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Tump-Poutine : les vrais ressorts de la prochaine rencontre

Par Philippe Fabry   Donald Trump rencontrera Vladimir Poutine le 16 juillet prochain. Depuis que cela a été annoncé, le discours sur la « collusion » entre le président américain et/ou son entourage et les services russes, a repris du poil de la bête, et en particulier le laius très présent dans les médias selon lequel, durant sa première année de mandat, l’attitude assez hostile de Trump envers la Russie de Poutine servait à « donner des gages » et à réfuter les accusations de collusion. Trump, à présent, retournerait à une authentique sympathie poutinienne. Si ce premier sommet officiel angoisse particulièrement nos commentateurs, c’est notamment en raison des dernières déclarations fracassantes de Donald Trump au G7, qui a expliqué que la Russie pourrait être réintégrée. Cela a été l’occasion de déblatérer à loisir sur « l’abandon » de l’Europe par les Etats-Unis, qui demeurent pourtant les seuls à déployer une brigade blindée en Pologne pendant que l’Allemagne d’Angela Merkel refuse toujours obstinément de gonflier son budget militaire pour satisfaire aux exigences de l’OTAN,…

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En route vers la récession mondiale de 2019

Par Charles Gave 2 juillet 2018   Il y a deux semaines, j’ai développé devant les lecteurs de l’IDL le concept de base monétaire mondiale, qui n’est rien d’autre qu’une tentative de mesurer les quantités de dollars à l’intérieur et à l’extérieur des États-Unis pour déterminer s’il y avait plus d’idiots que d’argent ou plus d’argent que d’idiots. Je renvoie à ce papier pour une explication du concept. Comme je l’indiquais alors, la base monétaire mondiale, telle que je la mesure, est en baisse d’une année sur l’autre. Plus d’idiots que d’argent donc. J’en tirais la conclusion que nous rentrions dans une période de crises financières, ce qui n’était qu’une constatation et non pas une explication. Cette semaine je vais essayer de mettre en lumière les mécanismes qui nous font passer d’une contraction de la base monétaire à une crise financière et de là à une récession mondiale qui pourrait nous frapper en 2019. Tout commence par une contraction du commerce international, conséquence de la baisse du nombre…

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Dans la série : outils utiles, la courbe des taux

Par Charles Gave 25 juin 2018 Les économistes ont une vieille habitude semblable à celle des médecins de Molière : Ils aiment faire croire au bon peuple qu’ils savent des choses profondes et pour le convaincre de cette vérité, ils emploient des mots compliqués, qui dans le meilleur des cas recouvrent des notions très simples, mais dans la plupart du temps dissimulent simplement leur ignorance. Je m’explique, en prenant un exemple. Je suis sûr que certains lecteurs de l’IDL ont dû voir dans la presse des allusions au fait que « la courbe des taux « aux USA était « en train de s’aplatir », et que cela « était une mauvaise nouvelle pour l’activité économique à venir aux USA ». J’imagine que bon nombre d’entre eux ont dû se dire : « mais de quoi s’agit ‘il » ? De quoi est-on en train de parler ? Quelqu’un pourrait-il me traduire cette phrase en un langage compréhensible ? C’est ce que je vais essayer de faire dans la chronique de cette semaine. Tout commence avec les taux d’intérêt qui relient deux concepts…

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Kim Jong-Un : une stratégie « à la chinoise » pour la Corée du Nord

Par Philippe Fabry 22 juin 2018 FIGAROVOX/ANALYSE – La Corée du Nord semble suivre la même voie que la Chine, réintégrée dans le concert des nations après la rencontre entre Mao et Nixon en 1972. Si c’est le cas, il faut s’attendre à une libéralisation économique à Pyongyang, mais pas à un changement de la nature du régime. Philippe Fabry est docteur en histoire du droit. Il a notamment publié Rome, du libéralisme au socialisme. Leçon antique pour notre temps Le sommet de Singapour entre Donald Trump et Kim Jong-Un s’est achevé par une poignée de main historique, et la signature d’un premier document commun – certes très succinct et vague, mais on ne pouvait guère attendre plus de ce premier contact après des décennies de rupture. Peut-être dira-t-on à l’avenir que seul Trump pouvait obtenir des concessions de la Corée du Nord. Cependant, si le président américain a indéniablement joué une partition décisive, il est peu vraisemblable que l’affaire serait allée si vite si Kim Jong-Un lui-même n’avait…

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La question fondamentale

Par Charles Gave 18 juin 2018   Comme me l’avait dit il y a bien longtemps l’un de mes mentors lorsque j’ai commencé à réfléchir sur les marchés financiers : « Charles, la seule question est de savoir s’il y a plus d’idiots que d’argent (les marchés baissent) ou plus d’argent que d’idiots (les marchés montent) ». Le principe est simple et très juste, son application dans la réalité est, et reste, oh combien difficile, hélas. Revenons un peu en arrière, au moment de la grande crise de l’Euro de 2011-2012. La BCE, suivant en cela la Fed décide de jeter son bonnet par-dessus les moulins et se met à acheter des obligations d’état et cet exemple sera rapidement suivi par la banque du Japon. Et donc, de 2012 à 2017, nous avons eu beaucoup plus d’argent que d’idiots et les marchés en conséquence se sont fortement appréciés. Changement de décor en 2017. La Fed annonce qu’elle va réduire la taille de son bilan, alors même que la BCE et la banque du Japon maintiennent…

