dialogue avec le président russe.

Emmanuel Macron pourra dire qu’il ne voulait pas dire ce qu’il a dit. Effectivement, dans son univers d’éternel adolescent, on peut déclarer la guerre “à l’insu de son plein gré”. Dans le monde réel, il en va autrement.