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Le grand retour du peuple et de la nation souveraine

Par Charles Gave 11 juin 2018 Revenons en arrière. Le mur de Berlin vient de tomber et deux thèses s’affrontent assez rapidement. Celle de la « fin de l’Histoire », portée par Francis Fukuyama et celle du « choc des civilisations », soutenue par Samuel Huttington. Le premier avançait que le futur appartenait à la démocratie occidentale et au système de marché libre et que l’Histoire au sens hégélien du terme était finie. Cette idée fut reprise par tous les Trissotins français du type de notre trio infernal, Minc, Attali et BHL, qui d’ailleurs la soutiennent toujours contre vents et marée. Le deuxième, Huttington, montrait que l’opposition entre l’Union soviétique et les USA s’était produite à l’intérieur de la même civilisation – la nôtre – et que les conflits du futur allaient opposer non pas des pays ou des systèmes à l’intérieur de la même civilisation, mais des civilisations entre elles, et en particulier que nous allions tout droit vers un conflit entre la civilisation musulmane et les autres civilisations – dont la nôtre.…

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Vous savez quoi ? J’ai la trouille

Par Charles Gave 4 juin 2018 L’une des nouvelles de Stefan Zweig m’a profondément marqué. L’histoire se passe dans une ville de villégiature dans les montagnes Autrichiennes, en été, dans un petit hôtel. La température est étouffante et un orage gronde dans le lointain. Et Stefan Zweig nous décrit la réaction des clients et du personnel de l’hôtel à cette situation. La femme, écrasée sur son lit, éperdue d’angoisse. L’homme, s’emportant contre tout un chacun, le personnel devenant invisible, la nature immobile, les animaux silencieux. L’orage éclate, extraordinairement violent, et une fois passé, tout redevient normal, les choses reprennent leurs cours, les sourires renaissent et tout le monde de descendre dîner tranquillement… Eh bien, comme les lecteurs le savent, depuis un petit moment, je trouve que l’air financier est en train de devenir quelque peu irrespirable, ce qui ne facilite pas la réflexion. J’ai souvent utilisé une image pour décrire les crises financières, en les comparant à la pêche à la dynamite. Vous balancez un bâton de dynamite dans…

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Retour sur la Turquie

Par Charles Gave 28 mai 2018 Il y a quelques mois, j’expliquais aux lecteurs de l’IDL que le prochain pays qui allait sauter était la Turquie du bien connu défenseur des Droits de l’Homme, pourvu qu’il réside en Palestine et non pas en Syrie, ce bon monsieur Erdogan. Nous y sommes. Quelques chiffres : Environ $180 milliards de la dette extérieure Turque arrivent à échéance dans les 12 mois qui viennent, et à ce montant il faut rajouter environ 50 milliards de déficits des comptes courants, qu’il va bien falloir financer aussi. La somme des deux correspond à peu près à 30 % du PIB turc tandis que les réserves de change intérieures ou extérieures se montent à un peu moins de 20 % du même PIB. Oops… Voilà qui semble indiquer un problème de « liquidité » à très, très court terme. Et du coup, la livre turque se ratatine ce qui ne fait qu’aggraver le problème puisque la dette est en dollar ou en euro, les taux d’intérêt à court terme sont au…

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Lire la presse est dangereux pour votre santé financière

 Par Charles Gave 14 mai 2018   Si j’en crois la presse française, l’économie en Grande-Bretagne va mal, très mal, et cela serait dû à la décision de quitter ce havre de paix et de croissance que serait l’Europe, admirablement gérée par nos chères élites technocratiques comme chacun le sait. Nos médias expliquent ainsi que la croissance du PIB en Grande-Bretagne serait en train de s’effondrer. Il est vrai que les chiffres du dernier trimestre n’ont pas été bons. Ce que l’on ne vous dit pas, c’est que cet « effondrement » vient de la quasi-stagnation des dépenses de l’état depuis que les conservateurs sont revenus au pouvoir. Admettons que 50 % du PIB dans un pays soit d’origine étatique et 50 % viennent du secteur privé. Si le secteur étatique cesse de croître, la moyenne des deux va baisser. Celui qui pense que cette baisse est une mauvaise nouvelle croit sans doute que l’Union soviétique a été un immense succès…  De fait, depuis le retour des Conservateurs, le poids…

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En France, l’État déclare ce qui est de l’art ou ne l’est pas

Par Aude de Kerros.   La démission du peintre Rémy Aron de la Présidence de la Maison des Artistes1 est l’occasion d’évoquer une réalité dont le grand public n’a pas toujours conscience : dans le domaine de la création artistique la France est un pays dirigiste. UNE DIVERSITÉ DES COURANTS ARTISTIQUES IGNORÉE PAR LA DOXA ARTISTIQUE DE L’ÉTAT C’est le motif de cette démission : Rémy Aron a tenté de faire reconnaître par l’État la diversité de la création en France, sans succès. Depuis les années 1980, le ministère de la Culture ne tient compte que du seul courant conceptuel – seul « contemporain » à ses yeux. La bureaucratie culturelle a alors rompu avec ce qui a été le fondement de l’identité artistique parisienne : la présence simultanée de tous les courants artistiques d’Europe et du monde2, de l’académisme aux avant-gardes les plus diverses, de toutes les singularités. C’est ce qui a attiré à Paris artistes et amateurs du monde entier pendant plus d’un siècle. C’est encore ce qui est attendu de…

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